Se former en mixant le numérique et le présentiel
Le nom un peu mystérieux de FMD ou formation mixte digitale désigne des formations en plein essor, qui associent des modules à distance, via des outils numériques, à de la formation classique par un formateur.
Selon le fonds de formation Vivéa, les formations mixtes digitales (FMD) ont triplé en trois ans parmi les formations qu’il finance. D’après une étude que la structure a réalisée en 2018 (1), 53 % des organismes de formation prévoient que les FMD représenteront plus de 20 % de leur offre d’ici cinq ans. Si la flexibilité est un atout important des FMD pour le monde agricole, au final, c’est surtout l’efficacité que les stagiaires mettent en avant. Toujours selon l’étude, 57 % d’entre eux recommanderaient « très certainement » une FMD à leur entourage professionnel.
1 DES PHASES COMPLÉMENTAIRES
Le principe des FMD est d’allier des phases de présence dans un lieu (présentiel) à des phases de formation à distance (distanciel) où le stagiaire est chez lui, derrière son ordinateur. À l’inscription, il reçoit un login et un mot de passe pour accéder aux contenus digitaux. Le distanciel est soit réparti à plusieurs moments de la formation, soit concentré au début ou à mi-parcours. « C’est une forme de pédagogie inversée : le cours à la maison et la mise en pratique avec le formateur », décrit Élise Bartoletti, coordinatrice formation à la chambre d’agriculture de Côte d’Or où les FMD représentent déjà 10 % de l’offre.
2 UN ACCÈS À L’INFORMATION SOUPLE
Selon Élise Bartoletti, « naviguer entre les différents modules est très intuitif. Dès l’inscription, des explications sont apportées. Un tutoriel est accessible en permanence. Le responsable de stage est joignable en cas de problème, par téléphone ou mail ». Selon l’étude Vivéa, 83 % des formés ne sont d’ailleurs pas freinés à l’inscription par la phase à distance. Seul obstacle, le cas d’un stagiaire situé en zone blanche qui nécessite de trouver une solution au cas par cas, par exemple un accès à un ordinateur dans le lieu de formation. La plateforme pédagogique est aussi accessible sur tablette et smartphone, même si la taille des écrans est moins confortable.
Chaque stagiaire s’organise à sa guise pour intégrer les modules de formation à distance. Le délai entre le distanciel et le présentiel est en général de dix à quinze jours. Pour Fabien Liagre, formateur chez Agroof/Icosystème, la FMD permet de résoudre le problème de l’hétérogénéité des stagiaires. « On met 7 à 8 heures de connexions pour donner les connaissances de base, chacun peut y aller à son rythme. »
3 UN CONTENU SPÉCIFIQUE ET ADAPTÉ
Selon Anne-Frédérique Jegouic, responsable innovation digitale chez Vivea, « la FMD peut s’appliquer à tout type de thèmes mais le contenu doit être entièrement repensé en fonction. Le temps et le niveau de difficulté estimé pour la phase de distanciel doivent être bien calibrés ». Les modules digitaux proposent une large part de vidéos dont la capacité à favoriser l’attention et la mémorisation est attestée par les pédagogues. Elles sont complétées par des exercices, questionnaires, quiz, ou encore des documents à lire. L’alternance des modules et le choix de vidéos courtes permettent de garder l’attention. Les FMD ont une durée moyenne de 19 heures avec 22 % en distanciel, soit entre 3 h 30 à 4 h 30, mais avec des fortes variations selon le thème de la formation.
Reste que le développement de ce type de formation est coûteux. La nécessité de mobiliser des ressources financières et humaines est le premier frein au développement des FMD pour 64 % des organismes de formation, révèle l’étude Vivéa. Agroof/Icosystème, spécialiste des formations à l’agroforesterie et conservation des sols, a ainsi investi 150 000 € pour mettre au point les 15 heures de sa première formation en ligne. « L’idée n’est pas de mettre en ligne des suites de vidéo YouTube », explique Fabien Liagre.
4 UN TUTORAT À DISTANCE GÉRÉ PAR LE FORMATEUR
Le formateur assure un encadrement y compris dans la phase à distance. « Il peut regarder les réponses aux questionnaires pour voir ce qui a été compris ou pas et revenir en présentiel s’il le faut », explique Élise Bartoletti. Si le formateur constate une absence de connexion, il peut contacter le stagiaire par mail, téléphone ou texto. « On peut suivre les stagiaires et échanger à distance. On se connaît déjà un peu quand on se voit pour la première fois. La formation en présentiel peut être davantage ciblée », considère Fabien Liagre.
5 UNE FORMATION EN SALLE PLUS INTENSE
Le présentiel distingue la FMD des formations toutes en ligne. Grâce au distanciel, « le présentiel devient plus interactif », souligne Anne-Frédérique Jegouic chez Vivéa. Les échanges entre stagiaires sont aussi plus riches. « Nous avons un retour sur une centaine de formations FMD, nous sommes quatre formateurs et nous avons tous le même constat : le présentiel est beaucoup plus efficace », estime Fabien Liagre chez Agroof/Icosystème. Un sentiment confirmé par l’étude Vivéa : 80 % des stagiaires disent que leur implication est plus forte grâce à l’introduction du distanciel. « Le stagiaire est acteur de sa formation », résume Élise Bartoletti.
Vivea encourage le développement des FMD
Vivéa favorise la prise en charge des FMD pour ses contributeurs. L’organisme assure une prise en charge formation annuelle maximale de 2000 euros par personne, en fonction de ses disponibilités financières. Rappelons que Vivea est le fonds de formation des chefs d’entreprise agricole, qui y contribue en moyenne à hauteur de 94 euros par an.
Vivéa met en avant les FMD dans sa stratégie depuis 2014 en apportant un soutien financier aux organismes de formation et en animant une communauté de professionnels de la FMD.
Pour l’instant, 17 % des organismes de formation ont proposé les deux tiers des formations FMD sur la période 2016-2018.
Toute formation permet au chef d’exploitation de pouvoir bénéficier du crédit d’impôt formation, calculé sur la base du Smic horaire dans la limite de 40 heures par an.
Des formations dont les thèmes se diversifient
L’an dernier, les formations liées aux productions végétales ont eu le vent en poupe chez les producteurs de grandes cultures. L’agriculture de conservation, la gestion des couverts et plus largement la préservation de la vie dans le sol y ont eu une bonne place. Autre thématique porteuse, la commercialisation et le marketing, qui laissent une large place à la mise en œuvre d’une diversification et à la vente en direct. Moins nombreuses qu’en 2017, les formations liées à l’approche globale de l’entreprise restent bien présentes. Elles tournent pour une bonne part autour de la gestion de projet et du développement personnel (prise de décision, adaptation aux changements…).