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ÉCOPHYTO
Réduction d’un tiers des phyto: c’est possible!

D’après une étude de l’Inra, une baisse de 20 à 30 % des pesticides est réalisable « sans bouleversement majeur des systèmes de production ».

Une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires de l’ordre de 30 à 40 % est possible, c’est considérable, et une forte diminution n’est pas antinomique avec le maintien du revenu des agriculteurs. » Le discours prononcé par Chantal Jouanno, secrétaire d’État chargée de l’Écologie, à l’issue de la journée de restitution de l’étude Écophyto R&D, l’atteste: les conclusions de cette expertise commandée à l’Inra voilà deux ans par les pouvoirs publics ont été entendues. Le but de ce travail était d’éclairer par une approche scientifique les possibilités de limitation de l’usage des phyto.

Selon cette expertise à la méthode inédite, combinant exploitation de publications scientifiques et recensement de connaissances à dire d’experts, diviser par deux l’utilisation des pesticides en France d’ici à 2018 sera « une tâche ardue ». Cet objectif phare du plan Écophyto impose en effet de modifier profondément les systèmes de production. En grandes cultures, une refonte des assolements et des rotations serait nécessaire, mais avec une détérioration de la productivité et des marges.

En revanche, « une baisse de l’ordre du tiers de l’utilisation des pesticides par rapport à 2006 serait atteignable avec des changements significatifs de pratiques, mais sans bouleversement majeur des systèmes de production ». Un basculement généralisé vers l’agriculture raisonnée serait insuffisant, mais nul besoin de convertir la France au bio: une réduction de 30 % pourrait être atteinte grâce à la généralisation de méthodes prophylactiques et alternatives à l’échelle de l’itinéraire technique d’une culture de la rotation, sans toucher à cette dernière. Dans cette éventualité, « en grandes cultures, les marges [des producteurs] seraient peu ou pas touchées avec les prix de 2006, mais une baisse de production de 6 % serait observée ».

LEVIERS POLITIQUES

« Ce travail met en évidence la cohérence du système actuel, basé sur l’utilisation de produits phytosanitaires, mais qui intègre des choses qui posent problème à la société, analyse Laurent Lapchin, responsable adjoint de l’étude. Ce système doit évoluer, mais il est impossible de le changer par petits bouts. » Des leviers politiques sont donc indispensables. Parmi les pistes suggérées par le rapport : la mise en place de mesures de taxation ou d’incitation, ainsi qu’une « organisation nouvelle pour l’acquisition et la diffusion de systèmes économes en pesticides ».

L’industrie des phytosanitaires et certains instituts techniques ont aussitôt souligné les limites de l’étude, comme l’unique année de référence, la validité de certaines hypothèses ou encore les risques de perte de compétitivité face aux concurrents étrangers.

Le rapport de l’étude est disponible depuis le site http://www.inra.fr/ecophytoRD

RÉACTIONS

Jean-Charles Bocquet, directeur général de l’Union des industries de la protection des plantes

« Attention à ne pas se tirer une balle dans le pied, en oubliant par exemple les conséquences d’une baisse de l’utilisation des produits phytosanitaires sur la qualité. L’objectif de réduction de 50 % n’est plus d’actualité, il faut avant tout poursuivre l’effort vers l’agriculture raisonnée. »

Philippe Mangin, président de Coop de France

« Avant de parler de diffusion des travaux, il faut entrer dans l’expérimentation. Des questions vont se poser immédiatement : quels débouchés ? Quelle organisation du travail ? Et taxer les phyto serait une double peine, qui irait encore plus loin vers une agriculture administrée. »

Jean-Claude Bévillard, France Nature Environnement

« On n’est plus au moment des interrogations, mais à celui de l’action. On a des moyens concrets, il faut les mettre en oeuvre tout de suite. Le système actuel nous a conduit à une crise énorme, est-ce à ce moment qu’il faut s’y accrocher encore plus ? »

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