Produits phytosanitaires : prévenir le risque chimique pour son salarié
La prévention des risques concerne n’importe quelle personne amenée à manipuler des produits phyto, mais quand c’est un salarié qui exécute cette tâche, la responsabilité de l’employeur est engagée.
La prévention des risques concerne n’importe quelle personne amenée à manipuler des produits phyto, mais quand c’est un salarié qui exécute cette tâche, la responsabilité de l’employeur est engagée.
La pulvérisation est une tâche délicate à plus d’un titre : elle est un outil de travail incontournable de l’agriculteur pour sécuriser sa production, mais elle implique de manipuler des produits présentant des risques à plusieurs niveaux.
Face à cela, les services de santé sécurité au travail de la MSA accompagnent les exploitants dans la mise en place des bonnes pratiques, que ce soit pour eux ou pour leurs salariés. « On observe une professionnalisation de cette tâche sur les exploitations depuis une vingtaine d’années », constate Édith Dumetz, conseillère en prévention des risques professionnels à la MSA Nord-Pas-de-Calais.
Le salarié doit avoir son Certiphyto
Le premier élément de base pour qu’un salarié puisse entrer dans le local phyto et effectuer des traitements est qu’il soit détenteur du Certiphyto « opérateur ». S’il s’agit d’un chef de culture amené à prendre des décisions techniques et à acheter des phytos, il devra être détenteur du Certiphyto « décideur ». Il est à renouveler tous les cinq ans. « Si le salarié a déjà son Certiphyto à son entrée dans l’entreprise, il faut se renseigner sur la date d’obtention pour veiller à ne pas manquer le recyclage au bout de cinq ans », précise Édith Dumetz.
Deuxième impératif pour qu’un salarié puisse utiliser les produits, il doit au préalable se soumettre à une visite médicale d’aptitude obligatoirement réalisée par un médecin du travail à sa prise de poste. Si l’aptitude médicale est validée, elle est valable pour une durée de quatre ans. Au bout de deux ans, le salarié devra toutefois être revu par un infirmier du travail. Pour donner son aptitude, le médecin doit être informé sur les produits que va utiliser le salarié.
Procéder à l’évaluation des risques
Troisième volet obligatoire : la réalisation du document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). Les employeurs peuvent se tourner gratuitement vers un conseiller prévention de la MSA pour être accompagnés. L’évaluation du risque chimique commence par un inventaire phytosanitaire : il s’agit d’établir la liste des noms commerciaux des produits et de leur quantité utilisés sur l’exploitation sur une année. « Nous disposons d’un logiciel en ligne, Seirich, et d’un site qui répertorie toutes les fiches de données de sécurité des produits chimiques (quickfds.com/fr), décrit la conseillère. On peut s’appuyer sur une base de données complète pour accompagner un exploitant ou un groupe d’exploitants dans l’identification des risques chimiques. »
Des actions concrètes pour prévenir le risque
Le logiciel permet de hiérarchiser les risques, et notamment de faire le point sur les produits cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR). Cela permet aussi de voir quelles actions concrètes mettre en œuvre pour réduire les situations dangereuses. Concernant la prévention du risque chimique, cela commence par étudier les possibilités de substitution pour les produits les plus dangereux. « Si lors de l’évaluation des risques, on s’aperçoit par exemple qu’un produit utilisé sur l’exploitation est à la fois CMR, dangereux pour l’environnement et inflammable, cela peut être l’occasion pour l’exploitant d’étudier les possibilités de substitution », avance la conseillère. Pour les situations à risque qui ne pourront pas être évitées lors des préparations et des traitements, le port d’un équipement de protection individuelle (EPI) est obligatoire.
Assurer les bonnes conditions de sécurité pour son salarié
Pour porter tous ces éléments à la connaissance du salarié, le former au fonctionnement de l’exploitation à son arrivée est indispensable. L’employeur doit l’informer sur le processus de sécurité à respecter, le fonctionnement du local phyto, le type de matériels, l’emplacement des EPI… Ces derniers doivent être à disposition du salarié et en bon état. L’opérateur doit également avoir accès à un point d’eau lors de la préparation de la bouillie ainsi qu’à une douche pour se laver à l’issue des traitements.
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Enfin, un suivi de l’état de santé du salarié doit être mis en place en le demandant au service santé travail et en indiquant les produits chimiques manipulés. « Ce suivi pourra être réalisé en notant au fur et à mesure dans le cahier de suivi des cultures qui a appliqué les produits et à quel moment », conseille Édith Dumetz.
Un numéro vert pour signaler des symptômes
Des maux de tête, des nausées, des irritations qui surviennent après un traitement ? Vous pouvez contacter Phyt’attitude au 0800 887 877 pour signaler ces symptômes. Le numéro figure sur tous les bidons de produits phyto. Il permet d’effectuer une surveillance de la toxicité des produits et de faire des remontées anonymisées aux fabricants de produits et aux pouvoirs publics afin de faire évoluer les pratiques.