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Matière organique : faire un bilan humique pour connaître son statut dans le sol

Élaboré ou simplifié, le bilan humique apporte un éclairage sur l’état organique de son sol, s’il doit être amélioré ou simplement entretenu. L’impact des pratiques agricoles est mesuré avec cette méthode.

lombric dans un prélèvement de sol à la bêche sur parcelle menée en non labour et en agriculture biologique dans l'Yonne en hiver
Un bon taux de matière organique génère une vie biologique du sol active.
© Christian Gloria

La matière organique est-elle en quantité suffisante pour faire fonctionner son sol ? La réalisation d’un bilan humique répond à cette question primordiale. « Même si le paramètre le plus important reste d’avoir une bonne organisation physique du sol, c’est une information dont l’utilité est plus grande que celle des teneurs en éléments minéraux et pH du sol qui se corrigent facilement », considère Matthieu Archambeaud, agronome et fondateur du centre de formation Icosystème. Une analyse de sol mesure le taux de matière organique (MO). On ne peut rien faire de cette simple information, d’où l’importance d’établir avec un bilan humique un état des lieux du système de culture et de sa dynamique de MO.

La structure Agro-Transfert RT a développé Simeos-AMG, un outil de simulation de l’état organique des sols, disponible en ligne depuis 2012. L’outil élabore un bilan humique sur la base de nombreux paramètres. Il est repris par divers conseillers agricoles pour leurs préconisations ou dans le cadre de formations. Il peut être également utilisé en direct par les agriculteurs.

« L’outil calcule les apports annuels de carbone au sol et estime les pertes, selon les données saisies au préalable sur les pratiques agricoles, les cultures, le sol et le climat, présente Jean-Christophe Mouny, chargé d’études à Agro-Transfert. On peut tester l’impact de nouvelles pratiques sur l’amélioration de l’état organique du sol. Plusieurs scénarios peuvent être créés et comparés selon leurs effets sur l’évolution du stock de carbone du sol. » Quels sont l’impact des produits organiques apportés, des couverts végétaux, des cultures de sa rotation selon que l’on exporte les pailles ou pas ?… L’outil répond à ces questions avec une soixantaine de cultures référencées et autant en couverts végétaux (espèces et mélanges) ainsi qu’une trentaine de produits organiques…

Aider l’agriculteur à aller vers des systèmes bons pour les sols

Même si les simulations montrent une évolution de MO qui ne peut être que lente sur le long terme, il n’y a pas besoin d’une grande différence pour améliorer notablement le fonctionnement de son sol ou de sa structure. « Le peu de matière organique en plus en surface peut faire la différence sur la sensibilité à la battance et à l’érosion », évoque Annie Duparque, chargée de mission à Agro-Transfert. La spécialiste cite le cas de deux parcelles côte à côte, au sol limoneux. L’une montrait une croûte de battance, l’autre non alors que la différence n’était que de 0,6 % entre les deux en taux de MO.

Matthieu Archambeaud utilise l’outil Simeos-AMG dans ses formations. « C’est un modèle crédible qui fait consensus en France. Faire un bilan humique est un point de départ pour savoir où on en est et pour aider l’agriculteur à aller vers des systèmes plus vertueux pour le sol. Dans le cadre d’accompagnement d’agriculteurs, on commence la formation avec un bilan humique chez eux en toute autonomie, pour voir notamment si le système de culture consomme davantage de matière organique qu’il n’en apporte. Ensuite, nous les aidons sur le choix de nouvelles cultures, de couverts végétaux adaptés, de réduction du travail du sol »

Toutefois, ce spécialiste de l’agriculture de conservation des sols met en lumière certaines limites de Simeos AMG : « il ne prend pas en compte le maintien de conditions humides lié à l’irrigation ou la suroxygénation du sol par un travail du sol qui influent négativement sur l’évolution de la matière organique ».

Faire du bilan humique un outil d’aide à la décision fonctionnel

Des experts proposent des bilans humiques simplifiés reprenant les bases de l’outil Simeos ou d’autres solutions. « Le bilan humique classique est assez compliqué à mettre en œuvre. Peu de gens l’utilisent, observe Sébastien Roumégous, spécialiste des sols et de la transition agroécologique, fondateur et dirigeant de Biosphères. Mais la méthode donne malgré tout une tendance. Je l’ai simplifiée pour en faire un outil d’aide à la décision fonctionnel, fiable, avec un résultat disponible en dix minutes à l’aide d’une calculette ! »

L’expert part du principe que l’on nourrit le sol en matière sèche (MS) provenant des cultures, des couverts, des apports et que le taux de MO est corrélé à cette quantité de MS qui fabrique de l’humus. La quantité de MS produite (aérienne et racinaire) est estimée en fonction du type de plante et de la densité de végétation. Les amendements organiques sont ramenés également à leur quantité de MS apportée. « Cela permet avec une simple calculatrice de connaître la quantité de carbone ramenée dans le système. Dans la simplification, je perds de l’information. Il y a une marge d’erreur de l’ordre de 20 %, reconnaît Sébastien Roumégous, mais cela permet de voir si l’on est dans la bonne ou la mauvaise direction. »

 

 
Battance dans un champ de betterave. Culture de betteraves en sol limoneux battant. Les orages violents déstructurent les sols et emmenent les limons. Sol sec et fissuré ...
Un faible taux de matière organique favorise la battance sur les sols limoneux. © V. Marmuse
 

 

Une version boostée de Simeos-AMG à l’automne

« L’outil Simeos-AMG va changer de technologie à l’automne prochain pour une nouvelle version beaucoup plus rapide en calculs », promet Jean-Christophe Mouny, Agro-Transfert. L’outil apportera une meilleure personnalisation des scénarios des cas d’agriculteurs, notamment sur l’utilisation des produits organiques et de leur impact sur l’évolution du taux de MO. La simulation d’évolution de la MO pourra porter sur la partie superficielle du sol et sur la partie plus en profondeur, séparément. De nouvelles analyses de terre pourront être saisies telles que des mesures thermiques Rock-Eval.

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