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Photovoltaïque sur bâtiment agricole : nos 9 conseils pour bien investir

Les panneaux photovoltaïques sur toitures agricoles se démocratisent.  Pourtant, une réflexion approfondie en amont du projet reste nécessaire. Focus sur les aspects techniques, les pièges à éviter, les conséquences juridiques et fiscales…

L'installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures des bâtiments agricoles se démocratise.
L'installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures des bâtiments agricoles se démocratise.
© Apepha

Les motivations des agriculteurs à investir dans le photovoltaïque sur toitures ne manquent pas : « Contribuer à financer un bâtiment », « apporter un complément de retraite », « désamianter ». Pour autant, mieux vaut éviter de se précipiter sans avoir raisonné son projet dans sa globalité.

Bâtiments : avoir le réflexe « photovoltaïque »

Que ce soit pour stocker du matériel ou des céréales, investir dans un bâtiment, neuf ou ancien, rime aujourd’hui avec photovoltaïque. « Le premier conseil à donner, c’est qu’on ne parle plus de toiture, en rénovation ou en création, sans se poser la question de mettre des panneaux photovoltaïques dessus », insiste Sylvain Deseau, conseiller agroéquipements à la chambre d’agriculture du Loiret, qui a élaboré un guide de conseils pour les projets photovoltaïques agricoles.

Pour autant, gare aux raccourcis comme quoi « l’installation de panneaux solaires sur une toiture va payer intégralement la construction d’un bâtiment neuf », pointe le conseiller. D’où l’importance d’une approche globale économique, parallèlement à une étude technique.

Bien définir son projet : à quoi va servir le bâtiment ?

Le solaire photovoltaïque représente une opportunité pour les agriculteurs, mais aussi pour de nombreuses sociétés qui n’hésitent pas à démarcher, parfois de manière intensive, les exploitants agricoles.

L’idée d’investir doit donc être mûrement réfléchie, pour éviter de se laisser séduire par la construction d’un nouveau bâtiment sans en avoir défini la finalité. « Avant de se lancer, il faut vérifier que le besoin de l’exploitant est bien réel », prévient Basile Joubert, conseiller de gestion chez Cerfrance Centre-Val de Loire.

« Il peut être nécessaire de redéfinir les enjeux et objectifs. On ne construit pas un bâtiment pour la centrale photovoltaïque, mais pour son utilisation », poursuit-il.

Mieux vaut donc éviter de se précipiter. « Il faut voir si l’augmentation des coûts des matériaux et l’évolution des taux d’intérêt bancaires sont compensées par les tarifs d’achat d’électricité », conseille Basile Joubert.

Si la construction d’un bâtiment équipé d’une centrale solaire s’avère nécessaire sur l’exploitation agricole, mais que les capacités d’investissement ne sont pas suffisantes, mieux vaut faire preuve de vigilance face à certaines offres qui peuvent paraître alléchantes.

Vigilance face aux « bâtiments gratuits »

Les « bâtiments gratuits » font référence à la location, par un tiers investisseur, d’une parcelle via un bail longue durée. La société commerciale y construit un bâtiment équipé de panneaux photovoltaïques et en est donc propriétaire.

De son côté, l’agriculteur utilise le bâtiment. Les bénéfices tirés de la vente d’électricité sont reversés à la société qui investit. À la fin du bail, cette dernière cède gratuitement le bâtiment à l’exploitant agricole. Si ces formules peuvent être séduisantes sur le papier, elles doivent faire l’objet d’une « grande vigilance », en raison d’un « risque d’arnaque », d’après Sylvain Deseau, qui conseille de se tourner vers « une société qui a des références ».

Appréhender le fonctionnement d’une centrale solaire

Silicium cristallin, onduleurs, système d’intégration, watt crête… pour parler le langage photovoltaïque et bien comprendre le fonctionnement d’une centrale, il peut être judicieux de se former.

« À la chambre d’agriculture, nous organisons des formations pour bien appréhender un projet solaire sur toiture, comprendre comment ça marche, les points techniques, juridiques et fiscaux, la notion de rentabilité. Ça peut permettre de comprendre un devis », suggère Sylvain Deseau.

Bien choisir son installateur

Faire venir plusieurs installateurs est un choix judicieux, mais la comparaison des devis peut être un vrai casse-tête. « Il est très difficile de comparer deux devis d’installateurs. Sur le prévisionnel, les index et les taux d’inflation peuvent être intégrés de manière différente », soulève Basile Joubert. Le choix de l’installateur est également scruté par les financeurs.

« On s’attache à regarder la qualité de l’installateur, la garantie de bon fonctionnement, la maintenance. Le référencement RGE (reconnu garant de l’environnement) est également l’un des critères », précise Denis Mulet, expert en énergies renouvelables pour le groupe Crédit mutuel et le CIC, avant d’ajouter : « on voit naître de nouveaux installateurs qui viennent de commencer leur activité, pour lesquels on a peu de recul sur la qualité des installations qu’ils proposent et sur la pérennité de la maintenance dans le temps ».

Optimiser son investissement grâce à une bonne productivité

La notion de productible est intégrée au business plan, lui-même vérifié par les banques. Le productible dépend de l’inclinaison, de l’orientation ou encore de la région dans laquelle se situe le bâtiment. « L’installateur doit faire en sorte de limiter au maximum les pertes d’énergie sur le circuit », explique Sylvain Deseau.

Si les conditions optimales de production d’électricité ne sont pas toujours atteintes, un coefficient correcteur est appliqué pour déterminer la capacité réelle de production électrique de la centrale. « Les panneaux sont de plus en plus performants, rassure le conseiller. Aujourd’hui, une installation exposée sud-est ou sud-ouest produit autant que les premières installations exposées plein sud. »

Ne pas sous-estimer le raccordement au réseau électrique

Dans le cadre du business plan, il est nécessaire de prendre en considération les frais de raccordement au réseau public, qui sont à la charge de l’agriculteur et mentionnés sur un devis à part. Ils peuvent être très variables en fonction du linéaire à prévoir, des éventuelles routes à traverser…

Selon la situation, ils peuvent même remettre en cause la viabilité de l’investissement. « La capacité à se raccorder au réseau est un enjeu de plus en plus fort, insiste Basile Joubert. Nous conseillons de faire la demande de raccordement relativement tôt. »

Anticiper l’impact du projet au niveau juridique et fiscal

Les questions liées à la structuration juridique et fiscale du projet sont à traiter en parallèle. Qui finance la centrale ? Et la construction ? « L’un des enjeux est patrimonial : quel est le devenir du bâtiment ? Au niveau juridique, il faut se demander : qui détient le sol et le bâtiment aujourd’hui ? Et demain ? Il y a souvent des cas particuliers et on ne peut pas apporter de réponse toute faite », met en évidence Basile Joubert.

De même, au niveau fiscal, « la centrale peut être dissociée de l’activité agricole, ou non. Il y a beaucoup de possibilités », poursuit-il. « Souvent en agriculture, le propriétaire du terrain n’est pas le même que le propriétaire du bâtiment », complète Denis Mulet. Selon les situations, il sera nécessaire de mettre en place les baux adaptés : bail à construction ou emphytéotique. « Le montage juridique doit être solide car la durée de financement est longue », conclut-il.

Ne pas négliger le volet assurantiel

L’installation doit être assurée au plus tard au moment de la mise en service. Il faut néanmoins s’en préoccuper dès le début du projet. « L’enjeu est d’anticiper les risques, principalement les incendies qui peuvent survenir au niveau de l’unité technique », avance Olivier Pardessus, responsable offres et services agricoles chez Groupama.

Il y a des points de vigilance à avoir dans l’agencement du bâtiment qui accueille les panneaux pour éviter la propagation d’un départ de feu, par exemple la trop grande proximité avec un autre bâtiment ou la présence d’un stock de fourrage. Il conseille de faire passer un préventeur pendant la phase d’élaboration du bâtiment pour éviter les déconvenues et « garantir un contrat d’assurance adapté au projet et le mieux disant en termes de couverture du risque ».

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