Aller au contenu principal

Moissonneuses-batteuses : les cinq secoueurs surclassent les six

À chaque renouvellement de gamme de moissonneuses-batteuses, les constructeurs annoncent des améliorations de performances. Ces évolutions permettent notamment à certaines cinq secoueurs de débiter autant que des six secoueurs d’ancienne génération.

Des gains de débit de 15 à 25 % sont généralement annoncés par les constructeurs lors de la sortie de nouvelles moissonneuses-batteuses. L’utilisateur d’une six secoueurs d’ancienne conception peut alors se poser la question, lors du renouvellement, d’investir à la place dans une cinq secoueurs de dernière génération aux performances désormais comparables. « Au sein d’une marque, la différence de débit entre une cinq et une six secoueurs de la même gamme oscille généralement entre 15 et 17 %. Si les évolutions apportées sur les nouvelles machines permettent de dépasser ces valeurs, les nouvelles cinq secoueurs feront aussi bien, voire mieux que les anciennes six », remarque Kévin Étienne, responsable récolte secteur Centre Est chez John Deere. Le raisonnement n’est pas nouveau et présente un intérêt économique en raison du coût d’acquisition inférieur, voire équivalent en cas de grosses évolutions. Il permet notamment de garder le même coût d’utilisation par hectare. De surcroît, une cinq secoueurs affiche 15 à 20 cm de moins en largeur, ce qui facilite les déplacements routiers. Le plus faible gabarit autorise aussi, sur certaines machines, la monte de pneumatiques mesurant jusqu’à 800 mm de large ou de trains de chenilles plus larges, tout en restant en dessous des 3,50 mètres de largeur hors tout. Ainsi, le respect du sol est amélioré et la circulation sur route s’effectue sans voiture pilote. « Claas annonçait déjà, au milieu des années 90, qu’avec l’adoption de l’accélérateur de préséparation APS devant le batteur, les Dominator 108 et 118 à six secoueurs pouvaient être changées par les Mega 203 et 204 à cinq secoueurs. Cette réflexion revient au goût du jour avec le lancement des Lexion 5000. Le modèle 5300 est, en effet, capable de remplacer une Lexion 650 », souligne Thibaud Lefebvre, chef produit moissonneuses-batteuses Claas. « Chez New Holland, l’argument a été développé au début des années 2000 avec l’arrivée des CX, dont la plus performante des cinq secoueurs était annoncée équivalente aux précédentes TX à six secoueurs. Il est réapparu lors de la sortie des cinq secoueurs CX 7 à plus gros batteur et séparateur rotatif que les six secoueurs CX 6 », précise Aurélien Pichard, responsable produit moissonneuses-batteuses New Holland.

Des surfaces de séparation active en nette hausse

John Deere s’attache, depuis la sortie en 2007 des séries T, à prouver que ces modèles cinq secoueurs font aussi bien, voire mieux, que des six secoueurs d’ancienne génération et parfois même que des hybrides ou des machines à rotor. Confiante de sa solution, la marque américaine met d’ailleurs ses séries T au défi dans les champs et annonce verser la somme de 10 000 € aux clients participants qui, en récolte de blé, font mieux avec une machine comparable de marque concurrente. La montée en performances des moissonneuses-batteuses conventionnelles est principalement à mettre au crédit de l’évolution de la surface de séparation active. Par exemple, sur les cinq secoueurs Claas, cette valeur est passée de 1,44 mètre carré sur les Lexion 620 et 630, à 2,61 mètres carrés sur les Lexion 5000, grâce à l’adoption d’un batteur de 755 mm de diamètre (600 mm auparavant) désormais suivi d’un séparateur rotatif de 600 mm. La firme allemande s’appuie sur cette grosse évolution technique pour avancer 25 % de débit supplémentaire. Dans la gamme New Holland, les CX5 et CX6 logent un batteur de 606 mm et un séparateur rotatif de 590 mm de diamètre, tandis que, sur les CX7 et CX8, ces organes mesurent respectivement 750 et 720 mm. Cette différence de dimension se traduit par un faible écart de surface de séparation active entre les six secoueurs CX6.80 et 6.90 (2,38 m2) et les cinq secoueurs CX7.80 et CX7.90 (2,11 m2).

Des caissons de nettoyage performants

De son côté, John Deere a, en 2015, porté à 3,3 mètres carrés la surface de séparation active des cinq secoueurs T550 et T560, avec l’objectif de gagner 20 % de capacité, par rapport aux précédents modèles de la série T. Pas moins de 6 000 nouvelles pièces ont été intégrées et l’évolution la plus importante concerne le cheminement de la récolte au niveau du séparateur rotatif : le flux passe au-dessus et non plus en dessous, afin d’éviter de briser la paille, source d’encombrement des grilles, donc de pertes. Toutes ces évolutions permettent aux cinq secoueurs de travailler avec des coupes de largeurs comparables à celle des anciennes six secoueurs. « Le système de nettoyage n’est pas limitant sur une cinq secoueurs, car, comme la paille est davantage préservée, les grilles ne sont pas surchargées en menues-pailles », indique Kévin Étienne. Leur caisson de nettoyage est souvent hérité des machines des gammes supérieures conçues pour travailler avec des coupes de grande largeur. Ainsi, chez New Holland, les CX7.80 et CX 7.90 partagent leur système de nettoyage avec la CR, à la seule différence qu’elles ne possèdent qu’un seul retour à ôtons. Les moissonneuses-batteuses T550 et T560 de John Deere disposent, elles, du caisson de la machine à rotor S790 attelant une coupe de 10 à 12 mètres d’envergure. Chez Claas, les Lexion 5000 adoptent le système de nettoyage des hybrides de la série 7000.

La puissance moteur non limitante

La puissance n’est généralement pas limitante sur les conventionnelles, car ces machines trouvent d’abord leurs limites aux secoueurs. « Les non conventionnelles, hybrides ou à rotor, se conduisent généralement en fonction de la charge moteur. Avec les modèles à secoueurs, il faut en revanche travailler en fonction des données de l’indicateur de performances (pertes). De plus, ces moissonneuses-batteuses récoltent souvent sans broyeur de paille, ce qui limite la consommation de puissance », note Kévin Étienne. « En 2019, grosse année à paille, les dispositifs de télémétrie embarqués sur nos moissonneuses-batteuses nous ont permis de constater que la charge moyenne du moteur se situe entre 60 et 70 %. C’est-à-dire que pour un modèle de 400 chevaux, seuls 240 à 280 chevaux sont exploités en permanence », remarque Thibaud Lefebvre. La nouvelle cinq secoueurs peut toutefois embarquer un moteur équivalent à celui de l’ancienne six secoueurs, lorsqu’elle reçoit une coupe et une trémie de tailles comparables. La puissance est, par ailleurs, à raisonner en fonction des régions, des récoltes battues et des spécificités d’utilisation. Elle doit par exemple être supérieure dans les zones à coteaux, en présence d’un pont arrière moteur et en cas de broyage de pailles vertes et d’animation d’un large cueilleur à maïs. Il faut aussi de la réserve si l’utilisateur vidange en roulant, car cette opération consomme 40 à 50 chevaux à l’engagement de la vis.

 

 

Clément Batigne, agriculteur et entrepreneur de travaux agricoles à Castelnaudary (Aude)

« La cinq secoueurs a remplacé une hybride et une six secoueurs »

« La décision d’investir dans une seule moissonneuse-batteuse John Deere T560i pour remplacer deux machines, une hybride de 2008 et une six secoueurs de plus de 25 ans, a été motivée par le manque de main-d’œuvre disponible dans le Gaec. Avec mon père Bernard et mon frère Benjamin, nous devions auparavant assurer la conduite des deux batteuses et la livraison de la récolte avec nos deux camions porte-caissons. Le rythme était difficile à tenir, car, en plus de nos 200 hectares de cultures (blé, tournesol, soja et sorgho), nous produisons des melons, des asperges et des oignons, disposons de 15 hectares de vigne et d’un atelier d’engraissement de 4 000 agneaux par an. En réduisant de 100 hectares la surface récoltée en ETA, soit approximativement l’activité de la six secoueurs, nous sommes descendus à 600 hectares par an, de quoi occuper une seule moissonneuse-batteuse, donc un seul chauffeur. Lors du renouvellement, le choix s’est porté sur une machine à secoueurs, afin de préserver la paille pour les élevages, car l’hybride la brisait trop dans notre région où la température frôle les 40 degrés l’été. Entre la six secoueurs de marque concurrente et la cinq secoueurs John Deere aux performances annoncées équivalentes par la concession Agrivision, la seconde l’a emporté par le tarif. Notre T560i a réalisé sa première récolte en 2019. Les conditions exceptionnellement sèches et l’absence de précipitation durant la récolte ont facilité le travail. Cette machine de 380 chevaux s’est aussi bien défendu que l’hybride de puissance équivalente. Avec la coupe de 6,70 mètres (6,60 m sur l’hybride), nous roulions à la même allure de 5,5 à 6 km/h dans des blés à 50-55 quintaux, la moyenne dans la région de Castelnaudary. Nous pensons que, par expérience, les années avec davantage d’humidité, nous pourrions être contraints d’attaquer plus tard le matin et de terminer plus tôt le soir avec cette machine à secoueurs, contrairement à la double rotor. »

 

 

 

Franck et Alexandre Chicot, agriculteurs à Saint-Rémy-sur-Creuse (Vienne)

« Une cinq secoueurs pour préserver le coût de revient »

« Nous renouvelons notre moissonneuse-batteuse tous les huit ans et, cette campagne, pour remplacer notre Lexion 670 Terra Trac (TT), nous avons opté pour une Lexion 5500 TT. Nous passons ainsi d’une six secoueurs à une cinq pour récolter nos 600 hectares de céréales. Les évolutions techniques apportées, notamment l’ajout d’un séparateur rotatif derrière le batteur, permettent d’obtenir le même débit de chantier qu’avec la six secoueurs d’ancienne génération. La puissance moteur est certes légèrement plus faible avec 408 chevaux contre 435 chevaux sur la précédente, mais elle est largement suffisante pour entraîner le cueilleur à maïs de six rangs. La trémie affiche la même capacité de 11 000 litres, ce qui est important au battage du maïs grain dans nos parcelles mesurant jusqu’à un kilomètre de long. Le gabarit routier demeure inférieur à 3,50 mètres, mais nous profitons de chenilles plus larges : 735 mm sur la Lexion 5500 TT, contre 635 mm sur la Lexion 670 TT. Notre nouvelle machine affiche donc des performances identiques, voire supérieures sur certains points comme le respect des sols. Elle présente le grand intérêt, sur le plan économique, de garder les mêmes échéances annuelles de remboursement, afin de maintenir le même coût de revient par hectare. »

Les plus lus

Remplissage du réservoir d'un engin agricole de GNR
Comment évolue le prix du GNR ?

Le prix du gazole non routier pèse sur le compte d’exploitation des agriculteurs qui en ont besoin pour alimenter leurs engins…

Deutz-Fahr, tractoriste le plus apprécié des concessionnaires européens

Pour l'année 2024, selon les résultats de l'enquête du Climmar, Deutz-Fahr se positionne comme la marque la plus appréciée des…

Les tracteurs de l'année 2025 dévoilés à l'Eima

Les tracteurs de l'année 2025 viennent d'être dévoilés. Voici les lauréats. 

 

Remplissage du réservoir d'AdBlue d'un tracteur
Comment évolue le prix de l'AdBlue ?

Au coût du carburant qui pèse sur le compte d’exploitation des agriculteurs, s’ajoute l’AdBlue nécessaire dans tous les…

<em class="placeholder">Ramasseur de pierres derrière quad Stoneless au champ</em>
Stoneless - Ramasser les pierres n’est plus une corvée avec le quad

Une petite entreprise danoise propose un ramasseur remorqué derrière un quad.

<em class="placeholder">Charrue monoroue Lemken Diamant 18 derrière tracteur John Deere </em>
Lemken - Une charrue monoroue pour tracteurs jusqu’à 650 chevaux

La nouvelle charrue monoroue Diamant 18 joue la carte de la robustesse.

Publicité