[Maladie] Combattre la cercosporiose, principale maladie foliaire de la betterave
Sur betterave sucrière, la cercosporiose est la maladie majeure du feuillage. Entre variétés tolérantes et fongicides, des moyens efficaces existent pour la contrôler.
Sur betterave sucrière, la cercosporiose est la maladie majeure du feuillage. Entre variétés tolérantes et fongicides, des moyens efficaces existent pour la contrôler.
Description : reconnaître les symptômes de la cercosporiose
De fin juin à juillet, de petites taches grises arrondies de quelques millimètres de diamètre entourées d’un liseré net brun foncé à rougeâtre sont la marque de la cercosporiose. Ces symptômes apparaissent sur la face supérieure des feuilles extérieures du bouquet foliaire. À la loupe, on pourra remarquer de petites granulations noires au centre de la tache, qui ne sont autres que les organes producteurs de spores (conidiophores) du pathogène Cercospora beticola.
Ces taches nécrotiques se multiplient et finissent par fusionner en cas de conditions favorables à la maladie, ce qui entraîne le jaunissement généralisé de la feuille puis son desséchement pour ressembler à une feuille séchée de tabac. La maladie provoque également l’allongement du collet et atteint les feuilles intérieures du bouquet dans sa progression. Sur les parcelles fortement touchées, la mortalité des feuilles donne un aspect de champ brûlé. La destruction du bouquet foliaire induit une repousse de nouvelles feuilles.
Comment combattre la cercosporiose de la betterave
Variétés : plusieurs variétés de betteraves présentent une résistance partielle à la cercosporiose d’un niveau assez élevé. C’est le cas de Jellera KWS, Castor, Competita KWS, BTS2045, Raison, Novalina, FD Volley, Giselina KWS… parmi les variétés résistantes à la rhizomanie, ainsi que BTS2660N et Myrtille parmi les doubles tolérantes rhizomanie-nématode. Leur utilisation est conseillée dans les zones à risques et dans les situations où sont prévues des récoltes tardives. Ces variétés permettent d’alléger les programmes fongicides.
Agronomie : les résidus de récolte doivent être détruits et enfouis profondément si possible. Ils constituent le réservoir d’inoculum principal du pathogène. L’allongement des rotations contribue à réduire les risques d’infestations.
Chimie : plusieurs fongicides sont homologués contre la cercosporiose, composés de triazoles et d’autres molécules pour certains. L’ITB recommande des produits comme Spyrale, Timbal EW, Passerelle… L’ajout de cuivre (sous réserve de dérogation obtenue) améliore l’efficacité des fongicides. L’ITB conseille un traitement dès l’apparition des premiers symptômes de cercosporiose. Un deuxième traitement sera nécessaire à 20 % de feuilles avec symptômes, et un troisième à 25 % de feuilles atteintes. Mais l’apparition d’autres maladies du feuillage sur betteraves peut nécessiter des traitements anticipés par rapport au risque cercosporiose. Sur le site web de l’ITB, l’outil Alertes maladies permet de visualiser sur son territoire la progression des maladies foliaires.
Cinq points clés sur la cercosporiose
Ne pas confondre avec la ramulariose ou la bactériose à Pseudomonas. Ces pathogènes provoquent des taches grises comme la cercosporiose mais sans granulation noire au centre.
Un peu moins de la moitié des betteraves sont concernées par la cercosporiose, qui a tendance à s’étendre. L’Alsace, le Sud Champagne, l’Île-de-France et le Centre sont les régions les plus touchées.
Des pertes jusqu’à 50 % du rendement peuvent être atteintes, en cas d’absence de lutte. S’ajoute à cet impact, une diminution de la richesse en sucre de 5 à 10 %.
La résistance aux strobilurines (fongicide) de la cercosporiose est généralisée sur le territoire français et se traduit par une baisse d’efficacité des produits concernés.
Plus l’attaque de cercosporiose est précoce, plus l’incidence sera élevée. La maladie trouve des conditions optimales avec une température comprise entre 27 °C et 32 °C et une humidité relative à la surface des feuilles supérieures à 90 % pendant 5 à 8 heures, ce qui peut être favorisé par une irrigation. Mais le processus d’infection débute quand les températures dépassent 15 °C et l’hygrométrie 60 %.