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Main-d’œuvre agricole : savoir se vendre en tant qu’employeur

La difficulté à attirer des candidats vers l’agriculture oblige les exploitants qui souhaitent recruter à réfléchir à leur stratégie pour mettre en avant les atouts des postes qu’ils proposent.

<em class="placeholder">Poignée de main entre agriculteurs, en extérieur devant un téléscopique</em>
Au-delà des compétences, la dimension humaine est primordiale pour réussir une embauche. L'entretien est une étape essentielle pour juger de la compatibilité entre les attentes de l'exploitant et celles du salarié.
© C. Baudart

« Pourquoi une personne aurait-elle envie de venir travailler chez moi ? » D’après Laurence Stephan, déléguée régionale Grand Est de l’Apecita, c’est une question importante à se poser lorsque l’on souhaite recruter. D’après l’enquête FNSEA/Ifop 2022, un tiers des exploitants agricoles interrogés déclarent rencontrer des difficultés de recrutement. Pour recevoir un maximum de CV et recruter la bonne personne, l’employeur doit, aujourd’hui, lui aussi savoir se vendre ! « À poste égal, l’enjeu est de se démarquer, assure la responsable. Il faut s’interroger sur les atouts de son exploitation et les mettre en avant. »

Dans le jargon du recrutement, il s’agit de « travailler sa marque employeur ». Dans l’offre d’emploi, mais aussi au moment de l’entretien d’embauche avec les candidats, « il faut sortir de sa réserve et montrer en quoi va consister le travail, en jouant la carte de l’authenticité », assure Géry Bertrande, cofondateur de la société « Je viens bosser chez vous », qui assure la promotion des métiers à toutes les échelles de l’entreprise et dans tous les secteurs d’activité via des vidéos en immersion. Il faut toutefois veiller à rester juste par rapport à la réalité de l’entreprise. « Attention à ne pas vendre du rêve, souligne Laurence Stephan, on peut mettre en avant ses atouts sans en faire trop. »

Anticiper son besoin pour trouver la bonne personne

Malgré les difficultés des exploitations agricoles à recruter, les formations en la matière peinent à faire le plein. C’est ce que constate Caroline Bonczyk, juriste en charge des questions d’emploi à la FDSEA du Pas-de-Calais. Il est pourtant important de ne pas rester seul avec sa problématique de recrutement.

Trouver le bon candidat passe, dans un premier temps, par l’anticipation de son besoin. « En s’y prenant à la dernière minute, le risque est de se retrouver à embaucher le premier venu, même si son profil ne correspond pas au besoin », prévient Margaux Gandarillas, chargée de mission Emploi des FDSEA 59-62. Le recrutement est un processus qui peut parfois prendre du temps, mais cela vaut le coup, surtout lorsqu’il s’agit de recruter un salarié permanent.

Rédiger une offre d’emploi détaillée

Même si le recrutement peut aboutir grâce au bouche-à-oreille, il est important de rédiger une offre d’emploi pour espérer recevoir le plus de candidatures possibles et faire un choix éclairé. C’est l’occasion de détailler les missions que l’on va confier au salarié et les compétences recherchées. « Une offre détaillée, où l’on décrit le poste, mais aussi l’exploitation de manière plus large, permet à des candidats potentiels de se projeter », avance Caroline Bonczyk. Les exploitations agricoles ont des atouts à faire valoir : diversité des missions, autonomie dans les tâches, possibilité de prendre des responsabilités, travail concret porteur de sens… Il est aussi possible de mettre en avant les conditions de travail comme l’aménagement des horaires en fonction de la charge de travail, la présence d’un espace dédié pour les salariés, ou des avantages concrets tels que des titres-restaurant, une mutuelle ou encore de l’épargne salariale. « Ces produits commencent à se développer pour les exploitations agricoles », précise Caroline Bonczyk. Il ne faut pas non plus avoir peur de préciser la rémunération, quitte à mettre une fourchette pour s’adapter à l’expérience de chacun.

De son côté, Géry Bertrande souligne l’importance d’incarner l’offre d’emploi, en mettant en avant la dimension humaine, car « réussir un recrutement, c’est aussi trouver une connexion et un point d’accroche avec une personne ».

L’entretien, un temps dédié au candidat

Après avoir trié les CV, place à l’entretien, étape cruciale du processus de recrutement. « Lorsqu’on commence à recevoir les premiers CV, il faut être réactif et ne pas attendre pour commencer à proposer des entretiens », conseille Laurence Stephan. Avant l’entretien, on peut lister les questions que l’on va poser au candidat pour ne pas oublier de points essentiels. L’entretien doit ensuite être un temps dédié au candidat où il va pouvoir présenter son parcours. De son côté, l’agriculteur va présenter son exploitation et préciser ce qu’il attend du futur salarié. « On évite de s’éclipser ou de s’interrompre pour répondre au téléphone », prévient Margaux Gandarillas, qui invite à laisser place à la discussion, sans monopoliser la parole, afin de faire connaissance et de s’assurer de l’intérêt du candidat pour le poste.

Il est possible de proposer une visite de l’exploitation et de faire un tour de plaine avec la personne pour tester la solidité des expériences et des compétences mises avant. C’est aussi l’occasion de lui présenter le reste de l’équipe s’il y a d’autres salariés. « Aujourd’hui, pour qu’un candidat accepte un poste, il est important qu’il puisse percevoir l’organisation et l’ambiance de travail sur l’exploitation », assure la responsable de l’Apecita.

Après avoir vu plusieurs candidats, un temps de réflexion est nécessaire pour finaliser l’embauche. La réussite du recrutement ne s’arrête pas là, car une fois que le salarié est sur l’exploitation, il faudra consacrer le temps nécessaire à son intégration. Les perspectives d’évolution et la réalisation de formations constitueront par la suite des sources de motivation pour inscrire la collaboration avec le salarié dans le temps.

Rester ouvert aux profils extérieurs au monde agricole

Démographie oblige, les candidats non issus du milieu agricole sont de plus en plus nombreux à frapper à la porte de l’agriculture. « Il peut y avoir des transferts de compétence avec d’autres secteurs », assure Laurence Stephan. Pour les agriculteurs qui recherchent des conducteurs de tracteurs, des personnes issues de la mécanique automobile, des travaux publics ou encore de la logistique peuvent notamment avoir des profils intéressants, moyennant dans certains cas une formation de conducteur d’engins.

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