INSECTICIDES ET ABEILLES
Les néonicotinoïdes dans le collimateur
INSECTICIDES ET ABEILLES
Les néonicotinoïdes vont-ils vivre
un été meurtrier ? La Commission européenne propose de suspendre
l’utilisation de trois de ces insecticides à compter du 1er juillet
pour certains usages comme le maïs.

Thiamethoxam, imidaclopride et clothianidine : ces trois insecticides de la famille des néonicotinoïdes sont plus connus au travers de leurs produits commerciaux : Cruiser, Gaucho et Cheyenne (ou Poncho ailleurs en Europe). Le 31 janvier, la Commission européenne a proposé aux États membres de suspendre l’usage de ces insecticides pendant deux ans pour les cultures butinées par les abeilles et pour certaines semées au printemps.
La proposition ne concerne pas toutes les utilisations de néonicotinoïdes mais plus précisément les cultures de colza, tournesol, maïs et coton. Les céréales de printemps sont également visées par la proposition. Sont exclues du champ d’application les cultures de betteraves, pommes de terre et céréales semées en automne car elles n’attirent pas les abeilles. Quant au pois, il n’est pas explicitement cité dans la proposition. Toutes les formes d’application de ces néonicotinoïdes sont concernées par la proposition de la Commission : les traitements de semences et de sol mais aussi les applications foliaires.
Chez Syngenta, on rappelle que Cruiser 350 a été utilisé durant quatre années en France sur maïs et que la surveillance des autorités françaises sur les ruchers n’a relevé aucun effet sur les colonies d’abeilles suivies. Opposés aux firmes, les mouvements environnementalistes et apicoles se montrent néanmoins insatisfaits de la mesure de Bruxelles. « Les propositions sont insuffisantes. Une interdiction totale des néonicotinoïdes est nécessaire pour protéger les abeilles », demande France Nature Environnement et l’Union nationale de l’apiculture française. Le feuilleton des insecticides néonicotinoïdes n’est pas près de s’arrêter.
La proposition ne concerne pas toutes les utilisations de néonicotinoïdes mais plus précisément les cultures de colza, tournesol, maïs et coton. Les céréales de printemps sont également visées par la proposition. Sont exclues du champ d’application les cultures de betteraves, pommes de terre et céréales semées en automne car elles n’attirent pas les abeilles. Quant au pois, il n’est pas explicitement cité dans la proposition. Toutes les formes d’application de ces néonicotinoïdes sont concernées par la proposition de la Commission : les traitements de semences et de sol mais aussi les applications foliaires.
PAS D'ACCORD DES ETATS MEMBRES
Les représentants des Etats membres, réunis en comité d'experts du Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale le 15 mars, ne sont pas parvenus à un accord sur la proposition de la Commission européenne de suspendre, pour deux ans, l'utilisation de ces trois néonicotinoïdes. Si aucune majorité qualifiée n'a pu être atteinte, la Commission se dit déterminée à prendre des mesures législatives ambitieuses. Elle devrait à nouveau présenter au vote sa proposition, légèrement modifiée pour répondre aux demandes de certains Etats membres. Treize Etats membres, dont la France, auraient voté en faveur de cette suspension. La République tchèque, la Slovaquie, la Roumanie, l'Irlande, la Grèce, la Lituanie, l'Autriche, le Portugal et la Hongrie auraient voté contre, tandis que cinq pays se sont abstenus (dont l'Allemagne et le Royaume-Uni).LE MAÏS DANS LE COLLIMATEUR
En France, c’est le maïs qui semble particulièrement visé par la proposition. Deux produits à base de néonicotinoïdes y sont homologués pour lutter contre les ravageurs du sol : Cruiser 350 (thiamethoxam) en traitement de semences et Cheyenne (clothianidine) en application dans la raie de semis, sans compter Sonido dont la matière active, le thiaclopride, est une néonicotinoïde qui n’a pas fait l’objet de conclusions de la part de l’Efsa. La Commission ne la prend pas en compte dans ses propositions. Les réactions ont été contrastées sur la mesure de Bruxelles. Ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll dit « se réjouir de la décision de la Commission qui s’inscrit dans la droite ligne du retrait de l’autorisation de mise sur le marché du Cruiser OSR (NDLR: sur colza) dont j’avais pris la décision dès juin 2012 ». Pour le ministre, « les deux années de suspension devraient permettre de mettre en place de nouvelles expérimentations pour affiner les données sur ces molécules. »LES FIRMES L’ONT MAUVAISE
Bayer et Syngenta, les deux sociétés concernées au premier chef, s’alarment de la décision de Bruxelles et mettent en avant « les actions déjà réalisées en faveur des abeilles depuis de nombreuses années » de leurs parts. Elles font passer le message de la perte de compétitivité de l’agriculture européenne dans l’éventualité du vote de la proposition. Directeur des affaires réglementaires et techniques chez Syngenta, Gérard Thomas n’a pas de mots assez durs pour évoquer l’avis de l’Efsa à l’origine de la proposition de la Commission. « Le rapport de l’agence est d’une qualité très inférieure à ce que l’Efsa produit habituellement. L’agence identifie un nombre de risques dont certains, théoriques, ne reflètent pas les pratiques de terrain. Et nous constatons que certaines études qui lui ont été soumises ont été délibérément écartées… La rédaction de l’avis est partiale et elle a été faite manifestement sous pression politique. »Chez Syngenta, on rappelle que Cruiser 350 a été utilisé durant quatre années en France sur maïs et que la surveillance des autorités françaises sur les ruchers n’a relevé aucun effet sur les colonies d’abeilles suivies. Opposés aux firmes, les mouvements environnementalistes et apicoles se montrent néanmoins insatisfaits de la mesure de Bruxelles. « Les propositions sont insuffisantes. Une interdiction totale des néonicotinoïdes est nécessaire pour protéger les abeilles », demande France Nature Environnement et l’Union nationale de l’apiculture française. Le feuilleton des insecticides néonicotinoïdes n’est pas près de s’arrêter.