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Le désherbage localisé nécessite de la rigueur et de la réactivité

La pulvérisation localisée, qu’elle soit réalisée avec un pulvérisateur standard ou une rampe dédiée, consiste à réaliser des économies d’intrants, réduisant ainsi l’IFT. Cette pratique pointue nécessite d’adapter la hauteur de rampe à l’angle de la buse, afin de traiter le rang sur la bonne largeur.

« Avec la pression sur l’utilisation des produits phytosanitaires, la pulvérisation localisée est une des solutions pour en utiliser moins », indique Patrice Kerckove du service agronomique de Tereos. Des applications d’herbicides, d’insecticides voire d’engrais foliaires sont possibles sur de nombreuses cultures, à condition que celles-ci soient semées avec un écartement adapté au matériel de pulvérisation localisé utilisé. Patrice Kerckove indique que « lorsqu’un agriculteur s’intéresse aux traitements localisés, il a intérêt à rentabiliser la pratique sur un maximum de cultures ».

La rampe dédiée, utilisable de 45 à 90 cm d’écartement

La société Sopema propose des rampes dédiées au désherbage localisé de 12 et 36 rangs, adaptables pour des semis de 45, 50, 75, 80 ou 90 centimètres d’écartement. « Nos clients l’utilisent dès le semis sur betteraves, colza, tournesol, haricots, pommes de terre, voire maïs », explique Rémi Maupin dirigeant de l’entreprise. Le modèle 36 rangs comprend trois parallélogrammes indépendants de 12 rangs chacun qui assurent le suivi de chaque multiple de semoir. Des roues de jauge maintiennent la hauteur de travail et sa stabilité. « En cas de dévers, la conception de la rampe prévoit une tolérance de 15 cm de débattement sur les deux éléments extérieurs, libres et guidés par une roue de guidage. » Une rampe de 36 rangs coûte 43 000 euros, cuve et pompe comprises. La cuve dispose de son propre système de régulation et d’un volume de 1 900 litres. « Pour un volume de bouillie compris entre 30 et 60 litres par hectare, cette capacité offre une autonomie pour traiter 30 à 60 hectares », précise Rémi Maupin.

La rampe est équipée de buses à jet plat Teejet 65015 de 65 degrés. Pour limiter la dérive et la volatilisation de produit, elle s’utilise généralement à une vitesse d’avancement de 19 km/h et à une pression de 2 bars. Une hauteur de travail de 20 cm correspond à une largeur de pulvérisation de 15 cm. Avec la rampe dédiée, il est possible de réduire de plus de 60 % la dose de produit par rapport à une application en plein. « D’après les essais de la plateforme Syrpre suivie par l’ITB, cette technique représente une économie d’herbicides de 180 euros par hectare, souligne Rémi Maupin. De plus, la culture reçoit des doses plus faibles de produit, elle est donc moins sujette à la phytotoxicité racinaire. »

Des écrous et des buses spécifiques pour adapter le pulvé

Patrice Kerckove étudie depuis de plusieurs années les possibilités de traiter en localisé avec un pulvérisateur standard. « Grâce à un écrou spécifique, Terelok, il est possible de choisir la largeur de la bande pulvérisée au sol. Ce principe très simple est peu coûteux. Pour une rampe de 28 mètres, l’investissement s’élève à 600 euros (56 buses et 56 écrous). » L’agronome préconise des buses de 40 degrés, orientées en oblique de manière à ne traiter qu’une petite surface au sol, de 20 à 30 cm selon la hauteur de la rampe qui doit être régulière. Elle est généralement de 70 cm et peut être abaissée à 40 cm lorsque le pulvérisateur est équipé d’un système performant de contrôle de la hauteur de rampe. Cette pratique convient parfaitement aux parcelles planes, sans dévers important, et s’applique sur des semis à 50 cm d’écartement entre rangs, y compris au niveau des raccords de semoir. « Contrairement aux idées reçues, le semis est la clé de la réussite de la pulvérisation localisée, précise Patrice Kerckove. Il doit être réalisé avec un GPS RTK, afin que les raccords de semis soient parfaits pour un bon alignement de la rampe et offrir une pulvérisation de qualité. » En traitant une largeur de 30 cm (soit 60 % de la surface) à une vitesse de 8 km/h et 1,8 bar de pression, l’utilisateur pulvérise l’équivalent de 110 l/ha sur le rang. Ramené à la surface de la parcelle, cela correspond à 68 l/ha, soit une économie financière de 40 % à laquelle il faut soustraire le coup du binage.

Avis d’agriculteur - Patrice Millard, Salon dans l’Aube

« Réussir la pulvérisation localisée, un véritable challenge »

Patrice Millard, agriculteur à Salon dans l’Aube

« Depuis six campagnes, j’utilise une rampe localisée Sopema de 36 rangs pour désherber 100 hectares de betteraves. J’ai confié entièrement la gestion de cette tâche à un salarié. Il faut être rigoureux et coordonner les chantiers de désherbage chimique et mécanique en tenant compte des fenêtres météo disponibles. En terre de craie, je réalise cinq traitements herbicides, avec le premier passage en plein. La pulvérisation localisée permet de ne traiter que 15 centimètres sur le rang (soit 34 % de la surface) à un volume de 40 l/ha. En ne traitant qu’un tiers de la surface, je réalise 66 % d’économie d’intrants. Il faut malgré tout relativiser l’économie globale du désherbage. En effet, il ne faut pas omettre les charges liées au premier traitement, réalisé en plein, et celles liées au binage. Cette technique est intéressante à condition d’avoir du temps et de la main-d’œuvre disponibles et d’investir seul dans ce type de matériel pour être réactif. Pour augmenter le débit de chantier, je me suis équipé d’un tracteur avec GPS RTK dédié au semis et au désherbage localisé. »

 

 

 

 

Avis d’agriculteur - Alexandre Oudin, Anglure dans la Marne

« Des gains économiques et écologiques »

 

 

 

Alexandre Oudin, agriculteur à Anglure dans la Marne

« Je pratique le désherbage localisé sur mes 40 hectares de betteraves depuis cinq ans. Je sème à 50 centimètres d’écartement entre rangs, avec un système GPS RTK. J’ai équipé mon pulvérisateur actuel (John Derre 732i, 28 m) de buses 40 degrés. Je dispose d’un contrôle de hauteur de rampe, qui m’est très utile pour respecter la surface traitée compte tenu de l’angle de la buse et par conséquent le jet de pulvérisation. Pour pallier l’éventuelle déviation de la ligne de semis, je traite systématiquement sur 25 centimètres de large. J’ai investi 1 000 euros dans les écrous et les buses en inox, un investissement peu élevé mais qui permet pourtant de réaliser des économies d’intrants et de contribuer au respect de l’environnement. Ces économies ne sont pas nettes, il faut déduire les coûts liés à l’utilisation indispensable de la bineuse. Lorsque les conditions climatiques ne sont pas favorables à son passage, il faut savoir s’adapter et recourir à du désherbage en plein si besoin. »

 

Avis d’expert - Emmanuel Lévêque, chef produit pulvérisateurs Amazone

« Plus de souplesse avec des extensions sur les porte-jets »

Emmanuel Lévêque, Chef produit pulvérisateurs Amazone

« Grâce à son option AmaSelect Row sur les porte-jets à commande électrique AmaSelect, Amazone offre la possibilité aux utilisateurs de pulvériser en bandes qui peuvent être espacées de multiples de 25 cm. L’investissement s’élève à environ 5 000 euros (licence logiciel et kit de décalage des buses à 25 cm). Le système utilise des buses à 40 degrés spécifiques pour la pulvérisation en bandes qui optimisent le recouvrement de la surface. Avec AmaSelectRow, l’agriculteur choisit d’ouvrir les buses qui l’intéressent. Le logiciel calcule automatiquement le débit et la hauteur de rampe correspondante. Un système de contrôle de hauteur de rampe performant est indispensable, en particulier sur une parcelle vallonnée. Cette technique, qui n’utilise pas de trace au sol, suppose un semis avec un système GPS performant. »

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