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L’Allemagne mise sur les mélanges d’espèces pour l'interculture

La couverture systématique des sols après blé avec des mélanges d'espèces végétales permettent de se passer de labour et dynamisent la culture suivante. Des essais sont menés dans le Sud-Ouest de l’Allemagne. Quand la contrainte devient un atout.

La couverture du sol après blé encouragée par la PAC en interculture peut s’envisager non comme une contrainte, mais comme un atout. Voilà l’idée que défend Rolf Kern, chargé des questions d’érosion dans l’arrondissement de Karlsruhe, une collectivité territoriale plus petite qu'un département français, au Bade-Wurtemberg. « Outre son rôle de piégeage de l’azote, la culture intermédiaire structure le sol, stimule l’activité microbienne, permet de mieux maîtriser le salissement et de moins prêter le flanc aux ravageurs et aux maladies », dit-il. Son service compare depuis 2011 en sols loessiques (limons) une dizaine de mélanges qui se sont rapidement avérés supérieurs aux intercultures monoespèces, de style moutarde par exemple. Les intérêts des mélanges sont multiples. « Les racines de ces différentes plantes travaillent des horizons différents. Elles ameublissent le sol à la place du matériel. Des couverts semés dès juillet peuvent atteindre 1,50 mètre de haut à la mi-octobre. Ils améliorent la portance du sol, sa capacité de rétention en eau. Les racines créent de nouvelles galeries qui aident notamment à mieux supporter les périodes de sécheresse. Si l’interculture se développe correctement, elle permet au sol de conserver assez d’humidité permettant la levée de la culture suivante », énumère l’agronome allemand.

Pas de solution après maïs grain

En pratique, le semis d’un mélange après blé est réalisé avant le 20 août dans un mulch ou en direct à un moment où l’humidité est suffisante. Si la date de semis est décalée de la récolte, un passage de glyphosate est réalisé pour éliminer les repousses de céréales. Tous les grains composant le mélange sont mis en une fois dans la trémie du semoir. Le tracteur prend la précaution de ne pas rouler beaucoup sur la route afin de ne pas trier les semences. « Comme le sol n’est pas remué, une fumure azotée de départ(1) est conseillée pour que la parcelle se couvre rapidement. Nos essais ont montré que jusqu’à 140 kg/N/hectare pouvaient être fixés et que la production de biomasse pouvait atteindre 7 tonnes/hectare à l’automne », complète Rolf Kern. De nombreux mélanges existent sur le marché. La plupart s’inspire d’une composition de douze espèces mise au point par le semencier DSV, comprenant pour les deux tiers un mélange de trèfles associé à de la phacéli (2). Au Bade-Wurtemberg, ce mélange a donné satisfaction de préférence en sols argileux, mais aussi en terres plus légères. Cette « recette » constitue une interculture appréciée du maïs grain dans la mesure où elle favorise sa mycorhisation et, en bout de course, le rendement de la céréale. « En 2014, nous avons estimé une fourniture de 50 à 90 unités/N/hectare. 60 kg/N ont été apportés en cours de culture. 144 quintaux/hectare secs ont été récoltés », indique Rolf Kern.

Un coût de 70 à 80 euros par hectare

Ces mélanges reviennent à quelque 70-80 euros/hectare et sont éligibles au titre des SIE (Surfaces d'intérêt écologiques) dans le cadre de la PAC. Ils constituent une bonne solution après blé, mais ont plus de mal à s’imposer pour d’autres cultures et/ou rotations. Avant pomme de terre, la stratégie semble jouable à condition de semer un mélange spécifique. Il est détruit lors d’un passage combiné qui associe broyage de la végétation (à l’avant du tracteur) et plantation des tubercules avec formation de la butte. Un tel schéma peut aussi s’envisager avant une betterave à sucre, mais la problématique des mauvaises herbes fait reculer le rendement à l’arrachage… Un mélange peut enfin s’envisager après maïs ensilage. « Sa réussite est assez aléatoire. Il faut en limiter le nombre d’espèces. Du trèfle, de la moutarde, du radis, du seigle et de l’avoine par exemple », précise Rolf Kern. Après maïs grain, les agriculteurs allemands n’ont aucune solution miracle qui leur permettrait de couvrir le sol. Le semis sous couvert d’herbe est la seule alternative.

(1) 35 unités de NH4/ha le 10 août en 2015.
(2) Ce mélange comprend 30 % de trèfle hybride, 19 % de phacélie, 15 % de trèfle de Perse, 9 % de cameline, 7 % de trèfle incarnat, 7 % de nyger, 6 % de lin, 2 % de sorgho, 2 % de radis chinois, 1 % de vesce de Pannonie, 1 % de pois, 1 % de tournesol (en % de semences).

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