[Covid-19] Pourquoi la farine a manqué dans les rayons
Outre les questions logistiques et la ruée sur les sachets de farine pendant le confinement, les ruptures de stocks de farine dans les rayons des grandes surfaces françaises s'expliquent par le fait que plus de moitié de la farine dans les GMS provient d'Allemagne... qui a temporairement suspendu ses exports.
Outre les questions logistiques et la ruée sur les sachets de farine pendant le confinement, les ruptures de stocks de farine dans les rayons des grandes surfaces françaises s'expliquent par le fait que plus de moitié de la farine dans les GMS provient d'Allemagne... qui a temporairement suspendu ses exports.
Pourquoi les Français ont-ils manqué de paquets de farine de 1 kg dans les supermarchés durant le confinement ? Si la demande a explosé, les industriels français – Grands Moulins de Paris, Axiane Meunerie et Moulins Soufflet en tête - ont déployé une énergie rare pour y répondre, fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Pas suffisant pourtant pour alimenter les rayons.
Le blé et la farine n'ont jamais manqué : les meuniers français produisent 4 millions de tonnes de farine chaque année en France et la production à destination de la boulangerie a nettement chuté depuis la mi-mars, alors qu'elle représente 90% des débouchés. Les stocks sont là.
De problèmes logistiques ? La pénurie de sacs de 1 kg ? « On constate des tensions sur les délais de réapprovisionnement de la part des fournisseurs de sachets et en approvisionnement GMS liés au ralentissement de l'activité du fret et du transport », a indiqué l'Association nationale de la meunerie française (ANMF). Des tensions mais pas de rupture.
La vrai raison ? Les grandes enseignes de la distribution françaises se fournissent à peine à 50 % en farines françaises. Le reste vient d'Allemagne, ou d'Italie. « Cela représente plus d’un paquet de farine sur deux vendu en grande distribution », a confirmé Jean-François Loiseau, président de l’ANMF, dans un entretien à Valeurs Actuelles. Et en raison de la crise, la meunerie allemande a cessé de livrer en France, privilégiant ses clients nationaux. La meunerie allemande supporte moins de charges sociales et fiscales : Outre-Rhin, la farine est moins chère. En moyenne, un kilo de farine est acheté aux meuniers allemands moins de 0,30 euro, contre 0,40 à 0,60 euro pour les meuniers français. Les paquets de marques de distributeurs, aux prix discount, ne contiennent pas du blé français.
Devant l’engouement pour des farines hexagonales ou locales, de nouvelles lignes d’ensachage verront-elles bientôt le jour en France ? Peu probable. Les livraisons allemandes ont repris et les commandes des GMS aux meuniers français ont déjà reflué. Quel « monde d’après » ?