Jaunisse de la betterave : résultats encourageants avec les plantes compagnes
Depuis deux ans, diverses solutions de lutte contre la jaunisse de la betterave sont testées sur le terrain au travers d’un plan national de recherche et d’innovations. Quelques résultats ont été mis en avant pour les plantes compagnes et les lâchers d’auxiliaires dans une ferme pilote du Vexin normand.
Depuis deux ans, diverses solutions de lutte contre la jaunisse de la betterave sont testées sur le terrain au travers d’un plan national de recherche et d’innovations. Quelques résultats ont été mis en avant pour les plantes compagnes et les lâchers d’auxiliaires dans une ferme pilote du Vexin normand.
Leviers agronomiques, apports d’auxiliaires, variétés tolérantes, solutions de biocontrôle… le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI) sur la jaunisse de la betterave permet de tester au champ des solutions opérationnelles contre ce virus transmis par des pucerons. Avec l’utilisation des néonicotinoïdes qui sera définitivement interdite après 2023, il y a urgence. Démarré en 2020, le PNRI repose sur des fermes pilotes d’expérimentation (FPE) dont 62 ont été mises en place en 2022.
L’exploitation de Laurent Vermersch à Nojeon-en-Vexin (Eure) est l’une d’elles. Les plantes compagnes ont fait l’objet d’essais poussés avec des résultats intéressants. « Nous avons testé en 2021 avoine, féverole et vesce pourpre, présente Alexandre Métais, responsable régional ITB Normandie-Val d'Oise. Dans l’essai qui comptait 35 % de jaunisse dans le témoin, la partie avec l’avoine comme plante compagne ne comptait plus que 5 % de plants infestés. Mais les meilleurs résultats étaient obtenus avec l’avoine associée à l’utilisation d’aphicides (1 % de virose). Les autres espèces compagnes montraient une efficacité intermédiaire. »
Ces résultats sont encourageants, d’autant que les plantes compagnes ne sont pas entrées en concurrence avec la betterave dans cet essai. Ce n’est malheureusement pas le cas partout puisque d’autres essais montrent jusqu’à 25 % d’impact sur la productivité de la culture. Les écarts de résultats peuvent s’expliquer par les dates de semis des plantes compagnes et de levée des betteraves, par les densités, ainsi que par les dates de destructions des plantes compagnes. « Les graminées doivent être détruites avant le stade 6 feuilles car au-delà, elles pompent de l’azote. Pour les légumineuses, on peut attendre le stade 10 feuilles avec une application du produit Lontrel par exemple », explique Alexandre Métais.
L’étude ne néglige pas les aspects pratiques. Ainsi, une plante compagne doit être choisie pour tolérer les herbicides utilisés sur betterave. Ce n’était pas le cas de la vesce pourpre, par exemple. Autre point important évoqué par Alexandre Métais : « quand on sème tôt une plante compagne, début mars par exemple, afin qu’elle soit suffisamment développée pour exercer son effet répulsif vis-à-vis des pucerons, on ne sait pas à quelle date le semis de la betterave sera réalisé. Or, les conditions climatiques peuvent amener à retarder fortement celui-ci, avec pour conséquence une plante compagne trop développée, explique l'expert de l'ITB. En 2022, nous avons ajouté à notre dispositif une orge de printemps semée deux jours avant la betterave, avec un cycle court et rapide pour pouvoir se développer rapidement. Les premiers résultats ont montré une diminution de moitié de la présence des pucerons avec la betterave associée à l’orge, et le même résultat avec la féverole. » À suivre.
Le lâcher d’auxiliaire doit encore faire ses preuves
Garantir une marge après le retrait des néonicotinoïdes
« Nous comptons sur des variétés résistantes à la jaunisse à l’horizon 2026-2030. En attendant cette solution qui pourra être efficace, il faut pouvoir proposer aux agriculteurs un système assurantiel qui leur garantira une marge brute à l’hectare en betterave. C’est une condition sine qua non pour pérenniser la filière betterave. » Président de l’ITB, Alexandre Quillet annonce la proposition d’un tel plan pour le 1er juillet 2023. Dans le PNRI, le projet Grecos a justement pour objectif de « préfigurer un dispositif indemnitaire complémentaire des dispositifs privés et publics existants pour accompagner la transition vers de nouveaux modes de protection de la betterave sucrière contre la jaunisse ».