Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Rhône-Alpes : quelles conséquences de l’excès d’eau sur les cultures ?
Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Rhône-Alpes : dans ces trois régions, les cultures étaient globalement en souffrance entre des semis de printemps qui n’ont pas pu être tous réalisés et des cultures d’hiver soumises aux excès d’eau, à un faible rayonnement et aux attaques de bioagresseurs.
Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Rhône-Alpes : dans ces trois régions, les cultures étaient globalement en souffrance entre des semis de printemps qui n’ont pas pu être tous réalisés et des cultures d’hiver soumises aux excès d’eau, à un faible rayonnement et aux attaques de bioagresseurs.
Les cultures d’hiver souffrent des excès d’eau. Pour les mêmes raisons, les semis de printemps accusent du retard. Tour de plaine dans les régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Rhône-Alpes.
Des parcelles non exploitées dans certains secteurs à cause des excès d’eau
« Dans le département de l’Ain avec ses zones humides de la Dombes et de la Bresse, seulement 25 à 30 % des cultures d’été (maïs surtout) avaient été semées et certains champs semés étaient gorgés d’eau, observait Emmanuel Hédon, de la coopérative Oxyane, le 21 mai. Des parcelles vont être laissées en zone non exploitée. » Mais dans d’autres secteurs, les semis de maïs ont été réalisés correctement dans l’est de la France. « Plus au sud dans la plaine de Lyon, la vallée du Rhône et la Drôme, 90 % des parcelles étaient semées, en maïs plus particulièrement. En Isère, 65 à 70 % des maïs étaient implantés. »
En Alsace, bastion du maïs, l’essentiel des surfaces prévues était semé. Il en restait cependant encore 20 % à implanter dans le Sud (Sundgau) au 22 mai, selon Florence Binet, ingénieure régionale Arvalis. Le maïs grain peut être semé jusqu’au 10 juin, sur des parcelles bien ressuyées et avec les variétés aux indices les plus bas (précoces).
Conditions de semis et levées difficiles pour le tournesol
Les conditions de semis n’étaient en revanche pas idéales pour le tournesol, comme sur les sols argileux de l’Est. « Il y a eu beaucoup de ressemis dans le Grand Est, en lien aussi avec les attaques de limaces ou d’oiseaux, notait Aurore Baillet, de Terres Inovia, le 23 mai. Sur les terres hydromorphes comme en Moselle ou en Haute-Marne, des semis n’ont pas pu être réalisés. Il y a une dichotomie forte en lien avec la capacité du sol à filtrer l’eau. »
En région Rhône-Alpes, les tournesols n’étaient implantés qu’à hauteur de 20 % des intentions le 16 mai selon une note de Terres Inovia (et moins de 5 % en soja). Pour cette espèce, il est peu recommandé de faire des semis après fin mai.
Le tournesol souffre d’attaques sévères de limaces, ces ravageurs trouvant des conditions idéales à leur pullulation avec l’humidité du moment. « La croissance des tournesols est très molle, surtout sur les premiers semis il y a un mois », constate Mickaël Mimeau, de la coopérative Alliance BFC.
Le soja est davantage semé tardivement que les autres cultures. « En Isère où il y a des attaques de chrysomèle sur maïs, le soja est une alternative. Il n’y avait pas plus de 30-40 % semés au 22 mai », estimait Emmanuel Hédon. Le soja a comme avantage de pouvoir être mis en culture jusqu’à fin juin sur des parcelles bien pourvues en alimentation hydrique.
Des orges de printemps rattrapent leurs retards de semis
Dans diverses situations les orges de printemps ont été semées tardivement. « Nous avons eu deux vagues de semis, autour du 10 mars et fin mars au lieu de semis le 15 février habituellement. Mais avec les conditions météo, les orges de printemps rattrapent bien leur retard », constate Mickaël Mimeau, de la coopérative Alliance BFC. Dans la Haute-Saône, Émeric Courbet, chambre départementale d’agriculture, juge « magnifiques pour l’instant » les orges de printemps qui ont pu être semées sur un petit créneau début mars.
Dans les céréales à paille, celles d’hiver « étaient plutôt jolies sur les terres superficielles de plateau qui ont besoin d’eau d’autres années, remarquait Mickaël Mimeau. Il y a des dégâts dus à l’humidité sur les terrains plus humides. » L’état des cultures diffère selon les types de sols. Il y a un important clivage entre terres humides et celles filtrantes.
« Un phénomène marquant de cette campagne est la forte infestation en graminées adventices, avec une année humide tout au long de la culture et des désherbages non satisfaisants », note Mickaël Mimeau. Les maladies ne sont pas en reste : septoriose, rouille jaune, rouille brune. La situation est variable selon les régions mais le risque de fusariose était très élevé également fin mai.
Un déficit de rayonnement difficile à évaluer sur céréales et colza
Des inquiétudes pointent sur céréales et aussi colza au sujet de froid et du faible rayonnement du début de printemps. « Dans notre région, nous aurons sans doute quelques parcelles de céréales avec des soucis de méiose ou de gel d’épi impactant la fertilité d’épi mais il est encore trop tôt pour se prononcer », estimait Mickaël Mimeau le 22 mai. Quant au colza, « les années humides ne lui sont jamais favorables, estime Aurore Baillet. Le système racinaire est très sensible aux excès d’eau. Il y a des zones où le colza pourrit. »
Le déficit de rayonnement subi dans plusieurs régions pourrait avoir un impact sur le nombre des grains et leur taille. Les semaines qui suivent seront cruciales. « S’il y a des conditions échaudantes, les colzas tourneront rapidement, prévient la responsable. Si ce n’est pas le cas, le remplissage des grains pourra se faire mais il faut du rayonnement pour les remplir de carbone. L’eau ne suffit pas. » Pour Émeric Courbet, « au 1er juin, les colzas ne manqueront pas d’eau pour aller jusqu’à la récolte alors qu’en 2023, nous avions connu une sécheresse entre mi-mai et mi-juin qui avait fait des dégâts. »