[ESSAI] New Holland T8.380 AutoCommand « Un tracteur pas loin du sans-faute »
Kevin Le Vouedec, chef de cultures de L’EARL Choubard à Lainsecq dans l’Yonne, détaille ses impressions après une semaine aux commandes du New Holland T8.380 Genesis de 347 chevaux.
Kevin Le Vouedec, chef de cultures de L’EARL Choubard à Lainsecq dans l’Yonne, détaille ses impressions après une semaine aux commandes du New Holland T8.380 Genesis de 347 chevaux.
Se différenciant par l’adoption du suffixe Genesis, la derrière génération de tracteurs T8 se décline en quatre modèles offrant une puissance maxi de 315 à 435 ch (351 à 435 ch avec le boost). Leur 6 cylindres FPT Cursor 9 répond à la norme Stage V sans utiliser d’EGR, avec un système de post-traitement associant un DOC et un catalyseur SCR, qui agit également sur la filtration des particules, permettant de faire l’impasse sur un FAP spécifique. Les T8 Genesis sont proposés avec une transmission full-powershift Ultra Command ou, comme sur le modèle essayé, avec la CVT AutoCommand. Les deux plus gros modèles sont également déclinés en version SmartTrax avec un train de chenilles sur le pont arrière. Le circuit hydraulique est alimenté en standard par une pompe de 157 l/min, un débit porté en option à 214 l/min, voire 271 l/min avec une pompe tandem.
L’aménagement intérieur de la cabine est entièrement revu, inaugurant notamment un nouvel accoudoir multifonction à l’ergonomie repensée, doté d’un terminal tactile 12 pouces compatible Isobus Classe III. Le tableau de bord se digitalise également avec un écran de 10 pouces. La nouvelle architecture électronique du T8 Genesis permet d’intégrer de nombreuses fonctionnalités liées à la télématique MyPLM Connect, comme l’Intelliview Connect autorisant la visualisation à distance de l’écran du terminal ou le service d’assistance New Holland Remote Assistance.
Les conditions du test
L’essai du T8.380 Genesis s’est déroulé début septembre, en utilisant trois outils de travail du sol : un déchaumeur à disques indépendants semi-porté de 8 m, un décompacteur porté de 5 m et un rouleau à barre niveleuse de 8,20 m. Le tracteur a également fait du transport avec une remorque 21 t à deux essieux.
Les plus
+ Capacité de traction
+ Ergonomie des commandes
+ Confort des suspensions
+ Gestion moteur/transmission
Les moins
- Transmission bruyante
- Terminal long à démarrer
- Longueur des bras de relevage
Au travail « Une puissance qui passe bien au sol »
Avec le rouleau à barre niveleuse qui est gourmand en puissance, le tracteur évolue entre 8 et 12 km/h avec une remarquable efficacité. L’électronique coordonne parfaitement la transmission et le moteur, qui régule à 1 600 tr/m et dépasse très rarement les 1 700 tr/min. Je suis impressionné par la capacité de traction du T8, qui profite d’un très long empattement. Avec seulement 800 kg de masse sur le relevage avant et 900 kg dans les roues, l’équilibre est parfait et le patinage très réduit. Ce gabarit n’impacte pas la maniabilité, grâce à un bon angle de braquage des roues obtenu avec un châssis très échancré et un relevage avant bien intégré. Surprenant au début, le système réduisant le nombre de tours de volant facilite également les demi-tours.
Le déchaumeur à disques indépendants travaillant à 10 cm de profondeur demande moins d’effort. Ainsi, à 12 km/h, le moteur régule à 1 400 tr/min pour une consommation fluctuant entre 35 et 45 l/h, suivant les parcelles. J’ai observé les mêmes valeurs avec le décompacteur. C’est une consommation équivalente au tracteur de même puissance que l’on utilise sur la ferme. En revanche, il faut ajouter la consommation d’AdBlue qui m’a paru significative. Le réservoir de 100 l semble d’ailleurs confirmer mes impressions.
L’attelage du décompacteur n’est pas facilité par les bras de relevage qui sont trop courts pour dégager suffisamment d’espace entre les roues et l’outil. À 5 km/h, le comportement du tracteur est toujours aussi bon avec cet appareil porté planté à 30 cm. Autres regrets concernant l’attelage arrière, il manque des manettes de décompression sur les distributeurs et une commande pour un distributeur sur les ailes. Je trouve également que les composants du système de freinage pneumatique pourraient être mieux intégrés : l’eau graisseuse issue du bol décanteur est source de salissures.
Sur route avec la remorque, le confort de conduite est appréciable. Le long empattement rend le tracteur très stable, tandis que le pont avant suspendu et la suspension de cabine réglables m’ont paru efficaces. Idem pour la gestion de la transmission qui vise toujours le plus bas régime moteur. L’effet de frein moteur géré avec le joystick multifonction est vraiment perceptible, en agissant à la fois sur le rapport de transmission et le ralentisseur à l’échappement. À vide, on ne touche plus aux freins ! Le seul gros reproche, encore plus marqué sur la route, est le niveau sonore trop élevé en cabine. Le bruit émis par la transmission est fatigant (NDLR : Le constructeur indique avoir mis en place depuis janvier une série de modifications en usine pour limiter ce phénomène. Les tracteurs déjà livrés peuvent également en bénéficier). Petit détail très appréciable pour la sécurité routière de nuit, les pare-chocs escamotables intégrés à la masse frontale sont dotés de bandes réfléchissantes et de feux de gabarit très visibles.
En cabine « Un habitacle moderne et bien fini »
La cabine à quatre montants est spacieuse. Il manque juste une poignée à droite pour y accéder plus facilement à la montée du marchepied. La visibilité sur les bras du relevage avant n’est pas facilitée par le large capot, qui est toutefois plongeant. Elle est améliorée par la caméra en bout de capot, une seconde caméra à l’arrière de la cabine offrant une vue directe sur l’attelage arrière. Mais je trouve que l’on a du mal à estimer les distances, par rapport à une vision directe. New Holland a mis les moyens pour donner un aspect plus qualitatif aux matériaux et à la finition globale. J’apprécie les nombreux espaces de rangement ouverts et fermés disséminés tout autour du chauffeur. L’encombrante glacière optionnelle, qui ne loge même pas une bouteille de 1,5 l, me paraît superflue. Il suffirait qu’un des coffres soit refroidi par la clim. Profitant de nombreuses bouches d’aération, notamment au niveau des vitres, cette dernière, pilotée depuis l’accoudoir et le terminal, est d’une efficacité redoutable. On dispose de nombreuses prises électriques et USB intégrées au pavillon, à proximité du rail de support des boîtiers. Un des rangements dispose même d’une prise 220 V.
L’accoudoir est très bien conçu, aussi bien sur le plan de l’ergonomie, que de l’identification des commandes. Sa position est facilement ajustable dans tous les sens. Dommage qu’il subsiste quelques commandes (rétroviseurs, activation du guidage, verrouillage de l’hydraulique) au niveau du pavillon. Le levier multifonction est très agréable à manipuler. Les fonctions de la transmission identifiées en orange sont complètes : la sélection des trois plages de vitesses et la molette pour ajuster la vitesse cible sont notamment très pratiques. Un bouton personnalisable s’intègre en plus des commandes de relevage, de deux distributeurs, du guidage et des séquences de fourrière. Sur l’accoudoir, j’ai apprécié l’ergonomie de la commande des deux relevages, à la façon d’une souris d’ordinateur. Le joystick hydraulique est particulièrement complet avec les commandes d’inverseur et de vitesse. On dispose aussi de huit boutons personnalisables et d’une rangée de fingertips dotés d’une led dont la couleur change en fonction de leur affectation vers un distributeur. Outre les commandes de clim et de radio, on dispose de deux boutons de raccourci pour deux modes d’éclairage paramétrés dans le terminal.
Le terminal tactile de 12 pouces est très réactif : il offre une navigation intuitive à la façon d’une tablette tactile. Je me suis rapidement familiarisé avec les différents menus de réglages. Cet écran moderne souffre pourtant d’un défaut : il est très long à s’activer au démarrage du tracteur (NDLR : le constructeur indique que ce délai sera raccourci avec une nouvelle version de logiciel). L’affichage est configurable à volonté, avec des informations bien réparties sur la surface de l’écran. J’ai pu observer que l’enregistrement des séquences de fourrières est facile, à l’arrêt ou en faisant la manœuvre. En revanche, il faut les réactiver à chaque fois que l’on descend du tracteur. C’est aussi très pratique de pouvoir ajuster précisément les réglages de la clim, de l’autoradio ou encore de l’éclairage. Je note au passage le grand nombre de projecteurs à leds, garant d’un confort de conduite nocturne. La représentation graphique des vues du GPS est digne d’un jeu vidéo, à l’image de la précision du signal RTK mobile.
L’écran du tableau de bord offre une qualité d’affichage remarquable, quelles que soient les conditions de luminosité. Il permet un accès direct aux informations essentielles et affiche la vue des caméras, celle de l’arrière s’activant automatiquement quand on enclenche la marche arrière.
Entretien « Beaucoup d’espace autour du moteur »
L’accès aux points d’entretien autour du moteur est très aisé, grâce à la position très avancée du pont avant. On atteint tous les filtres et les niveaux d’huile sans lever le capot, y compris le filtre à air disposé à l’avant gauche de la cabine. Du même côté, sous la cabine, se situe le filtre d’habitacle. À droite, la taille du catalyseur SCR impressionne, mais il est disposé de façon à ne pas entraver la visibilité. Du même côté, le marchepied intégré au réservoir permet de nettoyer facilement la vitre de droite, contrairement à la petite marche positionnée à l’avant du pare-brise, sur laquelle il est difficile de monter. On ouvre finalement le long capot moteur que pour souffler les radiateurs qui pivotent. Le déverrouillage du capot ne se fait pas avec la clef de contact, qui sert uniquement au démarrage du tracteur, une télécommande gérant l’ouverture et la fermeture des portes à distance.
Fiche technique
New Holland T8.380
Moteur
Puissance maxi (ECE R120) sans/avec boost : 347/381 ch à 1 800 tr/min
Couple maxi sans/avec boost : 1 531 Nm à 1 300 tr/min/1 708 Nm à 1400 tr/min
Cylindrée : 8 700 cm3
Norme et système de dépollution : stage V via DOC & SCR
Capacité d’huile du moteur : 25 l
Intervalle d’entretien : 600 h
Transmission
Type : variation continue AutoCommand
Régime moteur à 40 km/h : 1 400 tr/min
Régimes de prise de force et régimes moteur correspondant : 540 et 1000 à 1 804 tr/min
Circuit hydraulique
Type : centre fermé load sensing, avec pompe à débit variable
Débit et pression : 214 l/min à 210 bars, en option double pompe 271 l/min
Volume d’huile hydraulique exportable : 63 l
Nombre de distributeurs de série : 6 (4 arrière et 2 latéraux)
Relevage
Capacité aux rotules sur toute la course (arrière/avant) : 10 022/5 200 kg
Dimensions
Capacité du réservoir de GNR/AdBlue : 609/99 l
Hauteur hors tout : 3,44 m
Empattement : 3,50 m
Rayon de braquage : 7 m
Poids à vide : 11 420 kg (13 300 kg avec les masses lors de l’essai)
PTAC : 18 t
Monte pneumatique du modèle essayé : VF620/75R30 et VF710/75R42
Budget
Prix catalogue du modèle essayé au 1er mars 2021 : 322 553 euros HT