Diversification : les 7 atouts de la culture du bambou
Plante agroécologique par excellence, la culture du bambou fait son apparition depuis quelques années dans les exploitations agricoles en France, et propose aux producteurs de grandes cultures une source de diversification et de revenu supplémentaire.
Plante agroécologique par excellence, la culture du bambou fait son apparition depuis quelques années dans les exploitations agricoles en France, et propose aux producteurs de grandes cultures une source de diversification et de revenu supplémentaire.
Le bambou, cette herbe géante pouvant atteindre 20 mètres de hauteur dont les pandas raffolent, a fait sa place dans les jardins comme brise vue et depuis peu s’intègre dans les exploitations agricoles. Apportant un moyen de diversifier un assolement de grandes cultures, focus sur la culture du bambou, qui gagne à être connue mais qui doit préalablement faire l’objet d’une véritable étude à la fois technique et économique pour vérifier la faisabilité du projet.
Une diversification adaptée à la plupart des régions
En grandes cultures, la culture du bambou est à rapprocher de celle du miscanthus. Les grandes parcelles s’y prêtent bien car elles sont favorables à la mécanisation. « Pour une ferme de 100 hectares (ha), on conseille d’y consacrer 10 %. Concernant la zone géographique, mieux vaut éviter le pourtour méditerranéen et les zones de montagne », présente Dimitri Guyot, cofondateur de l’entreprise d’agriculture régénératrice Horizom. En outre, des sols profonds et non hydromorphes sont les plus adaptés.
Le bambou, une culture pérenne
Cette culture doit pouvoir s’envisager sur le long terme car le bambou engage le porteur de projet a minima pour une vingtaine d’années. Cela suppose, à l’aube d’un départ en retraite, de bien réfléchir à cet aspect transmissibilité de cette nouvelle production. Enfin, il est à noter que les bambous non traçants ne sont pas adaptés au climat de la France, seules les variétés dites leptomorphes peuvent être cultivées. La société OnlyMoso, première société à avoir implanté des bambous géants en France, conseille de contenir les racines traçantes par la mise en place d’une tranchée tout autour de la parcelle. Chez Horizom, la méthode retenue consiste à faucher au moins une fois par an le contour du champ sur une largeur de 3 mètres.
Le goutte-à-goutte sécurise l’implantation du bambou et les rendements
Pour revendiquer son intérêt agroécologique, le bambou se doit d’être économe en eau. Mais la période qui suit la plantation doit faire l’objet d’une grande attention, les jeunes plants étant vulnérables les premières années car ils explorent un faible volume de sol, d’où le nécessaire recours à l’irrigation, notamment au printemps. « Il n’y a pas d’obligation d’irriguer, c’est plutôt un arbitrage technico-économique qui nous amène à recommander d’irriguer pour sécuriser l’implantation de la bambouseraie, comme en arboriculture, conseille Dimitri Guyot. Si l’utilisation d’un enrouleur classique quand les bambous sont plus bas est possible, leur croissance rapide va en faveur du goutte-à-goutte. »
Après le rush de l’implantation, un temps de travail limité
Chez Horizom, la plantation a lieu à l’automne avec 400 plants/ha pour un temps de travail estimé à deux ou trois heures par hectare. Il faut consacrer du temps à l’entretien de l’inter-rang, les deux premières années, avant que la parcelle ne soit entièrement recouverte. Pour la start-up, la fertilisation à prévoir est faible les premières années et atteint environ 100 unités d’azote par hectare et par an lorsque la bambouseraie est mature (8 ans). « La fertilisation est facilitée par le goutte-à-goutte », rassure Dimitri Guyot. À ce stade de maturité, l’ensemble des interventions sur la bambouseraie (récolte, irrigation, fertilisation et entretien du pourtour de la parcelle) nécessite 20 heures de travail par hectare et par an.
Une première récolte de chaumes de bambou dès la 4e année
Horizom se projette sur des premières récoltes de chaumes à 10 tMS/ha/an. Selon l’organisation du chantier, la récolte, qui est mécanique, peut s’effectuer durant la période creuse pour les grandes cultures, de novembre à février. Seulement un tiers de la parcelle est ensilé. Au bout de huit ans, le rendement de la bambouseraie atteint son maximum, avec 30 tMS/ha/an.
Une culture rémunératrice, aux débouchés multiples
Construction, ameublement, cellulose (pour remplacer le plastique notamment), isolation, tissu, papier, énergie, cosmétiques : le bambou est une plante aux débouchés très diversifiés. Le revenu tiré de cette production va tout d’abord dépendre de la quantité de matière récoltée. Selon OnlyMoso, la productivité escomptée est jusqu’à « 20 fois supérieure à celle des cultures traditionnelles, en termes de valeur marchande ».
Chez Horizom, le modèle proposé englobe à la fois un accompagnement technique (conception, plantation, suivi) et économique (valorisation carbone et biomasse) afin de garantir un revenu minimum à l’agriculteur. Le business plan proposé au porteur de projet va dépendre des options choisies par ce dernier (suivi agronomique, assistance technique à la plantation…) en fonction de son système agricole. Un retour sur investissement peut être espéré en année 7 ou 8, avec un produit brut de 3 500 €/ha pour 25 à 30 tMS/ha/an. Les charges d’exploitation et les frais de récolte s’élèvent à 1 000 €/ha/an.
En cas d’intérêt pour la culture de bambou, il est donc conseillé de bien appréhender les différentes possibilités d’accompagnement et de valorisation, et de vérifier son adéquation avec son terroir. Sur ce point, la question du choix variétal est à considérer, ce sur quoi Horizom a travaillé de manière expérimentale pour proposer aux agriculteurs des variétés plus adaptées à la récolte mécanisée.
La culture du bambou éligible aux crédits carbone
L’implantation de bambous permet de vendre des crédits carbone. Horizom estime que les revenus « carbone » permettent de couvrir environ 50 % de l’investissement nécessaire à la plantation (40-60 €/t CO2, 250-300 t CO2/ha, commission Horizom de 50 %). La production rapide d’une importante biomasse permet au bambou de stocker en un temps record une grande quantité de carbone. La plante présente en outre des avantages environnementaux en termes de préservation des sols (réduction de l’érosion), assainissement (absorption des métaux lourds), effet brise-vent et antibruit. Enfin, cette culture est peu demandeuse d’intrants, ce qui limite aussi les coûts de production.