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Hubert Degrange, agriculteur à Lusigny dans l'Allier
Diagagroéco pour se sensibiliser à l'agroécologie

Depuis octobre 2015, diagagroeco.fr permet d'évaluer le degré d'engagement de son exploitation dans l'agroécologie. Un outil simple et convivial, pour une première approche globale de la question.

Réalisé par l'Acta à la demande du ministère de l'Agriculture, Diagagroeco est un outil de diagnostic de l'engagement d'une exploitation dans une démarche agroécologique. Il vise à aider à réfléchir aux performances de l'exploitation, aux pratiques et aux démarches entreprises par l'agriculteur et à estimer son degré d'engagement dans l'agroécologie. Mis en ligne en octobre 2015, il compte aujourd'hui plus de 4 300 comptes. Gratuit et accessible sur le site diagagroeco.fr, cet outil se présente sous la forme de questions. Une première étape consiste à décrire les productions de la ferme. Trois modules constituent ensuite le cœur du diagnostic. Le module « pratiques » fait le point sur la mise en œuvre ou non de certaines pratiques, avec la possibilité d'accéder à des fiches techniques sur celles-ci. Le module « performances » situe les performances économiques, environnementales et sociales de l'exploitation. Le module « démarches » porte sur les démarches engagées pour faire évoluer l'exploitation (formation, actions collectives...). Deux modules complémentaires sont ensuite accessibles. Le module « synthèse » permet d'estimer le degré d'engagement dans l'agroécologie, de voir ce qui est avancé et ce qui l'est moins. Le module « pistes de progrès » donne des pistes d'amélioration pour l'exploitation. L'ensemble compte environ 400 questions, mais l'indication de la spécialisation permet d'en limiter rapidement le nombre. Les documents comptables (factures d'énergie, d'eau, d'intrants, bilan) doivent être disponibles, mais seules quelques données globales sont demandées. Et pour chaque question, l'utilisateur peut choisir de ne pas répondre sans bloquer l'outil. En général, le diagnostic prend deux à trois heures en comptant la discussion avec le conseiller.

Plus de 2 000 diagnostics complets réalisés

Depuis la mise en ligne, plus de 2 000 diagnostics complets ont été réalisés dans les diverses productions et sur l'ensemble des régions. « Diagagroeco donne une vision globale de l'engagement de l'exploitation dans l'agroécologie ", estime Jean-Yves Porhiel, de la chambre d'agriculture du Finistère. Le conseiller a participé à l'élaboration du diagnostic et l'a utilisé avec une vingtaine d'agriculteurs, en individuel ou en groupes. Pour lui, il permet de faire un "point zéro" sur l'exploitation, par exemple dans le cadre de la mise en place d'un GIEE, puis de suivre son évolution ou d'aller plus loin sur certains points en utilisant d'autres instruments. " C'est surtout un outil de sensibilisation, analyse-t-il. L'agroécologie est un long processus. Il faut en prendre conscience, entrer dans la logique. Le module 'pratiques' me semble le plus intéressant. La biodiversité par exemple est une notion que les agriculteurs ne savent souvent pas comment aborder. Avec quelques questions simples, ils peuvent plus facilement y entrer. » Si Diagagroeco était présenté comme un outil d'autodiagnostic, il est le plus souvent fait en présence d'un conseiller et souvent dans le cadre de groupes (groupes Dephy Ferme, Ceta, GIEE...). « Diagagroeco n'est pas compliqué à utiliser, assure Thomas Pacaud, de la chambre régionale d'agriculture Auvergne-Rhône-Alpes, qui a lui aussi participé à la mise au point du diagnostic et en a réalisés chez des responsables professionnels puis dans le cadre de groupes. Il est ergonomique, simple et intuitif. Il pourrait très bien être réalisé par un agriculteur seul. Mais il est beaucoup plus intéressant en groupe ou au moins en binôme. " Pour le conseiller, cet outil pédagogique favorise l'échange. " Il permet aux agriculteurs de voir où ils se situent puis d'en discuter avec le conseiller et dans le groupe, détaille-t-il. Ils peuvent ainsi échanger sur leurs pratiques et sur les pistes de progrès. Et il est important qu'ils soient accompagnés d'un conseiller qui connaît bien les pratiques et peut les aider à dégager des thèmes à travailler et à mettre en place un plan d'action. Un regard humain est également important pour lier les pratiques et les performances et avoir une vision plus systémique que ce que permet l'outil informatique. »  

« L'occasion d'en discuter en groupe »

« La chambre d'agriculture et Arvalis ont proposé aux membres du Ceta auquel j'appartiens de faire le diagnostic Diagagroeco. Cela m'intéressait de faire un bilan agroécologique de mon exploitation car je suis engagé dans la réduction des produits phytosanitaires. Je produis du colza, du blé, du maïs, de l'orge, du soja sur 160 hectares. J'ai déjà commencé à décaler mes semis pour éviter les insectes d'automne, je ne fais plus d'antilimaces, j'ai diversifié mes cultures, j'ai beaucoup de haies, de couverts... Le diagnostic s'est fait en deux heures avec un conseiller. C'est très facile, plus abordable que d'autres diagnostics. Diagagroeco m'a rassuré dans ma démarche. Il a montré que la réduction des phytos n'atteint pas les performances économiques et j'ai été plutôt bien classé au plan économique. La restitution s'est faite en groupe, ce qui nous a permis de nous comparer, de voir les points forts et les points faibles de chacun. Pour moi, une piste de progrès consisterait à réintroduire des surfaces fourragères et donc l'élevage. Cela ne m'a pas surpris mais je ne veux pas le faire pour des raisons de main-d'œuvre. Je pense qu'il serait bien de refaire ce diagnostic tous les trois ans. »

Une nouvelle version plus conviviale et plus complète

Le 15 décembre, une deuxième version de diagagroeco devait être mise en ligne avec une ergonomie facilitée, de nouveaux espaces pour gérer ses diagnostics et surtout la possibilité de comparer les résultats entre années et de faire des synthèses de groupes. Si le diagnostic général caractérise l'exploitation par rapport à des données nationales, la nouvelle version permettra de la situer au sein d'un groupe précis (le GIEE...). Les fiches techniques qui alimentent l'outil devraient aussi être enrichies à l'avenir dans le cadre de la plateforme collaborative AgroPep's GECO dédiée à l'agronomie et à l'agroécologie.

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