Désherbage : « J’ai diversifié mon assolement pour gérer le vulpin »
Chanvre, orge de printemps, betterave sucrière, luzerne : Laurent Brachet tire parti de ces cultures pour contenir le vulpin sur ses céréales d’hiver tout en maintenant un indice de fréquence de traitement (IFT) raisonnable en herbicides.
Chanvre, orge de printemps, betterave sucrière, luzerne : Laurent Brachet tire parti de ces cultures pour contenir le vulpin sur ses céréales d’hiver tout en maintenant un indice de fréquence de traitement (IFT) raisonnable en herbicides.
« Je me suis fixé un tiers de cultures de printemps et de luzerne dans mon assolement aux côtés du blé et du colza. Cette diversification vise surtout à gérer le vulpin. » Avec le chardon, cette graminée est l’adventice la plus problématique sur les cultures de Laurent Brachet, agriculteur à Virginy (Marne). « J’ai quelques taches dans des parcelles avec plus de 500 vulpins au mètre carré. Sur 10 hectares en 2023, j’ai pu mesurer leur impact avec une perte de rendement de 10 q/ha en blé sur les zones infestées. Sur ces parcelles à problème, je prends des mesures spécifiques. » La succession de deux cultures de printemps avec le chanvre suivi d’une orge montre un effet important sur le cycle du vulpin. Sur l’orge, il utilise en outre un antigraminée foliaire, Axial Pratic. « Le chanvre n’a pas besoin d’un désherbage mais il faut bien réussir sa levée, précise-t-il. Son effet agronomique est très intéressant. »
L’agriculteur est parvenu à ramener le vulpin à un taux maîtrisable sur les parcelles qui étaient très infestées. « Par exemple, sur des terres argilo-calcaires à 35 % d’argile, l’infestation en vulpin augmentait d’année en année sur la rotation colza-blé-orge d’hiver. La simple introduction d’une culture de printemps dans la rotation a permis de réduire de plus de 50 % les vulpins. » Aujourd’hui, la graminée est gérable tout en ayant réduit les doses d’herbicides.
De 30 à 70 euros par hectare de charge herbicide sur blé en 2023
Laurent Brachet fait partie du réseau des fermes Dephy animé dans la Marne par Anaïs Delbarre, de la chambre d’agriculture. Il a réduit son IFT herbicides à 1,3 en moyenne en 2022, la référence régionale étant de 2. Ses charges se situaient au minimum à 30 euros par hectare pour un blé semé début novembre après betterave, désherbé seulement avec Fosburi. Elles atteignaient 70 euros par hectare au maximum pour les premiers blés semés début octobre avec un programme Défi à 2,5 l/ha + Compil à 0,15 l/ha en post semis, suivi de Fosburi (0,3 à 0,45 l/ha) en post-levée précoce. Mais l’agriculteur ne tire pas que du positif de la recherche d’un IFT minimal. « Je me suis retrouvé avec quelques échecs de désherbage à cause des conditions météorologiques mais peut-être aussi en ayant trop levé le pied sur les applications herbicides. En 2023, j’ai augmenté de 20 euros par hectare mes charges herbicides sur les parcelles très infestées. » L’IFT est remonté à 1,6.
Efficace sur vulpin, le décalage de semis est possible sur les craies de Champagne, moins sur les argilo-calcaires (terres de Vallage). « Quand la météo le permet, je peux décaler le semis de dix jours maximum sur les champs les plus infestés sur ces argilo-calcaires, pas suffisant pour obtenir un effet optimal sur les levées de vulpin. »
La luzerne, semée sous couvert d’orge de printemps, est réservée à ces terres. Elle permet de réduire fortement les infestations. Pour l’agriculteur, la diversité de l’assolement apparaît plus pertinente, plus efficace et plus facile à mettre en œuvre que le décalage de semis. Il se garde même la possibilité d’ajouter du maïs, du tournesol ou du trèfle porte-graines comme levier de lutte contre le vulpin. Mais si ces diversifications sont possibles sur les terres de craie, c’est moins le cas sur les argilo-calcaires.
La multiplication des déchaumages augmente les charges de mécanisation
À l’interculture, deux déchaumages et un faux semis sont réalisés entre colza et blé tendre dans la rotation. Le faux semis est positionné systématiquement début septembre. Avant les cultures de printemps, les couverts d’interculture ne sont pas semés trop tôt (fin août à début septembre), de façon à pouvoir faire du déchaumage avant. Globalement, Laurent Brachet remarque que ses charges de mécanisation (main-d’œuvre, fioul…) ont augmenté, atteignant jusqu’à 400 euros par hectare sur blé tendre sur les terres les plus difficiles nécessitant plusieurs déchaumages.
Effectué un an sur trois avant une culture de printemps, le labour participe également au contrôle des vulpins. « Je le réalise après le 10 novembre. J’évite de le faire plus précocement car un labour au 15 octobre par exemple aurait pour effet de favoriser une importante levée de vulpins. Or, avec le glyphosate interdit en labour, nous n’avons pas de possibilité de les détruire », précise l’agriculteur. Il ne perd pas de vue l’objectif d’obtenir un IFT herbicide bas, tout en gardant des champs propres.
EN CHIFFRES
Un IFT herbicide amené à 1,3 en 2022
EARL de Beauséjour à Virginy (Marne) avec Laurent Brachet associé à son épouse, et un salarié (Damien Varoquier) via un groupement d’employeurs
251 hectares dont 87 de blé tendre, 35 à 40 de colza, 26 d’orge de printemps, 20 d’orge d’hiver, 23 de betterave sucrière, 18 de luzerne, 10 de chanvre, 28 de prairie permanente
60 % de terres de craie, assez superficielles (reste en argilo-calcaire, terre de Vallage)
1,3 d’IFT herbicide sur les blés en 2022 et 53 €/ha de charge ; un peu plus en 2023 (1,6).
Jusqu’à 60 % d’efficacité sur vulpin avec un semis décalé de 20 jours