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David Vincent : moduler tous les intrants à l'intérieur d'une parcelle

Tout noter, c'est l'une des clés du travail de David Vincent, agriculteur à Alairac dans l'Aude, qui l'a conduit à mettre en oeuvre la modulation intraparcellaire de ses intrants en 2009.

Pour en savoir plus :  consultez les questions-réponses relatives à l'exploitation de David Vincent.

Il est également précurseur : l'électronique embarquée dans les matériels agricoles en sujet de mémoire d'ingénieur, voilà qui n'était pas banal en 1993. Son diplôme en poche, il travaille deux ans dans l'informatique. Puis ses beaux-parents lui proposent de reprendre la ferme familiale, 120 ha de cultures et 25 ha de vigne dans l'Aude, où la famille n'a plus d'attache. Un contexte idéal pour « ne pas faire comme tout le monde ». Dès le départ, David Vincent note tout ce qu'il fait, y compris son temps de travail. C'est ce qui lui permet d'avancer. Ses premières années sur la ferme lui font toucher du doigt l'hétérogénéité de ses sols. Très vite, il ajuste ses engrais entre parcelles, grâce à la méthode des bilans. L'heure est alors à la calculette et au tableau excel. Ce n'est qu'après s'être agrandi de 66 ha, en 2002, qu'il estime avoir atteint la taille critique pour s'équiper d'une console John Deere (Greenstar). Complétée par un logiciel de gestion parcellaire, elle lui permet d'automatiser la saisie de ses données. Il était temps : « En 2002, je me suis aperçu que j'avais une année de retard de saisie. Ma capacité d'analyse était devenue nulle ! », précise-t-il. Les 8000 euros d'investissement sont payés dès la première année : « grâce au guidage, j'ai pu par exemple supprimer le jalonnage manuel, et au final réduire de 10 % mes frais », explique l'exploitant.

L'agriculteur investit ensuite dans un épandeur d'engrais de 3000 litres muni d'un système de pesée embarquée. 10 % plus cher, son modèle est compatible avec sa console : il veut à terme pouvoir moduler ses apports. « Ce sont ces 10 % qui font la rentabilité de mon système », estime l'agriculteur, pour qui « les questions de compatibilité sont la clé de voûte du système ». De fait, il n'a quasiment qu'une seule marque de matériel, et un seul fournisseur, dont il exige un service irréprochable.

La modulation commence en 2009 avec P et K

La moissonneuse-batteuse avec capteurs de rendement, compatible avec le logiciel de gestion parcellaire afin de produire des cartes de rendement, suit en 2005. «Le chèque de 15 000 euros que je faisais à l'entrepreneur compensait le prix de l'annuité." Frais d'entretien intégrés, il y perd un peu... Mais c'est sans compter le gain en qualité de récolte et en confort de travail.

Il faut toutefois la très mauvaise année 2009, qui lui fait manger une année et demie de récolte, pour que l'agriculteur débute la modulation intraparcellaire. Il commence par le poste P et K, grâce auquel il espérait bien améliorer ses sols. En formation, il découvre un module spécifique d'Agrimap et s'aperçoit qu'il a tout ou presque pour se lancer. Il prend le temps d'analyser ses cartes de rendement pluriannuelles et définit des zones homogènes, sur lesquelles il ajuste les apports en fonction des analyses de sol en sa possession. Un programme de travail avec Défisol proposé par sa coop lui permet « d'industrialiser » son projet : toutes ses parcelles sont analysées en un an. L'agriculteur divise par trois ses consommations en P et K tout en préservant ses rendements. Il en vient vite à moduler ses apports d'azote puis ses semences. À charges égales, ses rendements s'améliorent. En 2012, la conversion en cultures de ses 25 ha de vigne, devenus un poids, le conforte dans sa voie. Prochaine étape : intégrer les données climatiques dans ses calculs.

 

Commercialisation simplifiée

Avec d'autres agriculteurs, David Vincent a incité sa coopérative, Arterris, à proposer d'autres formules que le prix de campagne. « J'ai une grande partie de mes céréales en production de semences. Pour le reste, je mets en dépôt à la coop, et je vends quand les prix couvrent mes coûts de production prévisionnels avant récolte, ou réels après récolte. Je n'ai pas assez de volumes par culture pour mettre en oeuvre seul une vraie stratégie de gestion des risques. »

 

Voir aussi articles : " Trois tendances qui remuent les grandes cultures "" Philippe Houdan : des grandes largeurs au travail simplifié ", " François Mellon : la luzerne comme pilier de la rotation ".

David Vincent : la carte de la précision

. 220 ha avec 11 cultures en 2015 (dont blé dur, pois, sorgho)

. Rotation de type 2/2 : 2 céréales sont précédées de 2 cultures (sorgho, pois, tournesol, féverole ou colza) pour gérer les bromes et raygrass résistants.

. 1 UTH

. Blé dur : 42 q/ha, 780 EUR/ha de charges (opérationnelles, matériel, main-d'oeuvre), vendu 300 EUR/t

. Pois protéagineux : 42 q/ha, 510 EUR de charges, vendu 200 EUR/t

. Sorgho : 43 q/ha, 950 EUR/ha de charges, vendu 135 EUR/t

. Projets : moduler les apports de produits phytos, pourquoi pas en fonction de la masse végétative de la culture

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