Cultures dérobées : « J’obtiens mes meilleures marges sur ma double culture orge-soja neuf fois sur dix »
Agriculteur à Vaissac (Tarn-et-Garonne), Frédéric Pagès possède une longue expérience des cultures en dérobé, qu'il pratique sur toutes ses parcelles irriguées.
« Installé en 1996, j’ai pratiqué la double culture après l’année de la sécheresse en 2003, au début par opportunité. Je pratique la double culture sur l'intégralité de mes parcelles irriguées depuis 2007. J’ai opté après 2019 pour une année de maïs grain suivie de deux années d’une orge + soja dérobé, ce qui fait cinq cultures en trois ans. Cette succession règle entre autres les problèmes d’infestations en ray-grass qui se sont développés précédemment.
Après récolte du maïs, l’orge est semée après broyage et mulchage des résidus de culture, à partir du 20 octobre. J’ai choisi la variété LG Zebra qui a l’avantage d’être précoce, tolérante à la JNO et ne produisant pas trop de paille pour faciliter sa récolte précoce. Cette orge est conduite de manière classique, jusqu’à sa moisson anticipée à 18-20 % d’humidité des grains dès les premiers jours de juin. Les grains sont ensuite séchés pour arriver aux normes de commercialisation (14,5 %), avec des coûts de séchage modérés à cette saison.
Le soja est semé dans la première quinzaine de juin avant que ne démarrent les irrigations du maïs. Les pailles d’orge sont broyées au champ et bien éparpillées. J’attelle le combiné avec, à l’avant, des dents d’ameublisseur, un Cultimix, ainsi qu’un rouleau Matrix pour préparer la ligne de semis, et à l’arrière, un semoir à disque (Rotec) plaçant la graine dans le sillon et une herse à dents souples (Flexidoigts) pour le refermer. Dans de bonnes conditions, ce passage me prend une heure pour 2 hectares (1 hectare en mauvaises conditions). Je choisis un soja simple 0 de variété Kristian, qui a un cycle de 110 à 120 jours, avec l’objectif de le récolter entre le 5 et le 15 octobre en grains sec sans séchage. L’irrigation du soja démarre dès la mi-juin pour assurer sa levée puis continue tout l’été. En cumul, 250 mm sont apportés, voire 300 mm si la fin d’été est très chaude.
Être très bien organisé dans son travail et respecter ses sols
Neuf fois sur dix, la double culture est la plus rentable sur mon exploitation. Avec les prix d’avril 2024, la double culture aurait une marge brute de plus de 1 600 euros par hectare en moyenne sur trois ans contre 1 300 euros par hectare au maïs. En rendements, j’obtiens 55 à 80 quintaux par hectare en orge, 30 à 35 quintaux par hectare en soja dérobé, 130 à 150 quintaux par hectare en maïs. Les variétés de maïs sont choisies en conséquence (indice 400-420) avec un semis de fin mars à début avril pour permettre une récolte fin septembre, avant celle de soja et les semis d’automne.
Ce système de double culture en un an nécessite une organisation importante, avec des interventions bien calées à l’avance. J’ai du matériel adapté à la double culture pouvant passer et semer dans des résidus de culture en un minimum de passages. Toutes les récoltes sont réalisées par un entrepreneur. Je prête une grande attention à mes sols. Ils montrent une bonne structure avec une bonne infiltration de l’eau. Sur le système de double culture, toutes les pailles sont restituées au sol. Pour préserver le sol, j’ai des tracteurs légers (6-7 tonnes maxi) équipés de roues hyperlarges et je limite les passages au maximum. »