Couvert d’interculture : quelles sont les variétés et espèces adaptées pour des semis d’été après moisson ?
Des recherches spécifiques sont menées pour obtenir des variétés ou trouver des espèces adaptées aux couverts d’interculture, notamment pour des semis précoces en été et une couverture végétale longue. Tour d’horizon chez quelques semenciers.
Des couverts pouvant être semés tôt, capables de germer en plein été, supportant des températures élevées et ne montant pas à grenaison trop précocement à l’automne : la combinaison idéale se trouve souvent dans des mélanges d’espèces. Les semenciers travaillent à obtenir les variétés ou à trouver les espèces répondant le mieux à ces besoins.
Pour les légumineuses restituant de l’azote au sol au profit de la culture suivante, il n’y a pas d’autre choix que de les semer suffisamment tôt pour en obtenir un bon développement. Ces espèces ont besoin de cumuls de températures importants, mais elles peuvent se montrer sensibles aux conditions sèches.
Des vesces sont adaptées aux couverts d’interculture. « Nous identifions des variétés qui ont une forte capacité à pousser très tôt. Nous en avons sélectionné comme Massa (vesce velue) ou Titane et Cobalt (vesce pourpre) qui poussent très bien après un semis précoce d’été, présente Annick Basset, responsable recherche et développement sur les couverts végétaux à Cérience. Quel est leur comportement en conditions sèches ? « Une fois que ces vesces sont levées, elles sont sauvées, assure la spécialiste. Nous recherchons des vesces produisant une biomasse importante dès l’installation. Ces vesces fleurissent à l’automne, mais ne montent pas à graine. » Sur les vesces, l’obtention de variétés résistantes à l’aphanomyces fait partie des priorités. La culture de pois est notamment sensible à cette maladie. « En vesce velue, nous sommes en cours d’obtention de variétés résistantes et nous en proposons déjà en vesce commune. »
Des avoines rudes tropicales adaptées à nos conditions
D’autres légumineuses semées tôt peuvent combiner production précoce de biomasse et bonne restitution d’azote : fénugrec, mélilot, plusieurs espèces de trèfles… « En plus du stockage d’azote, l’ajout de légumineuses dans un couvert permet également de maintenir un rapport C/N du couvert moyen/faible (de 10 à 20), ce qui permet un relargage plus rapide des éléments organiques après destruction, sans créer de faim d’azote », précise la société de conseil Agroleague.
Les graminées sont très utilisées dans les compositions de mélanges en couverts d’interculture pour leur système racinaire et leur faculté à couvrir le sol rapidement. « Pour les semis précoces d’été, nous proposons dans nos mélanges le moha, qui est une graminée de type C4 supportant bien les excès de chaleur, présente Cédric Poeydomenge, directeur marketing chez Lidea. L’avoine rude (strigosa) figure dans certains mélanges. « Nous avons travaillé cette avoine avec des populations originaires d’Amérique du Sud qui avaient l’inconvénient d’être très précoces, mais qui étaient résistantes aux rouilles. Nous avons obtenu des variétés très tardives, adaptées pour les semis d’été, décrit Annick Basset. Ces variétés épient tardivement à l’automne. Elles arrivent au stade « gonflement de la gaine » fin novembre. C’est un stade où l’avoine rude est sensible au froid et où elle peut être détruite naturellement par le gel à cette période. La précocité de biomasse a été améliorée chez ces variétés par rapport aux avoines précoces. »
Association de plantes bienfaitrices dans les mélanges
Les crucifères (moutardes, radis…) sont de bonnes « pompes à azote » et montrent un système racinaire pivotant intéressant pour la restructuration de sols. Des semis précoces peuvent être envisagés à condition de trouver des variétés tardives ne montant pas à graine. C’est le cas de la moutarde brune Vitasso de Cérience. Des variétés de moutarde d’Abyssinie et de radis chinois sont très tardives à floraison. « Une variété de moutarde d’Abyssinie comme Utopia est plus tardive à floraison qu’une moutarde blanche classique et peut être semée sitôt après moisson », indique Sophie Fallières, responsable de marché couverts végétaux à Deleplanque.
Diverses espèces sont associées dans des mélanges commercialisés par des semenciers, dont certains adaptés plus particulièrement aux semis précoces après moisson pour une interculture longue. « Lidcover Summer est notre couvert le plus adapté à l’été avec du nyger, du chia, du moha, des espèces tolérantes au chaud et au sec », présente Cédric Poeydemenge. Le semencier Lidea présente plusieurs mélanges « à vocation agronomique » pour les semis d’été. Idem chez Cérience. « Notre nouveau mélange Chlorofiltre Fertil contient de l’avoine rude de variété Océane, tardive à épiaison et précoce en biomasse, de la vesce du Bengale à forte capacité de biomasse, de la phacélie, du trèfle d’Alexandrie monocoupe produisant également beaucoup de biomasse rapidement », décrit Édouard Varaigne, chef marché agronomie et solutions chez Cérience.
Chez Deleplanque, parmi les solutions, le couvert Carinazote associe moutarde d’Abyssinie et trèfle d’Alexandrie, adapté pour des couverts d’été précoce à tardif, sans floraison ni montée à graine, une absence de lignification, des reliquats élevés en NPK… Les solutions ne manquent pas de la part des divers semenciers et distributeurs pour répondre au besoin de couverture végétale précoce en été.
Des espèces originaires de régions tropicales
Les sélectionneurs recherchent des espèces de couverts loin de nos frontières, « comme des espèces qui pourraient s’adapter aux périodes de sécheresse, poussant en été et apportant un bénéfice au sol en le couvrant suffisamment contre le salissement par les adventices », explique Sophie Fallières, de chez Deleplanque. Les régions tropicales nous ont amené le moha, l’avoine rude, la moutarde d’Abyssinie, le nyger… « Ce dernier supporte bien les conditions chaudes et sèches. La taille petite des graines facilite le semis avec des équipements simples de type Delimbe », expose Pierre Baldo, chef de marché plantes de service chez Lidea.