Colza : les plantes compagnes aident à bien passer l’automne
Réduction de l’impact des ravageurs d’automne, meilleur développement de la plante… Semer des plantes compagnes (légumineuses) avec le colza montre de multiples bénéfices qui se mesurent surtout dans les sols à faible potentiel.
Réduction de l’impact des ravageurs d’automne, meilleur développement de la plante… Semer des plantes compagnes (légumineuses) avec le colza montre de multiples bénéfices qui se mesurent surtout dans les sols à faible potentiel.
Les plantes compagnes améliorent l’implantation du colza. « Des espèces associées au colza, principalement des légumineuses, réduisent le nombre de larves d’insectes à l’automne, à condition que la biomasse du couvert soit suffisante, au minimum de 200-300 g/m2 à l’entrée de l’hiver », précise Michael Geloen, de Terres Inovia Bourgogne-Franche-Comté. Les attaques des larves d’altise et de charançons du bourgeon terminal provoquent un port buissonnant chez le colza, réduisant son potentiel de rendement. « Une synthèse d’essais montre qu’avec une biomasse supérieure à 1,5 kg pour le colza et le couvert associé, le pourcentage de plantes buissonnantes ne dépasse pas 20 %. Or, il est plus facile d’atteindre cette biomasse élevée en présence des plantes compagnes », souligne Mathieu Abella, de Terres Inovia Sud-Ouest.
La dynamique de croissance du colza est améliorée, avec un effet sur l’enracinement et sur l’alimentation azotée. « La biomasse du colza est légèrement réduite quand il est associé à des plantes compagnes. Par contre, le colza associé contient une teneur en azote toujours plus élevée qu’un colza seul, explique Mathieu Abella. Il sera donc moins susceptible de connaître une faim d’azote à l’automne et aura un meilleur redémarrage à la sortie d’hiver. »
Un effet positif sur la structure des sols hydromorphes
La féverole est la plante compagne la plus utilisée. « Outre son impact sur les insectes d’automne et la production de biomasse, elle a un effet sur la structure du sol. Le colza associé à la féverole passe mieux l’hiver sur des sols à tendance hydromorphe. L’eau stagne moins en surface et le colza rougit moins du fait d’une alimentation azotée qui se déroule mieux », observe Sylvain Hypolite, Agro d’Oc, dans le Sud-Ouest.
Des plantes compagnes avec une bonne couverture du sol comme la lentille ou le fenugrec exercent en outre une concurrence sur les adventices au bénéfice du colza. Et il y a un gain de rendement au final, « de 0 à 5 quintaux par hectare selon nos essais, d’après Michael Geloen. Ces plantes ne font jamais perdre en rendement quand elles sont bien menées. »
Comment implanter les plantes compagnes ? Les graines de petite taille peuvent être semées en même temps que le colza, y compris dans un semoir monograine en utilisant le microgranulateur. Ce n’est pas le cas des grosses graines telles que celles de la féverole. Sylvain Hypolite préconise une dose de 12 à 15 grains par m2 pour cette espèce avec un double semis, celui de la féverole précédant celui du colza. « Mais le semis en même temps dans la même trémie est possible quand on ajoute un anti-limace et des graines de lentille en guise de plante compagne, qui apportent différentes tailles de semences et granulés, signale-t-il. Il y a moins de phénomènes de sédimentation dans la trémie et le semis est homogène. »
Seulement 20 % des colzas avec des plantes compagnes
Pour la réussite de l’implantation, les légumineuses nécessitent d’être semées précocement, ce qui peut « nécessiter d’avancer le semis de colza d’une dizaine de jours avec des plantes associées par rapport à un colza seul », selon Michael Geloen. Les plantes compagnes sont détruites par le gel ou avec un traitement herbicide à la sortie de l’hiver. Dans chaque région, le choix des espèces se fera en fonction de leur sensibilité au gel ou selon d’autres paramètres, comme le risque Aphanomyces, maladie se transmettant de certaines légumineuses au pois de printemps.
« Dans les régions où le risque de manque d’eau est le plus élevé, il peut être judicieux de choisir des légumineuses à petites graines (lentilles, fenugrec, trèfles…), conseille Michael Geloen. On sécurisera mieux la levée avec ces espèces avec un peu moins d’eau que pour la féverole qui risquera de lever trop tardivement à cause de ses grosses graines. » Des plantes compagnes comme certains trèfles sont semés pour produire un couvert pérenne ou semi-permanent.
Le concept de colza associé existe depuis plus de dix ans. Pourtant, il ne couvre que 20 % des surfaces de l’oléagineux malgré son intérêt. Le coût des semences peut être un frein quand elles ne sont pas produites à la ferme malgré le possible retour sur investissement par le gain de rendement et l’économie en certains intrants. « Les plantes compagnes sont particulièrement intéressantes dans les situations de sol à petit potentiel, où l’on a du mal à faire de la biomasse avec du colza, comme les sols superficiels, souligne Michael Geloen. Sur les sols à potentiel élevé, le recours aux plantes compagnes présente peu d’intérêt. »
D’autre part, le semis de plantes compagnes ne sera pas pertinent si l’infestation en adventices dicotylédones est importante sur une parcelle. Dans ce cas, il vaut mieux mettre la priorité sur le désherbage en recourant à la panoplie herbicide disponible. D’ailleurs, la gestion des adventices avec les plantes compagnes peut faire peur. Car en semant une légumineuse avec un colza, tout désherbage chimique de présemis et de prélevée est proscrit (sauf avec des anti-graminées). Les produits anti-dicotylédones utilisés en post-levée précoce devront, eux, être modulés dans leurs doses d’utilisation pour éviter toute phytotoxicité sur les légumineuses. Toutefois, cette stratégie de désherbage allégé suffira dans les situations à infestations modérées en adventices, de même que l’utilisation d’herbicides de post-levée tardive comme Ielo ou Mozzar à l’entrée de l’hiver.
Un pack prêt à l’emploi associant légumineuses et colza