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Semis de colza : ces variétés qui augmentent vos chances de réussir l’implantation

Le levier variétal peut être actionné pour diminuer les risques à l’implantation de son colza, grâce à la tolérance de certaines variétés aux insectes d’automne et à la vigueur au démarrage. Mais gare aux risques d’élongations de tige.

La recherche de vigueur au démarrage du colza chez les semenciers porte ses fruits. « Nous l’évaluons dans notre réseau d’essais depuis quelques années et nous notons d’importantes différences entre variétés. Parmi les inscriptions récentes, plusieurs présentent des notes de vigueur supérieures à 7, la note maximale étant de 9, observe Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation variétale chez Terres Inovia. Ces variétés présentent un développement foliaire de 10 à 15 % plus important à l’automne que des colzas ne présentant pas cette forte vigueur. »

Ce caractère génétique contribue à la réussite de l’implantation du colza. « Une variété vigoureuse ne rattrape toutefois pas un défaut de préparation de sol, de date de semis, de positionnement de la graine ou encore d’alimentation azotée, tempère le spécialiste. La qualité d’implantation joue largement davantage sur la réussite du colza. » La vigueur variétale est un levier supplémentaire pour obtenir un colza robuste face aux aléas climatiques et sanitaires (insectes, adventices) qu’il subit à l’automne.

La recherche génétique de vigueur à l’automne peut s’accompagner d’un accroissement de la sensibilité à l’élongation. Les variétés avec une tolérance à l’élongation n’existent quasiment plus. Or, avec des automnes de plus en plus doux et des semis précoces, le risque d’élongation de tige est souvent élevé en colza. « Nous avons observé de nombreux cas en 2022 mais il n’y a pas eu de grosses conséquences du fait de faibles épisodes de gel. Et les verses au printemps ont été rares », relate Arnaud Van Boxsom. Les variétés à sensibilité élevée à l’élongation seront à éviter pour plutôt recourir à des colzas de sensibilité moyenne dans les situations à risques avec des semis très précoces (début août) ou sur des parcelles contenant beaucoup d’azote disponible dans le sol.

Une diminution de larves d’altises de moitié chez certaines variétés

Quand le colza n’atteint pas suffisamment rapidement le stade 4 feuilles, les attaques d’insectes comme la grosse altise et le charançon du bourgeon terminal sont très préjudiciables. Après 4 feuilles, la culture se montre nettement moins vulnérable d’où l’importance de sa vitesse de développement dans ses premiers stades.

Outre leur caractère de vigueur au départ, des variétés montrent des infestations moindres en ravageurs que d’autres. « Nous notons une diminution de moitié de larves entre les variétés les meilleures sur ce caractère de tolérance aux insectes d’automne et les moins bonnes », explique Arnaud Van Boxsom. Inscrite en 2018, la variété de colza Feliciano KWS est une référence en la matière. « Elle fait toujours partie des meilleures aussi bien en termes de larves (comptées en sortie d’hiver) que de symptômes (ports buissonnants chez les variétés très attaquées) », assure le spécialiste. Terres Inovia propose son premier classement variétal sur ce critère de tolérance aux ravageurs d’automne cet été.

Les variétés KWS sont bien placées. Le semencier KWS Maïs France en a même fait un argument de vente. « Dans une gamme dénommée InsectProtect, nous proposons sept variétés reconnues pour leur excellent comportement en culture face aux altises : KWS Arianos, Feliciano KWS, KWS Pianos, Allesandro KWS, KWS Dingos, KWS Mikados et KWS Tonos, présente Arnaud Nogues, chef marché colza chez KWS Maïs France. 50 % de cette génétique s’avère meilleure que Feliciano KWS sur ce caractère. »

Une variété piège à altises en mélange avec du colza classique

Dans la lutte génétique contre les altises, le semencier va plus loin. « Nous avons identifié des variétés pièges à altises et avons lancé KWS Escape, variété très attractive pour ces ravageurs à utiliser en association avec des variétés performantes », présente Arnaud Nogues. La variété est disponible en boîtes de 100 000 graines qu’il faut mélanger à une dose de colzas et constituer un mélange homogène comportant 7 % de la variété piège. Celle-ci détourne les altises des pieds de colza de l’autre variété. « Avec cette stratégie que nous testons depuis quatre ans, nous relevons 30 % de larves en moins. Ce n’est pas une solution miracle mais un levier supplémentaire pour lutter contre les ravageurs d’automne », avance le responsable. Un dépôt de fiche CEPP (1) a été réalisé en début d’année pour inscrire la technique dans les critères permettant la réduction des phytos. Par ailleurs, Terres Inovia teste le mélange de variétés pour observer la réponse aux ravageurs d’automne.

Des variétés d’autres semenciers que KWS sont citées comme présentant un bon comportement aux insectes : RGT Picasso, LG Amplitude, LG Aviron, Lid Generoso… « Cette tolérance variétale reste malgré tout moins efficace sur les ravageurs que les interventions insecticides et même les plantes compagnes », relève Arnaud Van Boxsom. Le retrait du phosmet (Boravi WG) a pu rendre les agriculteurs démunis face aux fortes attaques d’insectes à l’automne dans certaines zones. Pas encore homologué, un insecticide fait l’objet de dérogations pour pallier ce manque.

(1) Certificat d’économie de produits phytopharmaceutiques.

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