Fertilisation azotée du colza : dans quel cas peut-on apporter 30 unités d’azote minéral en végétation à l’automne ?
Le 7e programme national d’actions nitrates donne la possibilité d’apporter de l’azote minéral sur colza entre le 1er septembre et le 15 octobre en zone vulnérable. Dans les régions qui ont retenu cette mesure, les agriculteurs pourront donc effectuer une fertilisation azotée du colza dès cet automne 2024.
Le 7e programme national d’actions nitrates donne la possibilité d’apporter de l’azote minéral sur colza entre le 1er septembre et le 15 octobre en zone vulnérable. Dans les régions qui ont retenu cette mesure, les agriculteurs pourront donc effectuer une fertilisation azotée du colza dès cet automne 2024.
- Que prévoit le 7e programme d'actions nitrates concernant la fertilisation azotée du colza à l’automne ?
- Dans quelles conditions la réglementation permet un apport d’azote sur colza à l’automne ?
- Schéma de décision pour la fertilisation azotée du colza entre 1er septembre et le 15 octobre
- Pourquoi un apport d’azote sur colza est intéressant à l’automne ?
- L’exemple de la région Centre-Val de Loire
- Attention à la fertilisation azotée du colza selon les conditions climatiques
- Quelles règles s’appliquent si la mesure ne figure pas dans le programme d’actions régional ?
Que prévoit le 7e programme d'actions nitrates concernant la fertilisation azotée du colza à l’automne ?
La principale nouveauté apportée par le 7e programme d’actions nitrates (PAN) est la possibilité de réaliser un apport d’azote minéral sur colza plafonné à 30 kg/ha, en végétation, après le 31 août, entre le stade 4 feuilles et le 15 octobre. Cette possibilité est réservée aux situations de risque d’apparition d’une carence azotée en fin d’automne, dans le but de maintenir une croissance active du colza et ainsi, d’améliorer la tolérance des plantes aux infestations larvaires d’insectes d’automne. Chaque région peut choisir de l'inscrire ou non dans son programme d'actions régional (PAR).
Dans quelles conditions la réglementation permet un apport d’azote sur colza à l’automne ?
Cet apport ne peut être réalisé que dans les situations suivantes. Tout d'abord, le semis de colza doit être réalisé avant le 25 août. Ensuite, l'apport d'azote sur colza est autorisé dans les situations où il n'y a pas d’apport de fertilisants azotés de types 0 (composts de déchets verts, boues de papeteries…), I. a (fumiers compacts, composts d’effluents d’élevage…), I. b (déjections animales avec litière…) et II (déjections sans litière, fientes de volailles…) avant le 1er septembre correspondant à plus de 30 unités d’azote efficaces. Enfin, c'est aussi possible si au moins une des deux conditions suivantes est respectée : implantation du colza après un précédent céréales à pailles avec résidus de culture enfouis et fréquence historique d’apport de fertilisants de types 0, I. a, I. b ou II inférieure à une année sur trois, ou bien sols à faible disponibilité en azote (précisés dans les PAR).
Cette mesure sera réexaminée en 2027 et ne sera reconduite que si l’actualisation des connaissances démontre que cet apport en végétation à l’automne ne conduit ni à une augmentation du risque de lixiviation des nitrates ni à une augmentation des doses totales d’azote apportées sur colza.
Schéma de décision pour la fertilisation azotée du colza entre 1er septembre et le 15 octobre
Pourquoi un apport d’azote sur colza est intéressant à l’automne ?
Une fertilisation azotée du colza pour dynamiser la croissance durant toute la campagne
Pour Luc Champolivier, spécialiste fertilisation chez Terres Inovia, « un apport en végétation dans des situations d’azote limité est une bonne solution. On fournit de l’azote à bon escient pour obtenir une dynamique de croissance du colza dans la deuxième partie de l’automne, alors qu’un apport au semis booste la croissance du colza jusqu’à la mi-octobre seulement. Cette accélération de la croissance est intéressante car elle intervient à un moment où l’on peut avoir des faims d’azote et cela contribue à réduire les dégâts consécutifs à des infestations larvaires d’altises et de charançons. »
Pas d’augmentation du risque de lixiviation de l’azote et réduction de la fertilisation azotée au printemps
Par ailleurs, les essais de Terres Inovia ont montré que l’on obtenait un CAU (coefficient apparent d’utilisation) de 1 quand l’on apportait 30 unités à l’automne après 4 feuilles, ce qui signifie que tout cet azote est absorbé et se retrouve dans la plante. Il n’y a pas d’augmentation du risque de lixiviation de l’azote à l’automne avec cette fourniture. En outre, cet apport précoce permet de réduire d’autant la dose à fournir au printemps, sans modifier la quantité totale d’azote pour le colza.
L'exemple de la région Centre-Val de Loire
Franck Paineau, conseiller à la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire, indique que la région Centre-Val de Loire a inscrit cette mesure dans son 7e programme d’actions régional car certains de ses départements se caractérisent par des sols où la disponibilité de l’azote est faible (sols argilo-limoneux, caillouteux) et où il y a peu d’effluents d’élevage. « On observe que dans les régions d’élevage où il y a des apports organiques, les colzas font davantage de biomasse et sont plus résistants aux attaques larvaires ». Ainsi, il confirme les propos de Terres Inovia en indiquant que « les plantes qui n’arrêtent pas de pousser, qui font beaucoup de biomasse, se comportent mieux face aux larves grosses altises ».
Attention à la fertilisation azotée du colza selon les conditions climatiques
Mais attention, la possibilité d'un apport d'azote à l’automne dans des sols où la disponibilité de l’azote est faible est intéressante si les conditions climatiques y sont favorables (si possible 10 à 20 mm d’eau dans les jours qui suivent).
Quelles règles s’appliquent si la mesure ne figure pas dans le programme d’actions régional ?
Dans les régions qui n’ont pas retenu cette mesure ou dont le programme régional est encore en phase de consultation, il est toujours possible d’apporter de l’azote minéral mais seulement au semis avant le 31 août, dans la limite de 30 unités en plein et de 10 unités en application localisée. Cette fertilisation peut se faire au travers de l’apport d’engrais binaire NP ou ternaire NPK. Attention néanmoins à se conformer à la réglementation en vigueur qui peut différer selon les régions.
Régions ayant adopté la mesure dans leur 7e programme d’actions régional nitrates (au 20 août 2024) :
Centre-Val de Loire, Grand Est, Hauts-de-France, Bourgogne-Franche-Comté, Île-de-France.