Choisir la précision en 13 questions-réponses
David Vincent note et enregistre tout ce qu'il fait. Associée à une passion pour l'informatique et l'innovation, cette habitude l'a conduit très vite à s'intéresser à l'agriculture de précision.
- Quelles sont les 11 cultures que David Vincent a produites en 2015 ?
- Quels sont ses rendements moyens ?
- L'assolement de David Vincent a-t-il fortement évolué depuis qu'il s'est installé ?
- Avant de se lancer dans l'agriculture de précision, David Vincent a-t-il tenté d'autres choses ?
- Comment organise-t-il sa rotation ?
- Quels sont ses coûts de production sur ses différentes cultures ?
- Comment David Vincent module-t-il ses doses de semences ?
- Combien la modulation lui permet-il d'économiser en azote ?
- Comment se décompose son parc matériel ?
- Quelle est la taille des parcelles de l'exploitation de David Vincent ?
- Comment était gérée l'exploitation qu'il a reprise ?
- Pourquoi a-t-il arraché ses vignes?
- Pourquoi David Vincent s'est-il retrouvé dans le rouge en 2009 ?
Quelles sont les 11 cultures que David Vincent a produites en 2016 ?
Il a implanté majoritairement du blé dur (44 ha en conso, 25 ha en semence), mais également du pois d'hiver (34 ha en conso, 15,7 ha en semence), du sorgho (18,5), de l'orge d'hiver (13,7 en conso, 14,3 en semence), du tournesol oléique (12 ha) et du maïs conso (10,4). Les autres cultures ne dépassent pas 10 ha : blé tendre semence (9,8), féverole d'hiver (8,7), soja (4,8), avoine noire semence (4,2), luzerne (4 ha). Pour être complet, s'ajoutent à cela des cultures en dérobé qu'il pratique sur les 66 ha repris en 2002 et sur lesquels il peut irriguer : 3 ha de sorgho, 3 ha de soja, 3 ha de tournesol, 5,3 ha de sorgho fourrager.
Quels sont ses rendements moyens ?
Ils sont de 42 q/ha en blé dur, 49 q/ha en blé tendre, 50 q/ha en orge d'hiver, 13 q/ha en tournesol, 40 q/ha en maïs sec, 88 q/ha en maïs irrigué (David Vincent peut irriguer sur les 66 ha qu'il a repris en 2002), 28 q/ha en soja, 43 q/ha en sorgho, 42 q/ha en pois protéagineux, 46 q/ha en féverole.
L'assolement de David Vincent a-t-il fortement évolué depuis qu'il s'est installé ?
Avant 2006, il profitait des aides couplées à la production de blé dur. La céréale revenait tous les deux ans sur les parcelles en moyenne, alternant avec un colza, un pois ou un tournesol. Le passage aux aides découplées l'a conduit à diversifier ses cultures. Il n'y a pas perdu en termes de marge nette et a résolu des problèmes agronomiques.
Avant de se lancer dans l'agriculture de précision, David Vincent a-t-il tenté d'autres choses ?
Oui. Son premier travail « stratégique » sur sa ferme a consisté à compter le temps qu'il passait aux différentes taches. « Je me suis aperçu dès 1998 que je passais en moyenne 6 heures et demie par hectare dont 4 heures sur la première partie du cycle, juste sur la préparation de la culture, explique-t-il. J'avais également la vigne à gérer, et il fallait que je gagne du temps sur les cultures. » Il s'est donc orienté vers une préparation simplifiée du sol et a investi dès 1999 dans un semoir adapté.
Comment organise-t-il sa rotation ?
L'organisation de sa rotation est directement lié à la mise en oeuvre de l'agriculture de conservation sur une partie de sa ferme. Deux cultures non céréalières (sorgho, pois, tournesol, féverole ou colza) précédent deux céréales. Ce système lui permet de gérer les bromes et ray grass résistants.
Quels sont ses coûts de production sur ses différentes cultures ?
Son coût de production le plus élevé est celui du sorgho : 950 euros/ha. Mais c'est sans compter l'atout que représente cette espèce (ainsi que le tournesol) dans la gestion des bromes et des ray-grass. Le maïs coûte autant à produire. Vient ensuite le blé dur, à 780 euros/ha, le tournesol à 650 euros/ha, l'orge d'hiver à 560 euros/ha, le pois protéagineux à 510 euros/ha et la féverole à 470 euros/ha. Ces coûts comprennent les charges opérationnelles, le matériel et la main d'oeuvre. Ce sont de moyennes, qui s'entendent « couverts compris ». La majorité des semences de couverts sont autoproduites sur la ferme et valorisées au prix de vente de la production correspondante, par exemple à 0,23 EUR/kg pour la féverole. Cela représente un coût supplémentaire d'environ 70 à 100 EUR/ha (semis et destruction), pour un rapport quantifiable économiquement d'environ 20 à 100 kg d'azote.
Comment David Vincent module-t-il ses doses de semences ?
Les conditions dans lesquelles il travaille étant limitantes, il en met plus là où les potentiels sont faibles et moins là où ils sont forts. Autrement dit, là où il sait qu'il fera moins de 60 q/ha en orge, il apporte 240 grains/m2, et là où il peut envisager du 75 q/ha, il ne met que 180 grains/ha. L'agriculteur aimerait ajuster mieux. Mais « je fais comme ça pour l'instant car je manque de connaissance », précise-t-il.
Combien la modulation lui permet-il d'économiser en azote ?
Par rapport à la méthode des bilans, il a apporté en moyenne en 2015 28 % d'azote en moins sur ses parcelles. « Je ne sais pas combien j'aurais gagné en plus si j'avais fait ces apports, signale-t-il. Mais le résultat que j'ai obtenu me convient ».
Comment se décompose son parc matériel ?
David Vincent est équipé en John Deere presque exclusivement. Il possède trois tracteurs (6140 R, 6115 R, un telescopique JD 3240), qui lui coûtent respectivement 40 euros, 25 euros et 28 euros de l'heure. L'agriculteur calcule ce coût en déduisant de la valeur d'achat celle de la revente « marché », divisée par le nombre d'heure d'utilisation réelle. Sa moiss-batt est une JD S 560 (130 euros/heure). Il a également un semoir simplifié JD 750 A (91 euros/heure), un épandeur ZA-M Ultra (49 euros/h), un rouleau de 9 mètres (29 euros/ha), une benne Rolland (8 euros/heure). Pour cette campagne, il vient de remplacer son pulvé (un JD 840) par un M732i.
Quelle est la taille des parcelles de l'exploitation de David Vincent ?
Le parcellaire de l'exploitation est hétérogène : les parcelles compte de 1 à 17 ha, la parcelle « moyenne » couvrant 8 ha. Le gain lié au guidage est bien sûr plus faible dans les petites parcelles, mais pour David Vincent, cela reste un atout partout : il permet de gagner en efficacité, en réactivité, en temps de travail et en économie de produits.
Comment était gérée l'exploitation qu'il a reprise ?
Avant qu'il ne la reprenne en 1998, la ferme de la famille de sa femme était tenue par un régisseur qui a pris sa retraite. Les propriétaires n'habitaient plus sur place depuis de nombreuses années.
Pourquoi a-t-il arraché ses vignes?
Après s'être lancé dans le non labour, David Vincent s'est aperçu qu'il ne passait plus que 3 heures par hectares, en moyenne, contre 6h30 auparavant, soit un total de 300 heures aux champs et de 400 heures de travail administratif et technique. David Vincent et son épouse se sont demandés si cela valait le coup d'aller plus loin et de développer une activité de vinification. Après analyse, ils ont renoncé : la commercialisation leur aurait pris trop de temps, au détriment de leur vie de famille. David Vincent est resté en cave coopérative... Jusqu'à ce que celle-ci lui demande de changer ses cépages pour mieux coller à la demande du marché. David Vincent avait déjà mené cette opération en 1998 lors de son installation, et il a préféré tout convertir plutôt que de réinvestir avec des perspectives de profit incertaines.
Pourquoi David Vincent s'est-il retrouvé dans le rouge en 2009 ?
2007 et 2008 ont été de bonnes années, à la fois en termes de prix et de volumes. En 2009, l'agriculteur n'a pas pu semé dans de bonnes conditions. Une sécheresse au printemps a fait le reste concernant la récolte. Or cette même campagne, les engrais ont flambé. David Vincent avait acheté en morte-saison à des prix très élevés (800 euros/t pour les engrais de fond, 420 euros/t pour l'ammonitrate). Petite récolte, mauvais prix et charges importantes l'ont conduit au bord du gouffre. « Avant 2008, j'avais une année de récolte d'avance en trésorerie, explique-t-il. J'ai tout mangé en 2009... Et même plus ! J'ai du m'endetter ». Ce n'était que pour mieux repartir... !
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