Assemblée générale de la CGB : les coopératives betteravières sur le gril
Chaude ambiance au congrès de la CGB, où les coopératives ont dû se défendre face aux critiques exprimées par le syndicat majoritaire.
Chaude ambiance au congrès de la CGB, où les coopératives ont dû se défendre face aux critiques exprimées par le syndicat majoritaire.
Un repas de famille houleux. Le congrès de la CGB qui s’est tenu le 15 janvier a laissé une large place à une table ronde sur le rôle des coopératives et du syndicalisme dans la filière betteravière. Le contexte n’est certes pas propice aux yeux doux au sein de l’interprofession. Les prix payés pour les betteraves ont été au plus bas en 2019, sur fond d’annonce de fermeture de quatre usines en France et d’engagements sur les prix non tenus chez Cristal Union. Du côté de Tereos, de fortes secousses internes générées par des critiques sur la gouvernance ont défrayé la chronique. Les deux coopératives, qui regroupent 90 % des planteurs français et dont les deux présidents étaient présents en tribune, se sont vues demander des comptes.
« La machine s’est détraquée »
« La machine s’est détraquée, a lancé Franck Sander, président de la CGB. La filière a été rattrapée par une perte de cohérence stratégique et n’a pas su répondre collectivement à la crise. Si l’on ne redonne pas des perspectives aux planteurs, il y a un vrai risque de délitement de la filière. » Samuel Vandaele, président des Jeunes agriculteurs, a fait état d’un « sentiment de dysfonctionnement des coopératives dans le secteur betteravier » sur le terrain : « quand un jeune s’engage dans une coopérative, il rachète des parts qu’il met dix ans à amortir, et l’on n’est pas capable de lui donner une visibilité à trois ans. Sans vraies perspectives, ce n’est plus un investissement, c’est une charge. » Pour les syndicats, les coopératives doivent faire plus en termes de transparence et de contractualisation, mais aussi de mise en œuvre d’outils de gestion du risque sécurisant les prix de la betterave, tels que des prix indexés sur les marchés à terme. « Des outils existent pour éviter par exemple que, quand on fixe un prix, Coca Cola ne revienne dessus, a insisté Franck Sander. Ce sont eux qu’il faut actionner pour qu’il ne nous arrive pas la même chose en cas de rechute. »
« N’ayons pas la mémoire courte »
Les coopératives ont défendu des décisions difficiles dictées par un environnement économique hostile, dans un univers sucrier totalement nouveau. « Ce n’est pas le moment de se déchirer mais de se retrousser les manches, a répondu Jean-Charles Lefebvre, président du conseil de surveillance de Tereos. Laissez-nous le temps de construire le modèle de demain. » « N’ayons pas la mémoire courte, a embrayé Olivier de Bohan, président de Cristal Union. Sur les dix dernières années, les meilleurs payeurs étaient les coops. Et ce sont elles qui ont développé la filière éthanol. » Avant de rappeler « le challenge qu’il y avait à relever » avec la fin des quotas. « Vous parlez de non-respect des engagements, mais qui pouvait prévoir l’ampleur de ce qui s’est passé sur le marché ? », allusion à l’effondrement brutal du prix du sucre. En attendant, les accords interprofessionnels ne sont toujours pas signés. Les discussions achoppent sur la mise en place de contrats et les organisations de producteurs. « Nous avons six mois pour remettre sur pied l’interprofession, a prévenu Franck Sander. Nous devons aborder les vrais sujets. »
Dissonance sur les associations de producteurs
Les syndicats n’ont pas digéré l’obstruction des représentants des coopératives dans le processus de reconnaissance officielle des organisations de producteurs (OP). « Nous avons souhaité créer des OP pour discuter avec Saint Louis Sucre, et ce que les planteurs reprochent aux coops, c’est de s’être opposées à leur mise en place, ce qui a retardé le dossier », a rappelé Franck Sanders. « Les coops sont les organisations de producteurs les plus abouties par nature, a répondu Dominique Chargé, président de la Coopération agricole (nouveau nom de Coop de France). Il n’y a pas de sujet à recréer un État dans l’État, et ce serait dangereux. » Les représentants des coopératives présents ont toutefois affirmé ne pas avoir « d’opposition de principe » au soutien des OP dans le cas où celles-ci ne concernent pas les coops. La CGB affirme quant à elle n’envisager l’action des OP que dans le cadre de négociations avec des groupes non coopératifs.