Une offre en pommes bio en augmentation
Lors du lancement officiel de la campagne pomme poires le 30 août à Paris, l’ANPP a montré les efforts de la production pour répondre aux attentes des consommateurs et notamment à la demande en pommes bio.
Lors du lancement officiel de la campagne pomme poires le 30 août à Paris, l’ANPP a montré les efforts de la production pour répondre aux attentes des consommateurs et notamment à la demande en pommes bio.
La demande en bio progresse encore. La production de pommes suit-elle ces attentes ? Difficile d’évaluer, à l’hectare près, le verger de pommes bio en France. « On ne peut pas se reposer sur les statistiques de l’agence bio qui sont des fois un peu surprenantes », notait Vincent Guérin, responsable des affaires économiques de l’ANPP. Il cite notamment « certains départements où la production bio dépasserait celle du verger ! ». Devant ces petites incohérences, « nous essayons de faire nos propres évaluations », explique-t-il. L’association Pommes-poires estime donc à 7 ou 8 % la production bio par rapport à la production nationale. Une progression en croissance.
La demande, que ce soit sur le marché du frais ou de la transformation (en particulier sur les compotes) est, elle, en très forte croissance. « Les opérateurs de l’aval ont parfois du mal à se sourcer en bio, mais les reconversions sont importantes, assure Vincent Guérin. L’offre bio est en phase d’augmentation sensible et cette augmentation n’est pas linéaire, elle est plutôt exponentielle. La donne est en train de changer sensiblement », souligne-t-il.
À l’ANPP, on compte 1 000 ha de vergers cultivés en bio (dont près de la moitié est déjà certifiée), une production en évolution surtout ces dernières années. « Depuis ces deux dernières années, on a un très fort de conversion qui pousse vers l’agriculture biologique. Les arboriculteurs souhaitent répondre au marché et aux attentes du consommateur », confirme Pierre Varlet, responsable Veille technique de l’association Pommes-Poires.
Daniel Sauvaitre, président de l’ANPP, n’omet néanmoins pas d’ajouter : « Aujourd’hui on ne peut faire de l’agriculture biologique en France que parce qu’on a des produits sous dérogation. Si on n’a pas de dérogations l’année prochaine, c’est toute une production qui peut tomber ». Et de rappeler : « On a besoin pour nos vergers, en bio comme en agriculture conventionnelle, de protection. On développe des variétés qui sont tolérantes, on fait tout ce que l’on peut, on en a vraiment envie, mais de grâce, n’oublions pas que l’on a besoin encore de protéger ! »
Les variétés plus tolérantes ou “moins sensibles” (Ariane, Boskoop, Antarès, Dalinette, Crimson Crisp Evelina Roho, Juliet…) sont en effet aussi un levier pour mieux répondre aux attentes des consommateurs. Pierre Varlet comptabilise environ 3 000 ha de vergers avec les variétés les moins sensibles aux maladies (12 % du verger ANPP qui lui-même représente 64 % du verger français). « Sur ces 3 000 ha, il y en a un quart qui a été planté ces cinq dernières années », détaille-t-il afin de montrer l’investissement économique (« pour la plantation d’un verger, il faut compter au moins 50 000 € l’hectare ») et la prise de risque de la production sur des variétés « qui ne sont pas encore connues, qui doivent conquérir le consommateur et qui répondent à ses attentes ».
Discuter plutôt que batailler
« Il faut garder un lien fort avec le consommateur, affirme Daniel Sauvaitre. Le débat sur les pesticides, c’est avant tout la réussite des ONG, pas des consommateurs ». Et plutôt qu’une bataille peu efficace, l’ANPP a choisi le dialogue avec celles-ci, afin de désamorcer le conflit. « À l’ANPP, on n’avait pas l’habitude de discuter si ce n’est devant les tribunaux avec Greenpeace, on a changé un petit peu notre fusil d’épaule, déclare Pierre Varlet. Il faut avouer que l’approche juridique n’apportait pas grand-chose en termes d’apaisement avec les ONG. On a donc invité Greenpeace à visiter nos vergers. Après la visite de plusieurs vergers (plus de dix rencontres dans les vergers ou chez les opérateurs), nous avons été très étonnés de leur constat. Ils ont même déclaré à la télévision que “ce n’était pas si mal”. Assez satisfaisant et assez surprenant comme résultat », déclare Pierre Varlet. Le 4 juin dernier, c’était au tour de Greenpeace d’inviter l’ANPP dans le cadre de la “course Zéro pesticides” initié en 2015 avec les enseignes de la GMS… Qui l’auraient cru quelques mois avant ? Depuis, le dialogue est entamé avec d’autres ONG. Pierre Varlet avertit néanmoins les enseignes sur l’une des doléances de Greenpeace, les cahiers des charges des enseignes : « Attention à la multiplication des cahiers des charges et des exigences qui font, qu’en termes réglementaires, on est déjà dur le fil du rasoir pour continuer à produire. Si vous vous précipitez vers les impasses techniques, ça va être compliqué pour continuer à approvisionner vos magasins ».