Un nouveau concept signé Michelin pour protéger les vergers ?
Un prototype de couverture rétractable des vergers, conçu par Michelin, a été présenté aux professionnels au début de l’été. Ce concept exploratoire vise à protéger les vergers contre l’ensemble des aléas climatiques.
Un prototype de couverture rétractable des vergers, conçu par Michelin, a été présenté aux professionnels au début de l’été. Ce concept exploratoire vise à protéger les vergers contre l’ensemble des aléas climatiques.
Une solution « tout-en-un », prévue pour protéger les vergers contre tous les aléas climatiques, et même contre les ravageurs… C’est l’idée développée par deux ingénieurs de la société Michelin et présentée lors de la journée nationale pomme et de la rencontre technique cerise du CTIFL, en juin et juillet dernier. « L’idée est née au cours de l’épisode de gel de 2021, évoque Adrien Di Pasquale, ingénieur Michelin à l’origine du projet. Je me suis demandé si nous, Michelin, pouvions faire quelque chose pour aider la profession agricole. Nous avons eu l’idée d’une structure rétractable, qui s’ouvre et se ferme au-dessus des vergers, au gré des besoins. » L’aspect rétractable de la structure repose sur du pneumatique, cœur de métier de Michelin.
Protéger contre le gel, les insectes, la canicule…
Le projet, intitulé « Paraléas », est développé dans le cadre de la structure Michelin Innovation Lab (MIL). Celle-ci est une sorte d’incubateur visant à encourager l’innovation au sein de l’entreprise auvergnate, en explorant de nouveaux domaines. Le MIL est à l’origine d’innovations comme Wisamo, une aile gonflable visant à décarboner les transports maritimes, ou encore les résines adhésives ResiCare. Ne connaissant pas les problématiques des arboriculteurs, les ingénieurs de Michelin ont contacté début 2023 Philippe Sfiligoï, producteur dans le Lot-et-Garonne. « Cet appel m’a d’abord un peu surpris, confie l’arboriculteur. Nous avons passé plusieurs heures au téléphone. Ils m’ont demandé de leur expliquer tout ce qui se passe dans les vergers, et nous avons fait de la coconstruction pour arriver à une première hypothèse de travail. » Selon l’arboriculteur, le concept Paraléas ouvre un champ de perspectives qui peut « révolutionner l’arboriculture ».
L’idée repose d’abord sur système de couverture gonflable qui se déploie plus ou moins quand il y a un risque de gel. « On est ensuite allés plus loin : il faut un système qui protège des insectes, de la canicule et de l’excès de pluie, poursuit Philippe Sfiligoï. Avec une structure rétractable, il n’y a plus besoin de mécanique, de poutres, de filets. S’ils parviennent la réaliser, on peut limiter les passages de tracteurs, éviter le travail en hauteur des salariés pour déployer et fermer les filets, améliorer le confort de travail en cas de canicule ou quand il pleut… »
Un fonctionnement en basse pression
Le prototype présenté lors de la journée nationale pomme, au centre CTIFL de La Morinière, est une étape intermédiaire du concept. Développé sur verger de pommier, il est composé actuellement de modules de 1,40 mètre de long qui se déploient sur une largeur de 80 cm de chaque côté de la ligne de plantation. Mais les ingénieurs envisagent plutôt des modules d’une dizaine de mètres de long, ce qui permettrait d’alléger la structure. Des filets verticaux insect-proof compléteront le dispositif. « On pourra aussi augmenter la largeur du toit, et jouer sur sa transparence, précise Adrien Di Pasquale. On a beaucoup discuté avec des producteurs sur la question de la protection monoparcelle ou monorang. Le système gonflable permet assez facilement d’envisager les deux. » Le fonctionnement en basse pression (0,1 bar) du gonflage est peu énergivore et peut s’activer à distance.
Les ingénieurs de Michelin estiment aujourd’hui que le matériel est amortissable à raison de 5 000 euros par hectare et par an sur quinze ans. Un coût plus élevé qu’une protection filet classique, mais qu’il faut pondérer par la diminution des coûts de main-d’œuvre ou de lutte antigel. Le passage de la phase de concept à la phase commerciale dépendra de l’intérêt que manifesteront les producteurs. Si le projet n’intéresse pas la profession, il n’ira pas plus loin. En cas de retours favorables, l’objectif de l’équipe de développement est d’aboutir à un modèle commercialisable dans trois ans.