Abricot : un marché européen très concurrentiel
La France fait face à une concurrence européenne qui s’intensifie sur le marché de l’abricot. Alors que sa production diminue, celle de ses voisins italien et surtout espagnol progresse.
La France fait face à une concurrence européenne qui s’intensifie sur le marché de l’abricot. Alors que sa production diminue, celle de ses voisins italien et surtout espagnol progresse.
La filière abricot française a vécu plusieurs campagnes difficiles ces dernières années et fait face à la concurrence accrue de ses voisins européens, surtout à l’export. Cette situation a conduit la Section interprofessionnelle de première mise en marché (SIPMM) à dresser un état des lieux du marché européen et du positionnement de la France dans celui-ci. Cette étude a fait l’objet d’un article paru dans Infos CTIFL en novembre dernier. La quasi-totalité du verger français est localisée dans un grand quart Sud-est. Sur les 12 000 ha d’abricotiers en France, cinq départements regroupent 90 % de la superficie nationale : la Drôme, le Gard, les Pyrénées-Orientales, les Bouches-du-Rhône et l’Ardèche. Les surfaces françaises sont en baisse, avec une perte de 2 200 ha en dix ans. Cette baisse a été plus sévère auprès des deux départements qui détiennent le plus de surfaces. Ainsi, le verger drômois s’est réduit de 1 100 ha tandis que celui du Gard, d’un peu plus de 600 ha. Les Pyrénées-Orientales constituent l’exception avec un verger qui a gagné 300 ha. En volumes, la production française est de 145 000 t en moyenne sur les trois dernières années, soit une baisse de près de 20 000 t en dix ans. Les gains de rendements obtenus grâce au renouvellement variétal et une intensification des vergers limitent les effets de réduction des superficies.
Les deux tiers des exportations françaises se font en juillet et août
Sur le plan commercial, la France exportait jusqu’en 2017 environ le tiers de sa production, soit un peu plus de 40 000 t. Les volumes exportés sont très fluctuants, selon les niveaux de récolte. Ainsi, en 2018, la France a expédié seulement 28 000 t d’abricots, contre 56 000 t en 2017. Les envois vers l’étranger ont diminué de près de 10 % sur la dernière décennie. La réduction des exportations vers l’Italie explique en grande partie cette tendance. En effet depuis 2007, ces envois ont baissé de près de moitié pour s’établir désormais à un peu moins de 7 000 t. L’Italie constitue encore le deuxième marché d’export pour les abricots français. Sur la même période, l’Allemagne et la Suisse, respectivement le premier et le troisième marché à l’exportation de la France (17 000 et 5 400 t en moyenne triennale) progressent respectivement de + 4 % et + 20 %. « En 2019, l’Espagne et l’Italie ont encore réduit nos parts de marché à l’exportation, notamment sur les marchés allemand et suisse, et seulement 15 % de notre production ont été destinés aux marchés extérieurs », indique cependant Marie-José Etienne, responsable qualité à l’AOP Pêches et abricots de France. Près des deux tiers des exportations françaises se déroulent sur la période de juillet et août (respectivement 45 % et 20 %). Les quantités d’abricots importées en France ont quant à elles progressé de 40 % sur les dix dernières années, s’établissant aujourd’hui à un peu plus de 20 000 t. L’Espagne en a été de loin le principal bénéficiaire puisque cette origine représente 90 % des importations françaises.
L’Espagne, premier exportateur européen
Au niveau européen, l’Espagne possède le plus grand verger, (20 000 ha) devant l’Italie (18 000 ha) et la France. Ces trois pays regroupent un peu plus de 70 % des vergers européens d’abricot. Ces dix dernières années, le verger européen a perdu environ 10 000 ha. La baisse concerne avant tout la France, et plus modérément l’Italie. En volumes, l’Italie arrive en tête avec une récolte annuelle moyenne de 240 000 t. Suivent la France et l’Espagne, aux alentours de 150 000 t, puis la Grèce avec moins de 100 000 t. La sensibilité climatique et l’alternance forte de l’abricot expliquent une forte irrégularité des récoltes. Sur la dernière décennie, seuls les volumes français régressent parmi les principaux producteurs européens. L’Espagne et la Grèce gagnent chacun plus de 20 000 t et l’Italie 17 000 t. Les échanges européens d’abricots sont essentiellement intracommunautaires (seuls 5 à 10 % des volumes échangés sont en provenance ou à destination de pays non-membres, notamment la Suisse). Si la France a longtemps été le premier pays exportateur européen, l’Espagne l’a dépassée en 2015. Elle exporte aujourd’hui 80 000 t, soit 40 % des exportations communautaires. L’Espagne a doublé ses exportations en dix ans, qui représentent aujourd’hui la moitié de sa production. Ses trois principaux pays destinataires sont l’Allemagne (22 000 t), la France (16 000 t) et l’Italie (13 000 t). Les exportations des mois de mai et surtout de juin dans le calendrier ibérique représentent plus des deux tiers des exportations. L’Italie est quant à elle beaucoup plus tournée vers son marché national. Ses exportations représentent ainsi seulement 13 % de sa production en moyenne sur la période 2015-2017. Mais il faut noter qu’elles sont à la hausse ces deux dernières années, ce qui pourrait préfigurer d’un changement de stratégie des metteurs en marché italiens.
En Espagne, un verger en évolution
Le verger espagnol a tendance à progresser depuis dix ans, une évolution qui s’accompagne d’une intensification des vergers (hausse des surfaces irriguées et de la densité des plantations, renouvellement variétal…). Cinq régions espagnoles cumulent 90 % de la superficie nationale. Murcie, la première région en représente un peu moins de la moitié. Avec près de 9 000 ha de vergers, elle a connu la plus forte régression de surfaces, perdant environ 1 500 ha sur la dernière décennie. Ce verger est quasiment entièrement irrigué et composé de variétés récoltées très tôt dans la saison. C’est un verger qui rajeunit puisqu’un peu plus de 40 % de la superficie régionale a moins de cinq ans. La communauté autonome valencienne regroupe 1/5 du verger espagnol. Les vergers non irrigués représentent plus de 30 % du total, mais leur importance diminue. Les variétés précoces recouvrent la quasi-totalité des surfaces plantées d’abricotiers. Beaucoup plus au nord, l’Aragon constitue la troisième région avec un peu plus de 10 % de la superficie nationale. C’est un verger en expansion qui a pratiquement triplé par rapport au début des années 2000. L’irrigation y est bien installée. La Castille-la-Manche et la Catalogne représentent moins de 10 % chacune de la superficie nationale. Les plantations y sont quasi toutes irriguées.