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Banane
Un bon bilan carbone pour la banane de Guadeloupe et de Martinique

L’UGPBAN et la CMA CGM se sont félicitées le 17 mars des résultats du bilan carbone de la banane : les émissions ont fortement baissé depuis 2006, en particulier sur le poste transport. Explications des efforts réalisés et pistes d’amélioration ont été détaillés.

Les mûrisseries de l'UGPBAN ont baissé leur impact carbone entre 2006 et 2020, passant de 70 à 50 g émis équivalent CO2 pour un kilo de bananes.
© Julia Commandeur - FLD

L’UGPBAN a actualisé le bilan carbone de ses bananes en janvier 2022 (données 2020) afin de faire le point sur ses émissions de gaz à effets de serre et identifier les leviers de progrès.

Dressé pour la première fois en 2006 au lancement du Plan Banane Durable, le bilan carbone de la Banane de Guadeloupe et Martinique se base sur la méthode de l’Ademe et explore le coût en carbone, protoxyde d’azote et en méthane (la banane est peu concernée sur ce dernier) des exploitations antillaises jusqu’à la distribution en métropole en grande distribution et points de vente, en passant par l’acheminement des vitroplants et des engrais et phytos aux Antilles.

« En 2006, les engrais et le transport maritime étaient les deux plus gros postes de dépense carbone sur lesquels on a donc mis l’accent dans nos plans d’action », souligne Sébastien Zanoletti, directeur du développement durable à l’UGPBAN.

800 g de CO2 : la banane équivalente à la cerise française

Bilan 2022 : la banane de Guadeloupe et Martinique émet aujourd’hui un peu moins de 800 g de équivalent CO2 par kilo de bananes (0,8 kg éq-CO2/kg). A titre de comparaison, la cerise française est à 0,7 kg éq-CO2/kg, l’œuf à 2,1 kg éq-CO2/kg et la viande de bœuf à 28,6 kg éq-CO2/kg.

Avec 800 g émis par kilo de banane, cela place ce fruit « parmi les aliments les moins émetteurs », seuls les « fruits locaux sont en dessous, la pomme locale par exemple, à 300 g », là où « le riz ou les huiles sont entre 1 et 5 kg, la viande blanche entre 5 et 10 kg et la viande de bœuf à près de 29 kg » (données FoodGES Ademe). Un Français émet en moyenne 8 t/an, pour un objectif climatique à 2 t en 2050. « 800 g, ça reste assez bas et loin de l’image reçue des fruits importés, se réjouit Sébastien Zanoletti. Cette performance est aussi beaucoup liée au très bas coût du fret maritime, un autre résultat étonnant. »

Comparé aux 900 g éq-CO2/kg de 2006, il s’agit donc d’une baisse de -14 % d’émissions de gaz à effet de serre depuis 2006. Le stade production (70 % des émissions) se maintient autour de 550 g/kg ; le transport maritime (16 % des émissions) a baissé de moitié, de 260 g/kg à 130 g/kg ; le stade aval (logistique Dunfresh, stockage froid, mûrisseries, transport routier…) a légèrement réduit ses émissions à 100 g/kg (14 % des émissions).

Malgré les efforts sur les engrais, statut quo sur le stade Production, 70 % des émissions

Ces résultats, surprenants dans un sens et dans l’autre, l’UGPBAN les explique par plusieurs raisons.

Sur le stade production, les émissions n’ont pas diminué depuis 2006 malgré la suppression de l’épandage aérien et la baisse de l’utilisation des engrais (-38 % dont -24 % d’engrais azotés) et des phytos (-75 % notamment suppression des acaricides et insecticides). « En 2006, certains postes d’émissions n’avaient pas ou mal été pris en compte comme les amortissements par exemple et l’effet des immobilisations et du parc de matériel, analyse Sébastien Zanoletti. Il y a aussi un effet production à prendre en compte : en 2020, la production a été plus faible donc l’amortissement sur le bilan carbone est moins important. En résumé, nous ne sommes pas sur une comparaison 2006/2020 à périmètre constant. »

Baisse de moitié des émissions sur le poste Transport : conteneurs Zestia, GNL et biofuel en test avec le partenaire CMA CGM

La plus grosse et bonne surprise a été sur le poste transport maritime : 130 g émis par kilo de bananes. Depuis plus de 25 ans, la totalité des bananes antillaises sont transportées en métropole par voie maritime par la CMA CGM jusqu’à Dunkerque.

« Je suis très heureux de ces résultats, s’est félicité Grégory Fourcin, directeur central Lignes Amérique latine et Océanie à la CMA CGM. Résultats que nous devons à la modernisation de nos navires et de nos équipements. Le groupe s’est engagé depuis des années sur la transition énergétique et sur l’ensemble de la flotte CMA CGM, nous avons baissé de 49 % nos émissions sur 2008-2020. »

Depuis fin 2019, les bananes des Antilles sont transportées dans une nouvelle génération de conteneurs réfrigérés : les conteneurs Daikin-Zestia. Ils présentent une descente en froid plus efficace (ajustement automatique de la vitesse de rotation du compresseur hélicoïdal) et une consommation électrique plus faible (1,8 kWh pour un conteneur de 20 t de bananes). 75 % des bananes de Guadeloupe et Martinique sont transportées avec ces conteneurs Zestia.

Les conteneurs sont donc de moins en moins énergivores, et la CMA CGM s’est lancées sur l’énergie GNL en 2017 avec 26 navires aujourd’hui (44 pour fin 2024) et sur une politique de carburants plus propres : GNL mais aussi biométhane et biofuel.

Cleaner Energy Biofuel : la CMA CGM teste en partenariat avec l’UGPBAN la réutilisation des huiles de cuisson

Ainsi, le groupe teste le biofuel, un biocarburant issu d’huiles végétale de cuisson usagée (de McDo par exemple). « Le biofuel coûte 2,5 à 3 fois plus cher que le fuel mais permet de fortes économies d’émissions. Nous connaissons cette solution que depuis un an, un an et demi. Nous traitons avec Shell », précise Grégory Fourcin. Cette solution, appelée à la CMA CGM “Cleaner Energy Biofuel”, réduit ainsi de 84 % les émissions de carbone well-to-wake (sur l’ensemble du cycle de production et d’utilisation du carburant) et de 100 % tank-to-wake (en considérant uniquement le moment où il est utilisé sur les navires de la CMA CGM).

Avec l’UGPBAN, depuis le 1er novembre, la totalité des bananes françaises équitables (un conteneur par semaine) est transportée des Antilles à Dunkerque par cette solution Cleaner Energie Biofuel, ce qui en réduit considérablement l’empreinte carbone. « On espère étendre à terme cette solution à l’ensemble des bananes », précisent Pierre Monteux, directeur général de l’UGPBAN et Sébastien Thafournel, directeur Qualité Développement.

Process et modernisation en mûrisserie pour réduire l’empreinte carbone

Sur le stade Aval (14 % des émissions avec 100 g/kg), Lina Renel, directrice technique Production, souligne que de gros progrès ont été fait sur les mûrisseries, passant d’émissions à 70 g par kilo de bananes à 50 g.

« C’est le plus gros poste de dépenses de l’aval. Nos leviers de progrès se trouvent sur l’ajustement des process de mûrissage : température de chauffe, quantité d’éthylène, puissance et temps de ventilation… Et bien sûr sur la modernisation des bâtiments et équipements, avec l’installation de panneaux solaires sur les nouvelles installations, comme sur la nouvelle mûrisserie en cours à Bordeaux. »

L’agroforesterie, un levier en test en production

Sébastien Zanoletti conclut : « Le plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre n’est pas encore tout à fait calé mais nous avons déjà identifié les leviers : continuer à baisser les intrants ; développer les énergies renouvelables avec l’éolien et le photovoltaïque dans des démarches de territoire avec les administrations ; augmenter les sources de stockage de carbone, poste qui n’ont pas été pris en compte dans cette étude. En effet, selon nos chiffres, avec nos nouvelles méthodes de production le stockage organique dans le sol a progressé de +20 % en 10 ans. De même, nous voulons accentuer la quantité d’arbres, aux abords des parcelles, en développant l’agroforesterie. »

L’UGPBAN a passé un partenariat avec l’Association française d’agroforesterie pour tester et développer, en particulier en Martinique l’association bananeraie, élevage bovin et haies. Ces dernières, outre leurs avantages agroécologiques, amènent du bois de coupe traité pour du chauffage par un partenariat avec Albioma, le producteur d’énergies renouvelables en Martinique.

Autres ambitions pour atteindre la neutralité carbone : réduire de 5 % les émissions de CO2 du transport routier à l’aval (-600 t/an à partir de 2023) via le programme Fret 21 et le transport de la totalité des bananes de Guadeloupe et Martinique dans les conteneurs Zestia de la CMA CGM.

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