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Un arboriculteur néerlandais en Hongrie

L’entreprise Van Kessel a investi il y a 25 ans dans une exploitation arboricole en Hongrie qui produit pommes et abricots dans des conditions climatiques pas toujours faciles.

A l’ouest de la Hongrie, au bord du lac Balaton, à Zalaszántó, la ferme Almakúti, propriété de l’entreprise néerlandaise Van Kessel produit depuis 1995 des pommes et des abricots. Ce groupe d’entreprise des Pays Bas, spécialisé dans la construction de réfrigération et de locaux pour les producteurs de fruits, y apprend le métier de ses clients depuis 25 ans. A la création de la ferme, l’objectif était d’y produire des variétés de pommes non cultivables aux Pays Bas pour les vendre sur ce marché. « Nous ne voulions pas être concurrents des producteurs de fruits aux Pays Bas. Ils sont avant tout nos clients », explique Adrie Van Kessel, propriétaire de l’exploitation.

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Mais des opportunités de vente à des canaux nationaux ont changé les plans initiaux. Aujourd’hui, Almakúti fournit une grande partie de sa production à des sociétés commerciales en Hongrie et en Autriche qui, à leur tour, la vendent à de grandes chaînes de supermarchés, dont Tesco. Une autre partie de la production est vendue par Almakúti à des acheteurs sur des « marchés de croissance » tels que l’Egypte, l’Arabie Saoudite, Israël et Dubaï. Un troisième canal est la vente sur la plateforme en ligne Service2Fruit. Via cette plateforme, mise en place en 2011, Almakúti fournit des pommes à des acheteurs en Pologne, entre autres pays.

Trouver des variétés exclusives

Si la surface de 90 ha de pommiers n’a pas augmenté depuis 25 ans, l’assortiment variétal lui a évolué avec ces changements de débouchés. Au début, Golden Delicious, Gala, Braeburn, Idared, Elstar et Jonagold ont été plantés, suivis quelques années plus tard par Fuji, Granny Smith et Red Delicious. Elstar, Jonagold, Fuji et Braeburn ont été totalement ou partiellement remplacés par Red Delicious. Cette variété est toujours populaire auprès des acheteurs au Moyen-Orient. Les principales variétés Gala et Golden Delicious tiennent leur place dans l’assortiment, Idared est toujours une variété très demandée en Hongrie.

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Mais Adrie Van Kessel et son manager, Dick van Mourik, sont à la recherche de variétés exclusives afin de se différencier. Ses espoirs reposent sur des variétés qu’Almakúti a obtenues grâce à un partenariat avec un sélectionneur à la retraite de l’Université Corvinus de Budapest. Le verger d’essai avec ses 1 200 sélections de ce programme se trouve sur la ferme de Zalaszántó. Une des sélections prometteuses est une pomme rouge, à chair rouge bordeaux, avec un taux élevé de sucre (15 à 17 Brix) et une bonne teneur en acidité. La variété a une résistance multigénique à la tavelure. Une autre sélection de ce programme est une pomme jaune avec une résistance au mildiou et à la tavelure.

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Almakúti est en pourparlers avec un producteur de baby food pour commencer à cultiver cette pomme pour eux. « Une autre des nouveautés porteuses de perspective est la souche Gala Irene », déclare Dick van Mourik. Ce clone trouvé dans une exploitation dans l’est de la Hongrie produit des pommes rouge flamme dès juillet. Gala Irene a aussi l’avantage d’être striée comme une Royal Gala. « Les acheteurs au Moyen-Orient ne veulent pas d’une pomme de couleur uniforme, mais veulent une Gala qui ressemble à une Royal Gala », continue Dick Van Mourik. Un des principaux avantages de cette Gala précoce est sa cueillette en une passe. La démarche est engagée pour obtenir ses droits d’obtention végétale.

Mécaniser la culture de l’abricot en mur fruitier

Afin de diversifier l’exploitation et fidéliser les saisonniers avec des contrats plus longs, les gérants de la ferme Almakúti ont choisi l’abricot. Cette culture populaire autour du lac Balaton occupe aujourd’hui 27 hectares. « Nous avons opté pour un assortiment dont la variété la plus précoce, Maya Cot, peut être cueillie dès le début du mois de juin et la plus tardive, Playa Cot, à la mi-août. De cette façon, nous pouvons récolter pendant cinq mois », explique Dick Van Mourik.

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Les premiers vergers ont été mis en place de manière extensive, avec 500 à 600 arbres par hectare. Il y a trois ans, le chef d’exploitation a planté quelques hectares d’abricots en murs fruitiers avec 1 200 à 1 500 arbres par hectare. « Je suis convaincu qu’en élaguant et en éclaircissant mécaniquement deux fois par an, avec des arbres de quatre mètres de haut, je serai en mesure d’augmenter considérablement la production, insiste le directeur. Dans ce cas, 30 à 40 tonnes par hectare devraient être atteignables ».

Des investissements pour plusieurs millions d’euros

Almakúti est aussi une source de connaissances sur la logistique pour les autres entreprises du groupe Van Kessel. Près de 5 000 m2 de locaux y ont été construits dont des entrepôts frigorifiques CA/ULO d’une capacité totale de 3,8 millions de kilos, six lignes de tri et une station de conditionnement. En verger, des filets ont été posés après la destruction totale de la récolte par la grêle en 2003.

L’aspersion de la frondaison a été installée pour lutter contre le gel. Deux puits ont été forés d’une capacité respective de 30 000 et 53 000 m3 par an et des bassins ont été construits pour stocker l’eau. Au total, un investissement de quelques millions d’euros. Dans ses projets pour les dix prochaines années, Adrie Van Kessel veut travailler sur les coûts de revient en rendant les arbres plus faciles à gérer avec des haies fruitières, adopter des modes de cultures faibles en résidu et enregistrer plus de données dans les vergers.

Traduction Maude Le Corre
Source : EFM mai 2021

Adrie Van Kessel, propriétaire d’Almakúti et son manager, Dick van Mourik, sont à la recherche de variétés exclusives afin de se différencier.

En chiffres

Production 2020

538 500 t de fruits (dont fruits rouges)

348 830 t de pommes

21 790 t d’abricots

Surfaces de production 2020

76 700 ha de vergers

28 900 ha de pommiers

5 840 ha d’abricotiers

Source : Eurostat

Des coûts de production plus élevés que prévu

 
Près de 5 000m² de locaux et des réservoirs d'eau ont été construits pour assurer la production de fruits, son stockage et son conditionnement. © Almakúti

Selon Adrie Van Kessel, la différence de coûts de production entre la Hongrie et l’ouest de l’Europe est décevante. « La main-d’œuvre est bon marché, mais la productivité du travail est également très faible. Nous consacrons beaucoup d’énergie à son augmentation, mais essayez simplement de travailler dans un verger pendant des semaines à des températures de 40 °C ! » L’approvisionnement en eau pour l’aspersion et l’irrigation au goutte-à-goutte est un élément de coût plus important que dans d'autres régions arboricoles en croissance.

Concernant les terres, leur coût était de 500 €/ha en 1995, il est aujourd’hui de 5 000 €. Or en Hongrie, les étrangers ne peuvent pas acheter de terres. Cette disposition législative a pour but d’empêcher les investisseurs étrangers d’acheter des terres à grande échelle. Dans un premier temps, cette interdiction a été contournée par l’achat des terres par un intermédiaire hongrois ou par la location. Aujourd’hui, après un processus long et compliqué, Adrie Van Kessel, reconnu comme un agriculteur hongrois qualifié, a finalement réussi à acheter le terrain.

 

Difficile protection contre le gel nocturne

 
En 2021, le chef d'exploitation a choisi d'utiliser un hélicoptère pour protéger ses vergers contre le gel. © Almakúti

Le plus grand défi de la culture de l’abricot en Hongrie est la protection des fleurs contre le gel nocturne. Jusqu’à présent, les essais ont été infructueux. Les abricotiers n’ont pu être récoltés en moyenne qu’une fois tous les deux ans. Une tour à vent n’est pas une option pour Dick Van Mourik : « Cet équipement coûte plus de 45 000 euros et nous aurions besoin de cinq tours sur nos 27 hectares. » En 2020, un Fog Dragon a été utilisé. Cet appareil tracté souffle de l’air chaud et humide entre les arbres.

« Avec cette machine, nous pouvons protéger les fleurs jusqu’à -4°C. En 2020, nous avons pu protéger la plus grande partie des fleurs pendant quatre gelées nocturnes mais la cinquième nuit, lorsque la température est tombée à -6°C, cet équipement n’a pas suffi à protéger la floraison », déplore l’arboriculteur. En 2021, il a donc pris des dispositions pour qu’un hélicoptère survole les vergers en cas de gel. Tout comme la tour à vent, l’hélicoptère ramène les couches d’air supérieures plus chaudes entre les arbres. Mais en plus, il peut produire de la fumée.

 

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