« Transmettre fait partie intégrante de mon parcours professionnel »
Michel Huchette a trouvé un jeune pour reprendre ses parts dans son exploitation endivière en bio. Une démarche collective qui a pris du temps mais qui a porté ses fruits.
Michel Huchette a trouvé un jeune pour reprendre ses parts dans son exploitation endivière en bio. Une démarche collective qui a pris du temps mais qui a porté ses fruits.
« Mon projet de transmission a demandé une dizaine d’années de préparation », témoigne Michel Huchette, endivier bio dans le Nord. Il a débuté par un travail de réflexion sur ses motivations à transmettre au cours de journées organisées par « Initiatives Paysannes ». « Nous avons besoin en agriculture, comme dans l’artisanat, de transmettre aussi des savoir-faire. C’est pourquoi je voulais transmettre mon exploitation à un jeune sans terre », explique-t-il. L’intérêt de ces journées était le partage entre agriculteurs ayant le même projet et aussi les mêmes hésitations. « Transmettre reste tabou surtout si on dépasse le cadre familial, affirme le producteur. Mais pour moi, la transmission fait partie intégrante de mon parcours professionnel ».
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Avec son fils, investit sur la ferme, ils ont défini le meilleur profil susceptible de le remplacer dans ses fonctions. Et pour trouver le candidat, ils ont passé une annonce sur l’Apecita, proposant un salariat en vue d’une installation. « J’étais ouvert sur le projet du candidat mais il y avait de grandes lignes non négociables », insiste-t-il. En premier lieu, le candidat devait accepter de produire en bio, un mode de production pratiquée depuis dix ans sur l’exploitation. « Le travail en équipe était un autre prérequis puisque nous sommes en SCEA avec déjà deux associés et une dizaine de salariés. » Deux piliers de l’exploitation qui se retrouvent dans son nom : la SCEA Bio ensemble. Le matériel est en Cuma et s’utilise souvent en entraide avec les adhérents. Enfin la commercialisation se fait par un bureau commercial dans la coopérative du Marché de Phalempin. « Ce sont autant d’atouts pour s’installer qui peuvent aussi inquiéter les jeunes car très peu sont préparés à travailler en équipe, avec des salariés, et être acteur de l’organisation commerciale », souligne le producteur.
Le travail en équipe a besoin d’être nourri
Des quelques candidats qui ont répondu à l’annonce, Maxime, 27 ans, diplômé ISA les a rejoints depuis un an. Un salariat lui a été proposé dans un premier temps afin de se familiariser au projet et de s’engager en toute conscience. Pour Michel, le travail en équipe est un atout pour mener à bien toutes les activités de la SCEA tout en se dégageant du temps libre. « Le travail en équipe c’est formidable mais c’est compliqué. Il a besoin d’être discuté, nourri. C’est pourquoi nous travaillons avec un coach qui nous accompagne. » Au sein de la coopérative, la transmission est un sujet qui a été repris, car de nombreux producteurs approchent de l’âge de la retraite. « Or chaque atelier légumier qui disparaît est une perte de richesse et de dynamisme pour notre fonctionnement ». Un signe que le travail porte ses fruits : « aux dernières assemblées de la coopérative, nous constatons que de plus en plus de jeunes viennent aux réunions et s’intéressent à l’installation en productions légumières. »