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Tomate : l’acariose bronzée sort de l’ombre

Jusqu’alors mineure ou localisée, l’acariose commence à être un problème qui mérite l'attention sur certaines cultures de tomate. Identification, prophylaxie et éventuellement traitement préventif sont les éléments clés de la lutte.

L’acariose bronzée est un problème important sur les cultures de tomates en France depuis une dizaine d’années. « D’abord problématique plus au sud, sa présence en région Auvergne-Rhône-Alpes notamment est de plus en plus importante, avec parfois des dégâts et des conséquences économiques importants », mentionne le bulletin technique Brassica(1). Cette maladie est causée par un acarien (Aculops lycopersici) qui s’attaque à plusieurs plantes de la famille des Solanacées : tomate, aubergine, poivron, pomme de terre, tabac, datura, pétunia. Bien que plus fréquent sous abris, on peut aussi le rencontrer en plein champ.

Identifier les premiers symptômes

Aculops lycopersici vit à l’air libre sur les plants de tomates, tous les stades sont extrêmement petits et difficiles à observer . Naturellement, cet acarien est disséminé par le vent, les animaux et les insectes, mais en culture, il est surtout déplacé par les travailleurs et les outils au cours des opérations culturales. Les conditions optimales de développement sont une température autour de 27°C et une hygrométrie de 30 %. Même si l’acarien semble aussi s’adapter à des conditions climatiques moins clémentes, une conduite de la culture permettant de maintenir une hygrométrie élevée doit être préconisée.

A lire aussi : Tomate en sol : les points-clés d'une bonne conduite de l’irrigation pour optimiser le rendement

« Il est très important de pouvoir identifier les dégâts dès les premiers symptômes. Mais ceux-ci apparaissent après le début de la présence des acariens car ce sont des piqûres nutritionnelles qui permettent de les visualiser », explique Benoît Aymoz, conseiller maraîchage à la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc. De plus, l’acarien est toujours plus haut que les derniers dégâts observés . La lutte contre l’acariose bronzée est assez difficile à réaliser. Il n’existe que peu de solutions curatives donc, si la présence d’Aculops lycopersici a été identifiée l’année précédente, il vaut mieux mettre en place une solution préventive. En effet, le ravageur peut passer l’hiver sur différentes adventices environnantes. En cas d’infestation, il convient ainsi de favoriser la prophylaxie en fin de culture : sortir les résidus de culture et les brûler, enlever les adventices, désinfecter la serre.

Pas de solution « clé en main »

En culture, l’application hebdomadaire de soufre mouillable à 3 kg/ha à partir de l’arrivée des grosses chaleurs peut être préconisée (avec un effet combiné contre les acariens tétranyques). Au niveau curatif, il faut intervenir en localisé dès les premiers symptômes ou alors en généralisé quand la diffusion des acariens est trop importante. En Agriculture biologique, l’application de soufre poudrage sur le plant infesté et les deux plants adjacents a un effet plus radical que le soufre mouillable. Il convient en effet de traiter les plants adjacents même s’ils ne présentent, a priori, pas de symptômes.

En conventionnel, Oberon (spiromésifène-Bayer) a un usage aleurode mais un effet secondaire très intéressant sur acariose bronzée. « C’est un produit peu dangereux pour les bourdons. Attention à son utilisation, car il faut respecter un délai de 120 jours avant implantation d’un légume feuille », précise le spécialiste. Il n’existe pas de solution de lutte intégrée « clé en main » pour le moment. Des études semblent montrer que l’utilisation d’Amblyseius swirskii en lâchers curatifs sur les plants infestés semble avoir un effet. Bien qu'Amblyseius swirskii ne s’installe pas normalement sur tomates, la nature faisant bien les choses, le passage d’Aculops lycopersici entraîne la disparition des trichomes (poils gluants) de la tomate et permet donc l’installation d’Amblyseius swirskii sur les parties touchées par l’acariose bronzée. Toutefois, le prix d’un lâcher généralisé est trop élevé pour envisager une stratégie préventive. Il convient donc de mettre en place une lutte intégrée ciblée.

Article rédigé par Benoît Aymoz, conseiller maraîchage à la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc et paru dans Brassica n°140 réalisé par les Chambres d’agriculture de l’Ain, de l’Isère, de la Loire, du Rhône, des Savoie et la Serail.

A lire aussi : Sud-Est : Penthaleus major, acarien des cultures d’hiver sous abris

Un cycle d’une à deux semaines

Plusieurs stades de développement peuvent être observés : œufs, larves et adultes. Les œufs, ronds et blancs de 0,05 mm de diamètre, sont pondus sur la face inférieure des feuilles, folioles et tiges de la partie inférieure des plantes. Ils donnent naissance à des larves de 1er stade, blanches à jaunâtres, ayant le même aspect que les adultes. Ces nymphes se développent un jour après l’éclosion des larves et deviennent eux-mêmes des adultes en deux à trois jours. De forme conique, mous et segmentés, les adultes mesurent entre 0,15 et 0,20 mm de long et ont une couleur crème à brun-gris clair, voire orangée. Le cycle de développement varie d’une à deux semaines.

D’abord une teinte graisseuse à métallique

Les folioles prennent d'abord une teinte graisseuse à métallique, puis la coloration bronzée typique de la maladie. © B.Aymoz
Les premiers symptômes d’Aculops lycopersici apparaissent sur la face inférieure des folioles de la partie basse de la plante qui prend alors une teinte graisseuse à métallique. Par la suite, les feuilles montrent une coloration plutôt bronzée et plus typique. Les acariens remontent alors vers le haut de la plante. Des symptômes de coloration bronzée apparaissent ensuite sur la tige, sur des segments qui peuvent être conséquents (symptôme le plus typique de la maladie). Les feuilles et les tiges de tomates très infestées perdent leurs trichomes (excroissances sur les feuilles). Lorsque l’attaque n’est pas contrôlée, les plantes roussissent et se dessèchent. Les fruits sont aussi affectés par des problèmes de coloration, de calibre et de plages liégeuses. Ces différents dégâts sont dus aux piqûres nutritionnelles d’Aculops lycopersici qui prolifèrent rapidement sur la plante.

 

La prophylaxie très importante

- Traiter les plantes avant arrachage en présence de populations élevées de ravageurs ;

- Enlever et détruire les débris végétaux et les résidus de culture ;

- Lessiver à l’eau et traiter les parois des abris, les poteaux avec un insecticide ou un acaricide de contact ;

- Désinfecter le matériel utilisé en serre (système goutte-à-goutte, caisses) ;

- Contrôler la qualité sanitaire des plants avant et durant leur introduction dans l’abri ;

- Désherber la serre et ses abords

Rédaction Réussir

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