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Salade : La race 36 du Bremia change la donne pour les variétés

Le Bremia a fait des dégâts sous abri en 2018-2019. Beaucoup de variétés, même récentes, ont été touchées. La gamme variétale pour 2019-2020 est donc plus limitée, notamment en batavia et feuille de chêne.

© V. Bargain

En 2018-2019, les dégâts de mildiou ont été importants sous abri. Si certaines attaques sont dues à des isolats locaux, la race 36 du Bremia, officiellement nommée en juillet 2019, y a été pour beaucoup. De nombreuses variétés, même récentes, n’ont pas la résistance 36, notamment en batavia, et ne seront donc pas réutilisées par les producteurs en 2019-2020. Et parallèlement, peu de nouvelles variétés ont été introduites. « Dans nos préconisations, il n’y a généralement que des variétés présentant toutes les résistances au Bremia ou au moins aux dernières races identifiées qui sont les plus présentes sur le terrain, indique Aude Lusetti, de la Sica Centrex. Mais pour 2019-2020, la gamme variétale est plus limitée que les années passées. Alors qu’il y avait 23 variétés de batavia préconisées pour 2018-2019, il n’y en a que 18 pour 2019-2020. Il y a même dans les préconisations des variétés qui ne sont pas Bl36, car sinon, tous les créneaux ne seraient pas couverts. En feuille de chêne verte, le nombre de variétés préconisées est passé de 12 à 6. Et en feuille de chêne rouge, il est passé de 8 à 4. La gamme variétale est par contre plus large en laitue beurre. » Et la situation est encore plus compliquée en bio, toutes les variétés n’étant pas disponibles en semences biologiques, notamment parce qu’une culture en bio a plus de risque de voir s’exprimer le mildiou, les moyens de protection étant plus limités qu’en conventionnel.

Diversifier les sources de résistance

Pour les semenciers, la course au Bremia semble donc toujours difficile. « Chaque année, nous sillonnons les régions de France et d’Europe pour repérer des maladies de terrain et faire des prélèvements, indique Caroline de la Coussaye, responsable marketing chez Rijk Zwaan. De nombreux échantillons sont analysés pour déterminer s’il s’agit d’une souche déjà connue et officielle ou d’une nouvelle souche, repérée ou non à différents endroits en Europe. Selon le niveau de risque de la nouvelle souche, qui dépend de sa virulence et de son taux de propagation, notre équipe de sélection anticipe et développe des variétés résistantes à cette souche. » Tous les semenciers procèdent ainsi et testent en permanence de nouveaux isolats. Dès que l’un d’eux paraît dangereux, ils cherchent des gènes de résistance et font des combinaisons de ces gènes. « L’idéal est d’avoir des gènes originaux, analyse Michel Rigaud, responsable salade chez Syngenta. Mais en général, les sélectionneurs travaillent à partir des mêmes gènes, en faisant différentes combinaisons. S’il y a un seul montage génétique, cela force le Bremia à muter. » Les montages génétiques contre une souche varient ainsi selon les semenciers. Et chaque semencier travaille en général sur plusieurs montages génétiques. « Nous conseillons aux producteurs d’avoir au moins deux ou trois variétés de différents semenciers sur un même créneau, insiste Aude Lusetti. Si un montage génétique est contourné par le Bremia, les autres variétés seront peut-être épargnées. » « Et plus une variété est présente sur le marché, plus son montage génétique est confronté au Bremia et plus il y a de risques que celui-ci mute pour le contourner », note Grégoire Vendeville, spécialiste salade chez Nunhems. L’introduction d’une gamme toujours plus large de gènes de résistance a toutefois pour conséquence la multiplication des isolats locaux. « Jusqu’à la souche 33, il n’y avait pas une grande diversité de résistances au Bremia, analyse Ludovic Jagu, chef produit salade France chez Enza Zaden. Quand une souche apparaissait, elle causait de gros dégâts. Aujourd’hui, les semenciers ont diversifié les sources de résistance. Quand une souche nouvelle apparaît, elle ne bouleverse pas forcément la production à grande échelle. Il y a par contre plus de petites souches, plus locales et plus spécifiques. » De ce fait, des cas de mildiou ont été constatés localement sur des variétés Bl 16-36. « Avoir des variétés complètes constitue toutefois la meilleure protection, à associer à des mesures de prophylaxie », souligne Aude Lusetti.

Attente de nouvelles variétés

Avec la race 36, les montages génétiques semblent avoir été assez similaires pour de nombreuses variétés. Beaucoup ont été attaquées et cela oblige les sélectionneurs à mettre au point de nouvelles résistances. Beaucoup avaient anticipé et avaient lancé des variétés qui ont été officiellement reconnues Bl 36. « La diversité et l’évolution des souches de Bremia rendent le travail du sélectionneur très complexe, souligne Pauline Fargier-Puech, responsable marketing chez Gautier Semences. Il faut être très réactif et essayer de répondre au mieux par rapport aux souches officielles et à celles repérées localement. » La plupart des semenciers proposent aussi quelques nouveautés pour 2019-2020. « En 2019, nous avons lancé quatre nouvelles batavias pour l’abri et deux variétés de laitue beurre et d’autres variétés sont en développement », indique Marc Legrand, responsable développement chez Vilmorin. « Plusieurs variétés 16-36 prometteuses en phase pré-commerciale sont essayées chez les producteurs cette saison, notamment deux feuilles de chêne blondes et deux batavias, indique Thomas Juarez, responsable Sud-est chez Seminis. Nous lançons aussi quatre nouvelles laitues beurre pré-commerciales. » Nunhems annonce une nouvelle batavia, après avoir lancé Lagostina en 2018. Gautier Semences lance quatre variétés de laitues beurre pré-commerciales, cinq batavias pré-commerciales et travaille sur une rougette Bl36. Enza Zaden lance plusieurs nouveautés en batavia, laitue beurre, feuille de chêne verte et feuille de chêne rouge. Rijk Zwaan lance deux nouvelles variétés de laitue beurre, une batavia et une feuille de chêne rouge. Syngenta annonce plusieurs nouveautés pour 2021-2022.

De nouveaux critères de sélection pour le plein champ

En plein champ, la pression Bremia a été plus limitée en 2019, du fait d’un été chaud, sec et venté. De nombreuses variétés étaient de plus résistantes à la race 36 et le renouvellement de gamme sera moins important, les producteurs préférant garder des références connues quand cela est possible. La résistance Bremia reste malgré tout un axe de sélection important. Et de nouveaux critères prennent de plus en plus d’importance. La résistance ou au moins la tolérance à la fusariose qui progresse en France devient ainsi plus essentielle. Les semenciers proposent déjà des variétés hautement résistantes ou présentant une résistance intermédiaire à la race 1 de la fusariose. Un autre critère de plus en plus important est l’adaptation à des conditions climatiques variées et notamment à des étés plus chauds. Les tolérances à la montaison et à la nécrose interne deviennent ainsi essentielles, notamment en iceberg, les salades restant au champ plus longtemps. La tolérance à la bactériose, favorisée par les climats chauds et humides, prend également de l’importance.

Rédaction Réussir

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