Rungis : Compagnie Fruitière investit dans le grossiste Monloup
L’investissement de grands groupes dans les belles entreprises du commerce de gros sur le marché de Rungis continue. Après Orsero et Blampin Fruits, Compagnie Fruitière et Monloup.
L’investissement de grands groupes dans les belles entreprises du commerce de gros sur le marché de Rungis continue. Après Orsero et Blampin Fruits, Compagnie Fruitière et Monloup.
Après la reprise de Blampin Fruits par l’italien Orsero cet été, Compagnie Fruitière, premier producteur intégré de fruits tropicaux à destination de l’UE, vient de prendre une participation dans la société Monloup, grossiste sur le marché international de Rungis. « Nous préférons parlerons d’une véritable association entre deux opérateurs fortement liés à la production, partageant le même constat d’entreprise, des valeurs communes et une forte ambition » expliquent d’une même voix, Gautier Fischel, vice-président Distribution et Marketing de Compagnie Fruitière, et Benjamin Brottes, PDG de Monloup, que FLD a rencontrés.
Monloup veut aborder son développement avec sérénité
Monloup est un grossiste fruits et légumes historique, fondé en 1927. Disposant de 11 portes dans le bâtiment D2 du marché de Rungis, la société commercialise environ 15 000 t de produits par an, avec de fortes positions sur les agrumes (4000 t), les pommes et poires (3000 t) sans oublier les tomates et les légumes ratatouille (500 t chaque) avec des partenariats forts avec ses fournisseurs.
En 2017, l’entreprise est transmise par Dominique Monloup, troisième génération, à Benjamin Brottes, son actuel président (il a commencé sa carrière dans la société douze ans avant) : « Nous nous sommes développés autour de deux axes : d’une part, le renforcement de notre offre avec le légume et la reprise de Thirion effective en 2019, et d’autre part le développement d’une offre fraîche découpe, « La Saveur d’abord » et l’élargissement de notre service auprès de nos clients avec le développement de vente à distance en complément de la vente sur le marché ». Monloup assurait un chiffre d’affaires de 19M€ en 2016 et devrait cette année atteindre 30 M€.
D’autre part, l’entreprise a créé « Koté Saveurs », marque dédiée à une sélection de produits de qualité et de goût. Le développement a amené la société à s’installer par ailleurs, en janvier dernier, dans un nouvel entrepôt de 3000 m², à proximité du bâtiment D2, regroupant l’ensemble de l’activité de vente à distance, l’atelier de fraîche découpe, ainsi qu’une partie des réceptions de fruits et légumes.« Face à cette forte évolution, Monloup avait besoin de sérénité pour mener à bien sa prochaine étape, avec nos 80 collaborateurs » explique Benjamin Brottes. Techniquement, l’organisation étant déjà bien en place, l’activité ne doit pas connaitre de bouleversements. Le périmètre sera modifié, l’activité de fraîche découpe n’entrant pas dans l’accord.
Pour Compagnie Fruitière, renforcer sa place sur Rungis
« Compagnie Fruitière a montré une volonté forte de se réinstaller sur le marché de Rungis, afin de renforcer son activité par rapport au fort développement que nous avons connu en région et dans l’Union européenne. Cela s’est traduit par la construction de notre nouveau site de 6000m2 qui nous a permis d’étendre nos capacités de murissage à plus de 20 000 tonnes de bananes, mangues et avocats. En tant que producteur intégré, une présence sur le stade de gros était nécessaire. Nous attendions juste de trouver le bon projet et la bonne personne » souligne Gautier Fischel. La complémentarité des gammes entre Compagnie Fruitière et Monloup offre à la fois des synergies amont et aval : « L’activité de grossiste demande de la réactivité car la qualité du produit est jugée en temps réel. Cela participe au développement d’une filière de production et d’importation structurée » ajoute-t-il.
Le stade de gros, un marché en cours de structuration ?
Ce n’est pas la première fois que les grands groupes de la filière investissent le stade de gros. D’ailleurs, Compagnie Fruitière est déjà présente dans ce secteur sur le MIN de Toulouse et en Espagne. Quelles sont les raisons qui sous-tendent ces mouvements ? « D’une part, nous sommes persuadés de l’importance du métier de grossiste. Son travail, de sourcing et de proximité avec le détaillant, apporte une valeur ajoutée indéniable, explique Gautier Fischel, Même dans des pays comme l’Allemagne ou l’Angleterre par exemple, où la distribution est fortement intégrée, le métier résiste. Mais, d’autre part, il est en forte évolution et le marché est en cours de structuration, de concentration. Pour un producteur intégré et un importateur comme Compagnie Fruitière, c’est une opportunité de valoriser notre offre à 100% ». L’avis est partagé par Benjamin Brottes : « Un grossiste sur carreau apporte aussi une volumétrie forte et un prix négocié. Il est en contact direct avec la consommation, et donc il est proche de ses attentes. Cela permet, par ailleurs, de tester et développer de nouveaux produits, avec un retour immédiat des primeurs et consommateurs ».