Quels sont les principaux usages du biocontrôle en arboriculture ?
Confusion sexuelle, argile, Bt… Certains produits de biocontrôle sont très couramment utilisés par les producteurs de fruits. Un état des lieux de leur usage a été présenté lors du Sival.
L’arboriculture fait partie des filières agricoles pionnières en matière d’usage du biocontrôle et où cet usage est le plus développé. Lors du Sival, Claude Coureau, ingénieure au CTIFL, a dressé un état des lieux de l’utilisation du biocontrôle en production fruitière. « Au niveau des macro-organismes, cet usage est assez peu développé en plein champ, dans les vergers, présente-t-elle. Des lâchers de prédateurs sont beaucoup plus courants sous abris, comme en prodution de petits fruits rouges contre, par exemple, les pucerons et acariens du framboisier. » Les produits à base de micro-organismes en revanche sont utilisés depuis longtemps en production de pommes, principalement le Bacillus thuringiensis (Bt) contre les tordeuses. « Il est très important de le positionner au bon moment en fonction du vol du carpocapse », avertit Claude Coureau.
« D’autres Bacillus, qui ont prouvé leur efficacité en laboratoire, sont testés sur le terrain. Certains de ces produits sont homologués. Par exemple le Bacillus subtilis est utilisé en stimulation des défenses des plantes ou le Bacillus pumilus contre l’oïdium, liste la spécialiste. En pomme, en précueillette, on applique du Bacillus amyloliquefaciens pour lutter contre le Gloeosporium, une pourriture qui se développe en conservation. Les efficacités de ces produits ne sont pas toujours régulières, il y a encore du travail à faire pour arriver à les positionner au bon moment. »
L’argile calcinée très répandue
Les substances naturelles d’origine minérale sont couramment utilisées en arboriculture, avec des produits comme le bicarbonate de potassium et le soufre contre la tavelure du pommier ou l’oïdium. « Ce sont des produits surtout utilisés en bio, mais on les utilise de plus en plus en conventionnel également », observe Claude Coureau. L’argile calcinée est une autre substance naturelle très répandue en arboriculture. Sur les fruits à pépins par exemple, elle est utilisée pour gêner le puceron du pommier lors de son retour à l’automne ou contre le psylle du poirier au printemps pour éviter qu’il ponde.
Les substances naturelles d’origine végétale sont assez peu représentées dans les itinéraires de protection du verger. « Il y a des produits homologués à base d’huile essentielle d’orange douce, utilisés par exemple contre la cicadelle. Attention, l’huile essentielle d’orange douce est une substance assez agressive avec un risque de phytotoxicité », avertit Claude Coureau. Enfin, les médiateurs chimiques sont peut-être la catégorie de biocontrôle la plus fréquemment utilisée pour la protection des vergers, avec la confusion sexuelle adoptée notamment depuis plus de vingt ans par les producteurs de pomme et aujourd’hui utilisée sur environ trois-quarts des vergers en France.
Une piste innovante contre la tavelure
À l’instar de la technique de l’insecte stérile, aura-t-on un jour recours à la technique du champignon stérile ? Des travaux de l’INRAE d’Angers ont permis d’identifier une souche de tavelure du Pyracantha qui, par croisement avec la souche de tavelure du pommier, rend cette dernière avirulente. En s’appuyant sur ces résultats, le projet « Enfin ! » porté par l’INRAE vise à exploiter la capacité avirulente des souches hybrides de tavelure obtenues en forçant le croisement de la souche de pommiers avec celle des pyracanthas en traitement d’automne et à stimuler les mécanismes naturels de défense des plantes en pulvérisant au printemps la souche de tavelure du Pyracantha.