Quelles origines pour fournir l'Europe?
Face à la difficulté croissante de sourcer l'avocat Hass, les importateurs surveillent les origines déjà bien implantées mais aussi d'autres qui émergent.
Face à la difficulté croissante de sourcer l'avocat Hass, les importateurs surveillent les origines déjà bien implantées mais aussi d'autres qui émergent.
Le marché européen est majoritairement approvisionné par des origines bien identifiées. A cette période de l'année, Chili et Mexique permettent de faire la transition entre la saison d'été et la saison d'hiver. Les origines méditerranéennes (Espagne, Israël) fournissent l'Europe pendant l'hiver. L'hémisphère Sud prend la relève pour l'été, avec le Kenya, l'Afrique du Sud et le Pérou, origine qui a monté en puissance en l'espace de quelques années (lire pages suivantes). Il est même devenu la principale origine d'été. « Cette origine, qui continue de croître énormément, a une très belle qualité qui s'est beaucoup améliorée, souligne Philippe Mendez, directeur général de RG France. Le Senasa a mis des normes minimales pour la récolte et l'expédition, que ProHass a mises en avant. » Et Gabriel Burunat, président-directeur général de Commercial Fruits, de préci-ser : « Au Pérou avec de nouvelles zones précoces, on peut commencer à charger en décembre pour une arrivée en Europe en janvier. Et avec des zones très tardives on peut, avec de petits volumes, aller jusqu'à fin octobre. »
L'Amérique latine reste la principale zone de production. La Colombie émerge et pourrait prendre une place importante.
Un retour du Mexique ?
Les arbitrages des origines latino-américaines se font, pour le moment, en fonction du marché américain, plus proche et surtout qui s'ouvre à ces produits. On a ainsi peu vu le Mexique en Europe ces dernières années malgré des échanges historiques avec la France. La situation pourrait changer. Déjà l'année dernière, 25 000 t avaient été envoyées en Europe (contre 13 000 t en 2014). Le Mexique a une production qui progresse et les opérateurs mexicains s'intéressent de plus en plus à l'Europe. « Et les importateurs européens s'inté-ressent aussi au Mexique », précise Gabriel Burunat. Même son de cloche chez RG France et Reyes Gutiérrez, avec un beau développement de cette origine – avec la zone de Jalisco – durant l'hiver 2015-2016. « C'est une région plutôt récente dans l'avocat, avec une belle qualité de fruits, explique Philippe Mendez. On a fait une très bonne saison d'hiver. Le groupe Reyes Gutiérrez a importé 200 conteneurs du Mexique entre la France et l'Espagne. »
Chez AZ France, le Mexique est déjà la première origine travaillée car une filière y est développée depuis 1998. Depuis deux ans, le groupe dispose d'une production en propre sur Jalisco (plantation en juillet 2011).
Les regards sont tournés vers la Colombie
La Colombie, c'est l'outsider qui pourrait monter très haut. Les surfaces de hass sont déjà de 8 000 à 10 000 ha. « Il y a tout à faire, connaissances, infrastructures… mais cette origine pourrait être le nouveau Pérou, analyse Gabriel Burunat. D'ail-leurs le prochain congrès mondial de l'avocat aura lieu en Colombie. » Il y a, a priori, deux zones de production, et le calendrier, comme au Pérou, couvre la quasi-totalité de l'année. « Les Chiliens s'intéressent beaucoup à la Colombie, car c'est une origine complémentaire, avec des coûts plus bas et moins de risques climatiques, précise Gabriel Burunat. Les grosses structures mondiales s'y implantent avec, par exemple, la création de l'entreprise Westsole par le sud-africain Westfalia et le chilien Subsole. » Georges Helfer développe la Colombie depuis trois ans.
L'Espagne en perte de vitesse
En Méditerranée, le Maroc plante aussi beaucoup. Selon Agrimaroc, le Maroc exporte en moyenne plus de 2 000 t d'avocats Hass vers le marché européen. Les surfaces couvrent plus de 1 000 ha. L'avocat était un produit inaccessible mais face à la demande croissante, les agriculteurs marocains se sont mis à cette culture.
L'Espagne en revanche est en perte de vitesse. « C'est un produit compliqué, avec de petits volumes, un marché de niche, précise Philippe Mendez. La grande distribution fait un même prix pour toutes les origines alors que l'Espagne est une origine qui coûte plus cher. » De plus, les vergers espagnols sont vieillissants. Les rendements sont moindres et les vergers ne sont pas remplacés. « Il fait de plus en plus chaud en Espagne et l'avocat est gourmand en eau, explique Philippe Mendez. On préfère planter de la mangue, qui est un produit tropical qui a besoin de moins d'eau. Les rendements vont du simple au triple comparés à l'avocat. »