Quand la tomate se défendra contre Pseudomonas…
La thèse publiée en 2016 par Mathilde Royer, chercheuse à l’Inra de Nancy-Lorraine, est très fondamentale mais laisse apercevoir des impacts dans le futur notamment dans la résistance des tomates à la bactérie Pseudomonas. Dans des chambres de culture, elle a comparé des plants de tomates infectés ou non par Pseudomonas syringae qui attaque les feuilles et les fruits ou par Pseudomonas corrugata qui affecte les tiges. Deux doses d’azote ont été étudiées. La première correspond aux besoins de la plante, la seconde à des conditions limitantes sans atteindre la carence. L’automate Totomatix, mis au point par l’Inra d’Avignon, a diffusé en continu et de façon très précise des doses d’azote en ferti irrigation. Résultat : la tomate ne réagit pas de la même manière selon le type de bactéries étudiées. Avec Pseudomonas syringae, la tomate produit de façon importante un polyphénol appelé caffeoyl-putrescine, ce qui n’est pas le cas avec Pseudomonas corrugata. Ces travaux ont montré aussi que l’azote avait peu d’influence sur les défenses induites c’est-à-dire au moment de l’infection bactérienne.
Rôle joué par l’azote sur les défenses constitutives
Alors qu’il est montré depuis longtemps que l’azote joue sur les défenses constitutives c’est-à-dire avant l’apparition de la bactérie. Ainsi, en cas de fortes doses azotées et de croissance importante, les bactéries sont favorisées. Et en cas d’azote limité, la plante produit plus de polyphénols, un indicateur de stress avéré. Aussi, ces résultats modifient quelque peu les hypothèses de départ, à savoir le rôle joué par l’azote durant l’infection et son incidence éventuelle sur la conduite culturale.
L’une des applications de ces travaux pourraient déboucher à terme sur la création de plantes plus résistantes si la production de caffeoyl-putrescine s’avère bien impliquée dans les défenses immunitaires, la variabilité génétique pour la production de caffeoyl-putrescine étant avérée selon Romain Larbat qui a co-supervisé ces travaux. Les chercheurs sont en train de travailler sur le rôle des gènes dans la production de ce polyphénol.