Cultures de fruits et légumes : pourquoi la pression des ravageurs et maladies augmente
La circulation du matériel végétal et le changement climatique pourraient entraîner de nouveaux risques sanitaires.
La circulation du matériel végétal et le changement climatique pourraient entraîner de nouveaux risques sanitaires.
« La circulation des végétaux et l’évolution des pratiques peuvent entraîner de nouvelles problématiques sanitaires, constate Alexandra Popova, de Polleniz (ex-Fredon Pays de la Loire). Et ces risques sont accentués par le changement climatique. » En Pays de la Loire, Polleniz a identifié plusieurs problèmes nouveaux pour la région. Un risque important est le feu bactérien, dû à la bactérie Erwinia amylovora, très présente en France, qui touche pommiers, poiriers et cognassiers, très cultivés dans la région, ainsi que des arbres présents dans les haies, notamment l’aubépine.
En cas d’attaque, la seule solution est d’arracher les arbres pour éviter la propagation de la maladie. « Le feu bactérien se dissémine surtout par des insectes, mais aussi par le vent, la pluie, précise Alexandra Popova. La hausse des températures et la multiplication des orages favorisent sa propagation. Le changement climatique pourrait donc augmenter la pression en Val de Loire, non touché actuellement. » Un autre risque est le virus de la sharka, véhiculé par les pucerons et le matériel végétal, qui attaque les pêchers, abricotiers, pruniers, avec de forts impacts sur la production, et touche aussi le prunellier. « L’abondance de prunelliers dans la région et l’existence du virus dans d’autres régions rendent notre territoire propice à l’installation de la sharka, estime Alexandra Popova. Ces facteurs combinés avec le changement climatique pourraient être un frein à l’implantation de vergers de Prunus en Val de Loire. »
Prendre en compte les essences des haies
Autre risque encore : la mosaïque du figuier, due au Fig mosaïc virus véhiculé par des acariens, qui entraîne une chute des rendements et de la qualité. « Le virus, déjà très présent en France, pourrait se propager en Val de Loire si la production de figue s’y développe. » De nouveaux ravageurs menacent aussi les légumes : la mouche orientale des fruits (Bactrocera dorsalis), qui touche les fruits et les légumes (aubergine, tomate, concombre) et est très polyphage, a été détectée en PACA et en Île-de-France, et pourrait arriver en Val de Loire. Autre ravageur émergent : le légionnaire d’automne, très polyphage, qui attaque notamment les tomates, aubergines, poivrons, et se propage par le maïs, très cultivé en Pays de la Loire, et a déjà été détecté aux Canaries et à Chypre en 2023. « Il est donc important de se tenir informé de l’état sanitaire régional et interrégional, insiste Alexandra Popova. La prise en compte de l’environnement et des essences présentes dans les haies est aussi essentielle en amont de nouvelles plantations. Et il est crucial de bien choisir l’origine des semences et plants que l’on achète. »