Pomme : la dendrométrie pour évaluer l’efficience de l’irrigation
Depuis quatre ans, le Cefel travaille sur l’optimisation des apports d’eau de trois systèmes d’irrigation pilotés avec des sondes ou non.
Depuis quatre ans, le Cefel travaille sur l’optimisation des apports d’eau de trois systèmes d’irrigation pilotés avec des sondes ou non.
Piloter son irrigation pour des apports d’eau efficients nécessite de coupler sondes sols et sonde plantes. Preuve en est, l’essai conduit au Cefel (Tarn-et-Garonne) dans le cadre du GIEE (Groupement d’intérêt économique et environnemental) Arbonovateur®. « Nous comparons depuis quatre ans trois systèmes d’irrigation pilotés soit avec le bulletin d’irrigation de la Chambre d’agriculture, soit par des sondes sols capacitives, des tensiomètres et des dendromètres placés sur des branches fruitières depuis 2016 », détaille Sébastien Ballion de la station expérimentale Cefel. Les sondes « sols » ont indiqué un confort hydrique tout au long des quatre années de suivi. Pourtant les pommiers de Gala arrosés en goutte-à-goutte ont eu des rendements cumulés globalement inférieurs aux modalités en aspersion sur frondaison et en microjet. De la 2e à la 4e feuille, le cumul des volumes récoltés était de 63 et 70 t/ha en goutte-à-goutte contre 90 à 120 t/ha pour les deux autres systèmes d’irrigation. « Le problème du goutte-à-goutte disposé sur une seule ligne dans nos conditions pédoclimatiques est qu’en période estivale une part conséquente du système racinaire se trouve en dehors du bulbe d’humectation, ce qui pénalise le développement des arbres, explique l’expérimentateur. Un bulbe d’humectation peut contenir une « réserve d’eau maximale » et lorsque celle-ci est atteinte, ce qui est le cas dans notre expérimentation, augmenter les volumes d’eau entraînerait une perte d’eau par percolation sans pour autant favoriser la croissance des arbres. » Les quantités apportées étaient donc suffisantes pour maintenir un sol humide comme le montrent les sondes sols mais insuffisantes pour couvrir les besoins de l’arbre. Mais pour observer cela, seule une sonde plante peut le faire. « Les sondes sols, qu’elles soient capacitives ou tensiométriques, permettent de savoir si de l’eau est disponible pour les plantes mais pas si cette eau est en quantité suffisante, confirme le technicien. Pour compléter les données sols, le suivi dendrométrique est nécessaire pour valider l’efficacité des apports. »
Peu de différences dans les quantités globales apportées
L’objectif de réduction des apports en eau recherché en goutte-à-goutte n’est pas toujours atteint. « La réduction des quantités d’eau apportée avec le système en goutte-à-goutte est globalement de 30 % par rapport à l’aspersion sur frondaison mais elle est très faible par rapport au microjet, précise Sébastien Ballion. De plus, le système en goutte-à-goutte est en général déclenché plus tôt. En 2017, il a ainsi fonctionné cinq mois contre trois mois et 10 jours pour les deux autres systèmes. De ce fait, la réduction de consommation d’eau a été nulle cette année-là. » Le pilotage à la parcelle avec des sondes n’a pas permis sur les premières années d’essai de diminuer significativement les quantités d’eau apportées ou d’augmenter le rendement par rapport aux parcelles irriguées selon les préconisations du Bulletin irrigation. « Nous ne pouvons donc pas dire que les pilotages « sondes » ont été plus efficients. Mais la différence notable est un fractionnement plus important des apports pour les modalités aspersion sur frondaison et micro-jet pilotées avec les sondes, note le spécialiste. Mais dans des sols très drainants ou hydromorphes, le pilotage de l’irrigation avec le seul bulletin d’irrigation, qui a pour but de donner un conseil général à l’ensemble des producteurs de la région, pourrait atteindre ses limites. »
Piloter son irrigation à distance
Pour piloter au plus près des besoins de la plante, un kit « sonde sol-sonde plante » est donc à envisager par type de sol. « Mais la gestion avec les sondes nécessite du temps pour relever les données et des changements du programme d’arrosage sont fréquents en fonction de la météo, souligne l’expérimentateur. D’où l’intérêt d’automatiser la récolte de ces informations et la gestion des vannes d’irrigation. » Cette automatisation est effectuée sur cet essai par l’outil Comsag de la société TCSD. L’outil Comsag permet de suivre les sondes, de consulter et de modifier à distance le programme d’irrigation dans chacune des parcelles. « Cet outil nous a permis une plus grande réactivité avec la possibilité de vérifier à distance et en temps réel le bon fonctionnement du système d’irrigation, complète Sébastien Ballion. Le pilotage en a été facilité et a permis un gain de temps pour l’utilisateur. »