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Production
Pomme de terre : des marchés dynamiques malgré tout mais des défis à relever

Pour sa conférence de rentrée, l’Union Nationale des Producteurs de Pommes de Terre (UNPT) a fait le point sur les impacts Covid, le contexte de marché marchés fécule, frais et transformés, et les défis à relever pour les années à venir : réglementaire et phyto, compétitivité, attractivité.

« Des marchés dynamiques malgré tout mais des défis à relever face une réglementation française exigeante qui induit des distorsions de concurrence alors que la France vient de prendre la présidence européenne. » Tels étaient les mots de conclusion de Geoffroy d’Evry, président de l’UNPT, lors de la visio-conférence de presse de rentrée de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre le 7 janvier.

Covid : un retour aux tendances de consommation pré-crise

« Le Covid a marqué les deux dernières campagnes, rappelle Loïc Le Meur, responsable des affaires techniques à l’UNPT. Sur 2020-2021, on retrouve des tendances de consommation pré-Covid notamment avec un retrait de la consommation en l'état (-0,9 % en frais et -2 % à l’export) mais une hausse globale de la consommation à domicile des produits transformés +2,7 % en surgelés, -4,5 % en purées déshydratées et +1,0 % en chips comparé à la saison précédente et une légère baisse (-1,4 %) des volumes transformés dans les usines en
France. »

Le Covid a ralenti la demande au niveau de la transformation et la pomme de terre a eu du mal à trouver des débouchés et une valorisation. Les investissements tant des industriels (usine) que des producteurs (stockage) ont été mis en stand-by.

« Fin 2021 et début 2022, on observe une reprise des tendances de consommation mais avec en parallèle des coûts de production qui ont explosé sur un certain nombre de postes », analyse Loïc Le Meur.

Retrait des surfaces, la production attendue également en baisse

Les surfaces ont suivi ces tendances de consommation baissières. En 2021, elles sont en baisse de -3 % en France comparé à 2020. « ça n’était pas arrivé depuis très longtemps », note Loïc Le Meur. Même topo côté NEPG (-4,6 % en surfaces soit -24 000 ha entre 2020 et 2021 sur l’UE-4).

Conséquences : des volumes attendus en baisse. Le NEPG, à fin octobre, annonce 800 000 t en moins (-3,4 %). En France, la production 2021 est attendue en retrait de 1,9 % avec des rendements plutôt à la hausse en raison de conditions climatiques favorables.

Marché du frais plutôt calme, export dynamique vers l’Est, la transformation redémarre

En parallèle, le marché est plutôt dynamique. Certes, la consommation en l’état est en baisse (-15 % à fin novembre), renouant avec les tendances pré-crise mais l’export en frais et industrie est dynamique (+2 % à fin octobre). En conséquence, les niveaux de prix se maintiennent plutôt bien dans le frais (autour des 200 €/t), malgré un marché intérieur plutôt calme mais des marchés export dynamiques tirés par l’Europe de l’Est. Sur le marché de l’industrie, des cotations se positionnent légèrement au-dessus des contrats jusqu’à maintenant, ce qui change la donne par rapport aux dernières campagnes marquées par le Covid et qui avaient vu les cotations tomber à un niveau très bas.

Et surtout les produits transformés pour la consommation à domicile voient une hausse de leur consommation (+3,9 % en surgelés mais -4,6 % pour les purées déshydratées et -0,2 % pour les chips) et les volumes transformés dans les usines bondissent, +7,9 %, retrouvant des niveaux d’avant crise. Les cotations sont donc légèrement au-dessus des contrats, ce qui montre la reprise post-covid. Les marchés à terme semblent redémarrer, à l’international, malgré l’incertitude liée au contexte Covid.

Hausse des coûts, pression réglementaire : « laissez-nous produire de la pomme de terre ! »

Des défis forts restent néanmoins à affronter. Les coûts de production explosent. Les intrants observent une hausse de +17,4 % (octobre 2021), les plus fortes augmentations concernant les engrais (+68 %) et l’énergie (+39,9 %).

L’autre bête noire, c’est la pression réglementaire. Arrêt du CIPC, du mancozèbe, le Flomicamide (qui vient d’obtenir une dérogation de 18 mois pour les plants), le sujet ZNT, le plan pollinisateurs…. « La pomme de terre va devenir une culture isolée qui va subir de plein fouet les évolutions réglementaires, avertit Geoffroy d’Evry. Et avec Egalim, il n’y a pas de réciprocité des règles avec nos voisins européens. Il faut des clauses miroirs. Surtout que l’on rentre en présidence européenne française ! Il ne faut pas que la réglementation nous empêche de produire ! »

Sur le plan pollinisateur, il explique que la « pomme de terre n’est pas du tout attractive pour les pollinisateurs, aussi bas que le blé tendre ». Alors que le plan pollinisateur fait passer de 11 molécules à 5 molécules disponibles pendant la floraison. « Il faut enlever la pomme de terre des cultures concernées par le plan pollinisateur », exige Didier Lombard qui regrette et dénonce la non-reconnaissance des travaux d’Arvalis par l’Anses sur ce sujet.

Face aux contraintes, du frais vers le transformé ?

La concurrence entre cultures, face à une Pac qui pousse à la diversification et face aux coûts des intrants, pourrait jouer négativement sur les arbitrages des assolements pour la pomme de terre face au colza, la betterave ou même des légumineuses. De même entre les trois débouchés de la pomme de terre : fécule, frais et industrie.

En frais, la consommation repart en tendance baissière. En transformation, les surfaces et les volumes sont attendus en développement pour suivre la reprise de la demande. « Le Covid ne pèse plus sur l’industrie des produits transformés, une filière moteur, ni sur la demande associée », note Loïc Le Meur. Conséquence : les contrats 2022 ont été revalorisés.

David Deprez, producteur en frais et administrateur de l’UNPT, s’inquiète : outre la consommation baissière, le frais doit faire face à « toujours plus de contraintes sur les cahiers des charges avec presque un cahier des charges spécifique par enseigne, et une valorisation qui ne suit pas. Donc des producteurs qui regardent de plus en plus le marché de la transformation, redynamisé par la reprise de la demande et des contrats revalorisés. Il y aura surement des basculements du frais vers la transformation. Des grands conditionneurs ont aussi prévu de moins faire emblaver. »

La fécule : en difficulté mais filière d’avenir

Il y a une grosse interrogation sur la filière de la fécule, qui a subi l'impact du Covid (surstocks au niveau européen et donc chute des cours) avec en plus une tendance baissière des rendements en pommes de terre féculières depuis des années. On s'attend donc à es désengagements des producteurs et des baisses de surfaces pour 2022 et 2023. Pourtant, cette filière c’est « l’or blanc », selon les termes d’Olivier Brasset (agriculteur et représentant de la filière fécule à l’UNPT). « On a quand même des perspectives d’avenir en termes de protéines et de santé-nutrition. Nos concurrents européens se développent mais en France on a du mal. » La fécule est aussi une source de matière biosourcée (plastique).

Arnaud Delacour (président du GIPT), abonde en ce sens : « Il faut un soutien des pouvoirs publics, il faut accompagner cette filière d’avenir pendant les 2-3 ans difficiles à venir. Trois leviers : la Pac et les aides couplées (200 €/ha au lieu des 80 € actuellement) ; la déclinaison de la Pac en PNS en donnant une identité particulière à la pomme de terre de fécule ; et un assouplissement de certaines réglementations, comme celle de l’eau et des épandages. »

L’Assemblée générale de l’UNPT aura lieu à Troyes le 7 juin et se poursuivra le 8 juin par une journée de débats ouverte à tous.

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