Comment réaliser la taille d’hiver du pêcher
La taille d’hiver du pêcher est primordiale pour maîtriser sa productivité. Suivant l’âge du verger et la variété, les gestes à accomplir ne seront pas les mêmes.
La taille d’hiver du pêcher est primordiale pour maîtriser sa productivité. Suivant l’âge du verger et la variété, les gestes à accomplir ne seront pas les mêmes.
La taille d’hiver est une étape importante de la conduite du pêcher. Son intensité dépend de la variété, du potentiel agronomique, de l’objectif de rendement, de la floribondité, de la sensibilité aux chutes de bourgeons… Les tailles en 1re et en 2e feuilles servent à la formation de l’arbre. Surtout en 2e feuille, la taille doit permettre à l’arbre d’avoir une structure suffisante pour pouvoir supporter des charges importantes les années suivantes. Début décembre, la Sefra, Station d’expérimentation fruitière d’Auvergne-Rhône-Alpes, organisait trois journées techniques consacrées à la taille d’hiver et aux formes fruitières du futur, à Etoile-sur-Rhône (Drôme). 110 producteurs venant de toute la France étaient présents à cette occasion. Différents types de taille ont été présentés, suivant notamment l’âge du verger sur simple Y et double Y.
En première feuille
La taille des pêchers en 1re feuille n’est pas la plus essentielle, mais quelques règles doivent cependant être respectées. Elle consiste en deux à trois écimages en été en fonction de la pousse, afin d’avoir des charpentières à 45°. Lors de la taille d’hiver, quelques erreurs sont à éviter. « Parfois, quand on plante un scion et qu’on l’a rabattu, des charpentières partent de la base, d’autres partent du haut. Il ne faut pas laisser des charpentières qui partent de niveaux différents », explique Yannick Montrognon, responsable du programme pêche à la Sefra. Il faut aussi éviter d’avoir des charpentières au-dessus des autres, car souvent leur vigueur ne sera pas assez importante. « En conduite double Y, il vaut mieux garder trois charpentières et attendre que la quatrième sorte l’année d’après, plutôt que d’en garder quatre coûte que coûte qui ne pourront pas devenir des belles charpentières », poursuit-il.
Pour aller plus loin : une vidéo de la Chambre d'agriculture de la Drôme sur la taille en vert du pêcher en 1re feuille
En deuxième feuille
En 2e feuille, la structure de l’arbre doit être privilégiée par rapport à la production. Le premier écimage d’été a pour but d’ouvrir l’arbre. Le second passage au sécateur, début août, doit permettre de présélectionner les charpentières et les sous-mères. En hiver, les charpentières doivent être sélectionnées et les sous-mères attachées. Les charpentières doivent avoir un arrêt de sève tous les un mètre au maximum afin de favoriser les coursonnes. Ensuite, l’intensité de taille dépendra de la variété comme pour un arbre adulte.
Pour aller plus loin : une vidéo de la Chambre d'agriculture de la Drôme sur la taille en vert du pêcher en 2e feuille
Sur arbre adulte
« Il faut tenir compte du changement climatique quand on taille, avertit Yannick Montrognon. Quand on a une période de froid en novembre, puis un coup de chaud (10-15°C) en décembre, la sève commence à monter. C’est souvent le cas en Rhône-Alpes, mais ça le devient aussi dans le Gard et la Crau avec le changement climatique. Le pêcher peut alors arriver au stade B en janvier et le risque est grand d’avoir des bourgeons gelés. Certaines variétés prennent ainsi des gels de bourgeons sévères. » Ainsi, en taillant précocement fin novembre – décembre, il faut faire très attention à ne pas tailler directement, et ne réaliser que de la pré-taille qui doit être effectuée de préférence par du personnel qualifié.
Cette opération consiste entre autres à effectuer les grosses coupes et la conicité de l’arbre. Pour pouvoir conserver une bonne qualité de bois pendant longtemps, il faut former un triangle afin de favoriser l’entrée de la lumière. « Quand on réalise la conicité, il faut tirer un trait imaginaire entre le bout de la charpentière et le bout de la sous-mère, illustre Yannick Montrognon. Les structures latérales doivent être recoupées à plat sur cette ligne imaginaire. De plus, il peut y avoir des coursonnes en haut qui sont du même diamètre que la charpentière, il faut faire l’effort de les couper à ras. » En faisant cela et deux tailles en vert l’été, afin d’éviter le dégarnissement de l’arbre et d’obtenir un bois de bonne qualité, la structure de l’arbre sera préservée. Une fois les risques de gel sur bourgeons passés, la taille définitive peut être réalisée. Le type de taille dépendra de la variété. Quatre types de taille sont ainsi pratiqués (voir encadré).
Quatre types de taille pratiqués sur pêcher
2. La taille allongée sur rameaux mixtes est idéale pour les variétés de pêches de juillet ou nectarines fleuries de juillet. Pour ces variétés, on a besoin d’un peu plus de bois que pour les précoces, afin d’augmenter le rendement. On garde le même principe que la taille sur rameaux mixtes (suppression des chiffonnes), mais on conserve le prolongement de la coursonne si celle-ci est plus longue que le sécateur.
3. La taille sur tous types de bois non affaiblis. Les variétés de nectarines d’août ou celles de pêches moyennement floribondes ont besoin d’encore plus de bois. On conserve le prolongement de la coursonne si celle-ci est plus longue que le sécateur. En plus, on conserve les chiffonnes du dessus et sur le côté sous peine de ne pas avoir assez de bois par la suite.
4. La taille sur bois de deux ans. C’est une taille à réserver pour les cas extrêmes, si la variété est très peu productive et qu’il y a peu de fleurs. Les bois de deux ans vont alors remplacer les rameaux. On doit garder toutes les chiffonnes et même les bois de deux ans qui ont des prolongements de taille inférieure au sécateur.