Myrtille : des itinéraires techniques pour développer la culture
Le développement de la culture de myrtilles en France passe par la connaissance des itinéraires techniques par les producteurs qui souhaiteraient se lancer. Le CTIFL a ainsi publié récemment une note de synthèse pour les accompagner.
La production de myrtilles française reste faible par rapport à la demande et ne couvre que 17 % des volumes commercialisés en France. Ainsi, la progression fulgurante de la consommation a jusqu’ici surtout profité aux importations, qui ont été multipliées par six ces dix dernières années. L’offre française pourrait cependant se développer dans les années à venir avec la création d’ateliers myrtille dans tout le pays, à l’image de six producteurs Prince de Bretagne.
Afin d’accompagner les producteurs dans leur projet de production de myrtilles, le CTIFL a publié en mars 2024 une note de synthèse sur la conduite de cette culture en France. Ce document a pour objectif de faire un état des lieux des différents modes de conduite, des temps et des coûts de travaux par hectare. Il a été réalisé « grâce à des informations recueillies lors de visites auprès de producteurs et de conseillers techniques, de recherches bibliographiques et d’entretiens téléphoniques », précise le résumé de cette note de synthèse.
Sur butte si le sol est peu drainant
Deux principaux itinéraires techniques types sont pratiqués en France, d’après les données récoltées lors des visites de vergers entre 2020 et 2023. La conduite en pleine terre représente 95 % des surfaces de myrtilles en France. La conduite hors-sol sous abris (5 % des surfaces) se développe dans les zones où les sols ne sont pas propices à la myrtille. La note de synthèse du CTIFL décrit les principaux itinéraires techniques pratiqués en France, en pleine terre et en hors-sol : dispositif de plantation, circuit de commercialisation, variétés, gestion de l’enherbement, irrigation, fertilisation, récolte…
En pleine terre, la densité de plantation est généralement de 3 300 plants par hectare. Si le sol n’est pas assez riche en matière organique, on peut ajouter un terreau spécial myrtille ou des écorces de pin broyé. L’inter-rang est généralement de trois mètres, l’espacement entre les plants d’un mètre. Les plants peuvent être conservés une vingtaine d’années en moyenne. La culture peut se faire sur butte (0,5 m de haut x 0,5 m de large), notamment si le sol est peu drainant. En hors-sol (5 000 plants par hectare), des pots de 45 litres sont le plus souvent utilisés, avec un substrat tourbe, fibres de coco, écorces broyées, perlite. L’inter-rang le plus pratiqué est de 2,5 mètres et un espacement sur le rang de 0,8 mètre. Les plants sont conservés une dizaine d’années.
Des apports doublés pendant la floraison et la véraison
La gestion de l’enherbement en pleine terre se fait de manière mécanique et/ou chimique. Un paillage (naturel ou plastique) peut être mis en place. Sur butte, on utilise généralement un paillage ou une toile tissée, avec parfois un système d’ouverture pour fertiliser. En hors-sol, la surface au sol peut être bâchée. « Les adventices aux pieds sont retirées manuellement lors de la taille », précise la note de synthèse. De plus, « des cercles anti-herbes ou paillage naturels peuvent être placés dans les pots ».
Concernant l’irrigation, en l’absence de pluviométrie, les besoins d’une culture de myrtilles sont d’environ 25 millimètres par semaine hors floraison et fructification. Les apports sont doublés en période de floraison et véraison. En plein champ, le document recommande « deux rampes avec goutteurs 1,6 litre tous les 33 centimètres » (deux à trois apports par jour hors floraison et fructification). En hors-sol, les recommandations sont de deux goutteurs 4 litres par heure (l/h) par pot, ou quatre goutteurs 2 l/h par pot (irrigation pendant deux minutes six fois par jour hors floraison et fructification). L’irrigation doit être pilotée en fonction du drainage dans les pots.Coût de plantation estimé à 57 500 €/ha en hors-sol
La note de synthèse évalue à 23 300 euros le coût de plantation par hectare d’une culture de pleine terre pour une densité de 3 300 plants par hectare (coût du matériel, devis 2022). Dans le détail, on compte 15 000 euros pour les plants (plants de 3 litres), 5 000 euros pour l’irrigation et 3 300 euros pour la toile tissée. « Ajouter si besoin les apports de matière organique à la plantation », précise le document. En hors-sol (5 000 plants par hectare), sans tunnel, le coût de plantation par hectare est estimé à 57 500 euros, dont 8 000 euros pour une station simple de ferti-irrigation et le matériel d’irrigation, 22 500 euros pour les plants (plants de 3 litres), 10 000 euros pour les pots, 12 000 euros pour le substrat et 5 000 euros pour la toile tissée sous les pots.Une taille hivernale importante nécessaire
« La culture de la myrtille nécessite une taille hivernale importante pour garder des plants de qualité, pour favoriser l’homogénéité dans la maturité des baies et dans les calibres et ainsi faciliter la récolte », indique la note de synthèse du CTIFL. Une taille adaptée permet de limiter les infrastructures de palissage et le temps de récolte. Plusieurs recommandations de taille sont ainsi énoncées par le document, valables quel que soit l’itinéraire technique, pleine terre ou hors-sol : tailler les branches de plus de trois ans ; supprimer les branches les plus faibles et les plus fragiles, et celles qui croisent d’autres branches ; supprimer le bois mort et les branches centrales afin de laisser entrer la lumière ; supprimer les branches dont les fruits sont plus difficiles à récolter ; réaliser un rabattage (à environ 15 cm du sol), en conservant deux ou trois tire-sève, lorsque l’ensemble du plant est fatigué et moins productif.