Melon : une enquête sur les sols pour faire face à la fusariose
Le travail d’enquête sur des sols, mené dans le cadre du projet Synergies, doit permettre de mieux comprendre les facteurs de développement des fusarioses et identifier des leviers pour lutter contre ces pathogènes telluriques.
Le travail d’enquête sur des sols, mené dans le cadre du projet Synergies, doit permettre de mieux comprendre les facteurs de développement des fusarioses et identifier des leviers pour lutter contre ces pathogènes telluriques.

Le projet Synergies concerne la maîtrise des fusarioses, Fusarium spp., dans les cultures des melons et d’ail selon la diversité des sols. Son objectif est de gérer ces maladies telluriques en mobilisant les principaux leviers agroécologiques, en fonction du contexte pédoclimatique et des systèmes de culture. En effet, si différentes techniques ont été expérimentées depuis longtemps (greffage, engrais verts, amendements organiques, produits de biocontrôle, antagonisme…), il y a peu de connaissance des facteurs qui expliquent le développement de la maladie.
Comprendre la réceptivité des sols
Aussi la réalisation de projet Synergies se base sur un travail d’enquête sur des parcelles qui présentent a priori un risque fusariose (rotation courte par exemple) mais ne développent pas d’attaque de fusariose ou à l’inverse, des parcelles a priori non sensibles mais qui engendrent un développement important de la maladie. Un questionnaire très large permet alors de connaître l’historique de la parcelle (rotation, nombre de cultures de melon, cultures intercalaires, type de fertilisation…). Il est complété par une analyse du sol (propriétés physico-chimiques, granulométrie, matière organique, pH…) et enrichi d’un test de réceptivité du sol réalisé au centre CTIFL de Balandran. Il s’agit d’inoculer la maladie dans le sol à évaluer et de constater son pouvoir de réaction avec des plantes tests sensibles aux fusarioses. Si celles-ci ne développent pas ou peu de symptômes, on suppose la présence de micro-organismes antagonistes. On parle alors de sol suppressif, comme ceux déjà observés à Châteaurenard. La réalisation de cet objectif répond donc à la caractérisation de l’état sanitaire des sols par rapport aux fusarioses d’origine tellurique en cultures légumières. « Cette cartographie permettra de dresser un premier bilan des pratiques culturales, des moyens de protection mis en œuvre et de leur efficacité ainsi que des systèmes et des zones les plus touchés », précise sa fiche de présentation. Il doit permettre la compréhension des liens entre la réceptivité des sols aux fusarioses d’origine tellurique et le milieu.
La contribution du milieu se décline en facteurs naturels (propres au contexte pédoclimatique des parcelles) ainsi qu’en facteurs partiellement contrôlables par l’agriculteur (propriétés physico-chimiques des sols telles que le pH, l’état structural du sol, l’état nutritionnel et l’équilibre nutritif). La maîtrise de l’efficacité des leviers agroécologiques, notamment grâce à la compréhension des interactions sol-plante-microorganismes à l’échelle de la rhizosphère ainsi qu’à l’étude de l’impact des itinéraires techniques sur ces interactions, sera également prise en compte. La mise à disposition d’outils opérationnels de gestion des maladies est également visée afin de permettre la préconisation et la diffusion de leviers agroécologiques adaptés selon les contextes pédoclimatiques, les systèmes de culture et les itinéraires techniques. L’apport d’amendements organiques sous forme de compost est un des premiers et principaux leviers agroéologiques étudiés par le FiBL (Institut de recherche de l’agriculture biologique Suisse), qui a créé l’année dernière son antenne France dans la Drôme et partenaires du projet. Des gisements de composts seront identifiés et analysés. « Des essais en conditions contrôlées et en conditions on farm, dans diverses conditions pédoclimatiques, seront conduits afin d’évaluer l’effet de ces composts sur le développement et la propagation de Fusarium spp. pour les cultures d’ail et de melon », mentionne la présentation du projet. L’utilisation de micro-organismes antagonistes, en complément au compost, sera aussi étudiée. D’autres leviers sont également à appréhender, notamment le pH du sol et sa compacité en lien avec les différentes opérations de travail ou non du sol.