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Maraîchage : optimiser l’implantation des couverts végétaux

La pratique des couverts végétaux en cultures maraîchères apporte de nombreux bénéfices. Délicate à maîtriser, elle fait l’objet de nombreux travaux d’expérimentation, comme ceux de l’Acpel en Charente-Maritime.

Les couverts végétaux peuvent être un moyen d’enrichir le sol en matière organique, de limiter le développement des adventices, de moins travailler le sol, de le protéger contre l’érosion ou encore de capter l’azote.  © Acpel
Les couverts végétaux peuvent être un moyen d’enrichir le sol en matière organique, de limiter le développement des adventices, de moins travailler le sol, de le protéger contre l’érosion ou encore de capter l’azote.
© Acpel

Les couverts végétaux, répandus en grandes cultures, le sont encore peu en maraîchage. « Cette technique semble plus difficile à mettre en œuvre en maraîchage en raison d’une succession de cultures et d’espèces cultivées plus sensibles à la compétition », constate Samuel Ménard, chargé de projet AB à l’Acpel, station d’expérimentation légumière en Charente-Maritime. Les couverts suscitent néanmoins l’attention de nombreux producteurs, qui voient en eux un moyen d’enrichir le sol en matière organique, de limiter le développement des adventices, de moins travailler le sol, de le protéger contre l’érosion, de capter l’azote… Le positionnement du couvert par rapport à la culture est déterminant. Il peut ainsi être implanté après la récolte, avant la récolte directement dans la culture, ou encore avant l’implantation de la culture. La technique de destruction varie elle aussi en fonction des espèces choisies, du matériel disponible ou encore de l’objectif visé. L’Acpel expérimente les couverts végétaux en maraîchage bio depuis plusieurs années, notamment dans un objectif de captage de l’azote. « Dans la vallée de l’Arnoult, les producteurs identifient bien le fait que les couverts végétaux présentent des intérêts dans un contexte de risque important de lessivage des reliquats azotés à l’automne, après un chou-fleur par exemple », souligne le compte rendu d’essai de l’Acpel. Le but de ces essais est d’évaluer l’impact d’un couvert végétal, implanté après une culture d’été ou d’automne en plein champ, sur le captage des reliquats azotés en automne et en hiver et de mesurer son impact sur la culture suivante.

Des associations graminée et légumineuse

Au cours des essais 2016-2017 et 2017-2018, sur deux sites, deux couverts ont été semés après la culture de légume et comparés à la pratique producteur (terrain nu après la culture). « Nous avons choisi d’utiliser des mélanges simples, une association d’une graminée et d’une légumineuse, décrit Samuel Ménard, responsable de l’essai. Durant la première phase, la graminée assure une capture des reliquats azotés. La présence d’une légumineuse permet à la culture légumière suivante de bénéficier d’un effet re-fourniture azotée ». Les couverts testés (avoine + féverole, avoine + trèfle d’Alexandrie, avoine + vesce, avoine seule) ont été semés à la volée en septembre-octobre, après la récolte des cultures de choux, et détruits au printemps suivant. Ils n’ont pas montré de différences significatives entre eux au niveau de leur implantation et de leur développement. Le captage de reliquats azotés, suivi à l’aide du nitracheck, a été très faible. En effet, les couverts n’étaient pas suffisamment implantés avant les pluies d’automne pour éviter le lessivage. En 2019, le choix a été fait d’implanter les couverts végétaux au dernier binage de la culture de choux, dans l’inter-rang. Trois mélanges ont été testés (voir encadré), semés à la volée et au semoir. « Le semis à la volée est reproductible par le producteur, il peut s’effectuer avec un épandeur à engrais avant le dernier passage de bineuse. Un passage supplémentaire est donc nécessaire pour cette technique par rapport à une conduite classique », indique le compte rendu 2019. Le semis au semoir est lui plus difficilement reproductible, il demande d’équiper la bineuse.

L’implantation du couvert à la plantation va être évaluée

A la récolte, les couverts étaient peu développés (juste implantés) et n’ont donc pas eu d’impact sur le rendement de la culture de choux. De manière générale, le semis au semoir a permis d’implanter correctement le couvert dans l’inter-rang, contrairement au semis à la volée. Le couvert le plus développé était le mélange avoine + seigle semé au semoir. Mais pour l’ensemble des couverts, quel que soit le mode de semis, le développement a par la suite été insuffisant pour permettre une bonne captation de l’azote et ainsi éviter le lessivage durant les précipitations hivernales. Le choix a donc été fait pour les essais de 2020 d’avancer encore la date de semis des couverts. Ceux-ci ont été implantés à la plantation de la culture, avec le risque d’une concurrence entre les couverts et les légumes. La période d’implantation des couverts est également étudiée à la station Serail, dans le Rhône. Un essai a été mis en place en 2019 pour comparer l’impact de différentes dates d’implantation de couverts dans une culture de salade : à la plantation, au premier binage et au deuxième binage, en comparaison avec un semis du couvert après la récolte. Trois mélanges ont également été testés : avoine + phacélie + trèfle + vesce (mélange Quatro), avoine + féverole et seigle + vesce. « Le semis d’engrais vert à la plantation impacte significativement le rendement, indique Céline Mathieu, de la Serail, dans la revue Brassica. Il y a une perte de rendement de 20 à 45 % par rapport au témoin. Cette modalité a une incidence trop importante sur le rendement pour qu’elle soit mise en œuvre en production. » Le semis au premier binage et le semis au deuxième binage donnent globalement de bons résultats sur les paramètres agronomiques étudiés, tout comme le semis post-récolte.

A lire aussi : Des couverts végétaux dans les aspergeraies

Trois mélanges testés en 2019

 

 
© Acpel
Avoine rude + seigle multicaule

 

Ce mélange Chlorofiltre St New, composé de 52 % d’avoine et de 48 % de seigle, a présenté le meilleur taux de recouvrement de l’ensemble des modalités lorsqu’il a été semé au semoir (deux jours après le dernier binage, le 9 août). A la récolte des choux le 23 octobre, il recouvrait environ 45 % de l’inter-rang, se développant de façon homogène. Mais il ne s’est pas assez développé par la suite.

 

 
© Acpel
Fenugrec + vesce commune

 

Ce mélange Caussad’Herb est composé de 60 % de vesce et de 40 % de fenugrec. A la récolte des choux, le mélange semé au semoir occupait moins de 20 % de l’inter-rang. Un mois après, il a été le seul couvert à s’être développé depuis la récolte, avec un recouvrement de l’inter-rang d’environ 35 %. Ce développement a toutefois été insuffisant pour bien capter l’azote.

 

 
© Acpel
Avoine rude + vesce commune + trèfle d’Alexandrie

 

Dans ce mélange Chlorofiltre 31, l’avoine rude représente 56 %, la vesce 36 % et le trèfle d’Alexandrie 8 %. Il s’est très peu développé, que ce soit à la volée ou au semoir, recouvrant moins de 10 % de l’inter-rang à la récolte des choux et moins de 20 % un mois après la récolte le 6 décembre. Il n’a donc pas eu d’action de captage de l’azote, mais n’a pas eu d’impact négatif sur la culture de choux, comme pour les autres couverts.

Source : essais de l’Acpel

Implanter une culture de courges dans un couvert

 

 
Le comportement variétal des courges a été très différencié par rapport à leur adaptation à une implantation dans un couvert. © Acpel
L’Acpel a évalué la faisabilité de l’implantation de cultures de courges dans un couvert roulé. « Le couvert végétal doit avoir trois propriétés. Il doit d’une part pouvoir rester couché au roulage, d’autre part être suffisamment dense pour occulter le sol et ainsi servir de paillage contre les adventices. Enfin, il ne doit pas se dégrader trop rapidement et rester en place jusqu’à ce que la nouvelle culture occulte le sol », indique Samuel Ménard. Le comportement variétal des courges a été très différencié, certaines variétés semblant peu adaptées. Pour d’autres, l’implantation dans le couvert a semblé faisable. En revanche, sur l’ensemble du cycle cultural, la culture implantée dans le couvert roulé a constamment été en retard par rapport à la pratique producteur. Quatre facteurs peuvent l’expliquer : la nécessité d’attendre le bon stade pour rouler le couvert peut retarder la date de plantation ; le réchauffement du sol avec un couvert roulé a été moindre en comparaison d’un sol travaillé classiquement ; lors de la première année d’essai, il n’y a pas eu d’intervention entre la plantation des courges dans le couvert et la récolte : ainsi l’enherbement non maîtrisé a concurrencé la culture et a retardé la maturation des courges (ensoleillement moins direct). Enfin, la dégradation du couvert a provoqué une « faim d’azote » qui peut être compensé par un complément azoté AB.

 

Source : ProFilBio juin 2019

 

Des ressources issues des grandes cultures

Arvalis a publié des fiches sur les couverts végétaux en grandes cultures. Elles décrivent les cultures intermédiaires suivant leurs caractéristiques techniques, leur adaptation au système de culture et aux pratiques culturales (semis, destruction). Elles donnent également des indications sur leurs bénéfices induits et leur valorisation possible. Ces fiches répertorient à la fois des espèces « pures » et des mélanges d’espèces issus du commerce.

L’Itab a publié un recueil d’une quarantaine de fiches espèces de couverts végétaux utilisés en grandes cultures en agriculture biologique. C’est un complément au cahier technique « Choisir et réussir son couvert végétal pendant l’interculture en AB ».

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