Prospective
L’interprofession pommes de terre doit trouver de nouvelles impulsions
Les 40 ans de l’interprofession coïncident avec une campagne de production record. Une opportunité pour esquisser de nouveaux leviers de croissance.
Les 40 ans de l’interprofession coïncident avec une campagne de production record. Une opportunité pour esquisser de nouveaux leviers de croissance.
« Au CNIPT on va s’engager ! », prévenait Alain Marguin, président du CNIPT, en concluant la convention anniversaire le 7 décembre à Arras. Il évoquait le plan de filière préparé par les deux interprofessions CNIPT-GIPT qu’elles doivent remettre le 15 décembre. Mais, à l’inverse d’autres filières, la pomme de terre est restée fort discrète sur sa feuille de route. « Les acteurs économiques doivent y dessiner une ambition collective… et insuffler un esprit de filière », a réaffirmé à ce sujet Hervé Durand, le représentant du ministre. « L’interprofession doit définir ses objectifs à quinze ans et savoir si elle dispose des outils adaptés aux objectifs qu’elle s’est fixés », nuance de son côté Florimond Desprez, le nouveau directeur général de Germicopa.
Le record historique de cette année doit inciter plus que jamais les opérateurs à trouver de nouveaux débouchés : pour séduire de nouveaux consommateurs français, mais surtout à l’étranger. « Il faut s’attendre dans l’avenir à ce que la Pologne nous bouscule avec sa production annuelle de 9 à 11 Mt », préviendra Luc Chatelain (UNPT). L’heure n’est donc pas à baisser la garde, mais à défendre plus que jamais la qualité de nos tubercules.
Depuis plusieurs années, le grand export pour le frais ne décolle pas. Pourtant, quand on produit 6,18 Mt, exporter 1,6 Mt (2,2 Mt en incluant les produits transformés) ne suffit plus. Bien sûr, il faut conforter les marchés historiques mais surtout aller à la recherche de nouvelles destinations. Et pourquoi pas l’Afrique ? Nos opérateurs sont-ils suffisamment structurés pour aborder de tels marchés face aux pays de l’Europe du Nord déjà bien installés dans ces pays-là ?
Bien sûr, il faudra « chasser en meute » et surtout aborder le dossier différemment en mettant des moyens en commun et en partageant les risques. C’est à partir d’une véritable relation de confiance entre producteurs et opérateurs que l’on pourra développer de telles initiatives. On n’évoque pas là des opérations de dégagement mais bien des relations de confiance. Une œuvre de longue haleine.
Entendu à la Convention Entendu à la Convention Entendu à la Convention Entendu à la Convention
Pascal Foy, président du GIPT
« Le zéro traitement est peut-être irréaliste aujourd’hui, mais il faudra y arriver un jour dans une démarche de filière, car ce n’est pas uniquement de la responsabilité des producteurs ». Pascal Foy faisait allusion aux réflexions menées entre les deux interprofessions pour que « la filière ne soit pas mise à mal brutalement ! »
Marc Morellato, président de Fedepom
« On devrait emboîter le pas sur les filières betterave ou céréales et s’engager dans la réception normalisée des lots. On se doit d’être vertueux et professionnel dans ce dossier. Les futurs centres agréés devront permettre de livrer des produits irréprochables tout en respectant l’environnement et le bien-être au travail. »
Sofian Tamzali, de la FCD
« Bien sûr il y a des nonconformités (mineures et majeures) comme des pommes de terre verdies ou en début de germination… Les corps de contrôleurs font beaucoup de pédagogie pour supprimer ces nonconformités. Nos efforts sont concentrés sur la qualité. »
Antoine Peenaert, de l’UNPT
« Des contrats tripartites signés entre producteurs, conditionneurs et surtout vendeurs, permettraient de ne plus connaître de surproduction, ni de vente à perte. » Inaccessible ?
Jocelyn Bollinger, de Fedepom
« Les pratiques culturales de la bio peuvent inspirer la production conventionnelle. » En matière de pommes de terre bio, la France reste modeste comparée à nos voisins allemands, même si on a observé une hausse de production de 5 % en 2017. Elle ne représente que 2 à 3 % des tonnages (environ 30 000 t sur la campagne en cours). C’est peu comparé aux 150 000 t/an des producteurs allemands.