Les micro-fermes à la loupe
Il est possible de vivre correctement en cultivant sur des petites surfaces, même s’il ne faut pas espérer en faire fortune. Mais le projet de vie est tout aussi important pour ceux qui s’installent sur une micro-ferme.
Il est possible de vivre correctement en cultivant sur des petites surfaces, même s’il ne faut pas espérer en faire fortune. Mais le projet de vie est tout aussi important pour ceux qui s’installent sur une micro-ferme.
L’engouement pour le maraîchage sur petite surface ne se dément pas. Ils sont nombreux à s’installer sur une micro-ferme, parfois sur moins d’un hectare. Les études sur le sujet ont longtemps manqué. Elles aussi commencent à se multiplier. Après la thèse de Kévin Morel sur des micro-fermes du nord de la Loire, une étude de la Chambre d’agriculture du Rhône a été menée en 2017, tandis que deux études sont en cours dans le sud de la France. En Rhône-Alpes, le travail a consisté à analyser les données technico-économiques de seize micro-fermes cultivant sur moins d’un hectare, installées depuis au moins trois ans. Et les conclusions sont similaires à celles de la thèse de Kévin Morel. « La viabilité est possible, mais pas systématique, témoigne Stacy Bourrely, Chambre d’agriculture du Rhône, lors du dernier salon Tech & Bio. Mais les micro-fermes représentent un projet de vie global, où les aspirations personnelles sont aussi importantes que les objectifs économiques ». Parmi les seize exploitations étudiées, seules deux n’ont pas le label AB mais ont adopté des pratiques similaires à la bio. Plus de 60 % des maraîchers de l’étude sont issus d’une reconversion professionnelle. Ils ont généralement très peu d’expérience professionnelle en maraîchage : en moyenne un an avant leur installation. Cet élément a son importance, car ce manque d’expérience entraîne souvent des difficultés techniques au départ. « Le métier doit s’apprendre, il ne faut pas se précipiter, résume François Léger, chercheur à AgroParisTech et directeur de thèse de Kévin Morel. L’installation est toujours difficile, on atteint rarement le revenu espéré au bout d’un an. Mais ceux chez qui ça fonctionne vite ont passé un BPREA, ont travaillé en tant que salarié agricole ».
Un chiffre d’affaires de 4 000 € pour 1 000 m² développés
« Le bio intensif est très peu pratiqué sur les fermes étudiées, constate Dominique Berry, Chambre d’agriculture du Rhône. Celles-ci fonctionnent quasiment à l’identique de fermes plus grandes, entre 2 et 5 ha, que l’on a étudiées en 2013 ». Le travail manuel est omniprésent. « On rencontre très peu de matériels adaptés aux très petites surfaces, comme ceux utilisés par Jean-Martin Fortier », poursuit Dominique Berry. (NDLR : Jean-Martin Fortier est maraîcher sur une micro-ferme au Québec, auteur de Le jardinier-maraîcher). Les surfaces cultivées en légumes sont en moyenne de 7 000 m² par ferme, pour un temps de travail annuel de 363 heures par 1 000 m² développés, avec une forte variabilité d’une exploitation à une autre. « Il y a une concentration du temps de travail par unité de surface, note Stacy Bourrely. Ce chiffre est pratiquement deux fois plus important que pour les structures de 2 à 5 ha ». Quant au chiffre d’affaires, il est en moyenne de 4 078 € par 1 000 m² développés, avec une variation de 1850 à 6370 € selon les fermes. Ce chiffre d’affaires moyen par surface est plus faible chez les fermes de 2 à 5 ha, de l’ordre de 3 000 € par 1 000 m² développés.
La commercialisation au cœur de la réflexion
Le choix de commercialisation est une des clés de la réussite pour les micro-fermes.« 100 % des fermes étudiées commercialisent en circuits courts, observe Dominique Berry. Trois modes de commercialisation sont privilégiés : 63 % des fermes vendent en paniers, 44 % sur les marchés et 51 % à la ferme ». Pour François Léger, il faut une cohérence entre la façon de produire et de commercialiser. « Ce n’est qu’une fois que l’on sait comment on vend qu’il faut décider quels produits on fait », analyse le chercheur. La valorisation de produits à haute valeur ajoutée est une manière de s’en sortir sur de très petites surfaces.
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