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Légumes : Favoriser la régulation naturelle des ravageurs

En plein champ et abris froids, le centre CTIFL de Carquefou s’intéresse particulièrement à l’utilisation de plantes de services (plantes ressources, plantes banques, plantes répulsives), qui sont le sujet de plusieurs essais en cours.

© V. Bargain

Objectif des plantes de services : favoriser la régulation naturelle des ravageurs en attirant les auxiliaires de l’environnement ou en facilitant l’installation de prédateurs ou parasitoïdes apportés dans les tunnels de culture avant plantation. Sous serre, les expérimentations 2018-2019 en tomate portent notamment sur les modes de chauffage, avec un système d’émetteurs de rayonnement infra-rouge en végétation et un chauffage en végétation mobile en tête des plantes. En concombre, les travaux s'orientent surtout sur l’optimisation de la culture de concombre sur fil haut, avec ou sans éclairage.

Aubergine : des plantes de service contre les pucerons

Dans le cadre du projet Reguleg (2018-2020) porté par le CTIFL et soutenu par l’AFB, le centre de Carquefou étudie l’intérêt de plantes ressources (tanaisie, sarrasin, coriandre, alysse…) et de plantes banques (blé, ortie, tanaisie) pour protéger des pucerons une culture d’aubergine sous abri. Les plantes-ressources fournissent pollen et nectar aux prédateurs et parasitoïdes de pucerons lâchés avant l’installation de la culture puis attirent les prédateurs de pucerons présents dans l’environnement. Les plantes banques fournissent des proies de substitution aux larves des prédateurs et/ou des hôtes de substitution aux parasitoïdes en attendant l’installation des premiers pucerons sur l’aubergine. En 2018, les pucerons se sont toutefois installés trop tard sur les plantes banques, en même temps que les pucerons des aubergines. En 2019, les plantes de services ont donc été semées plus tôt, en janvier, et recouvertes d’un voile de forçage pour permettre l’installation précoce des pucerons de substitution sur les plantes banques. En juin, la stratégie semblait fonctionner. « Pour que la stratégie fonctionne, il faut que les pucerons soient présents sur les plantes banques trois à quatre semaines avant la plantation, que les températures soient suffisamment élevées avant la plantation pour que les auxiliaires naturels puissent se développer de façon précoce, et que le ravageur n’ait pas les mêmes besoins nutritifs que ses ennemis naturels », analyse Sébastien Picault, du CTIFL.

Laitue d’été : des plantes banques intéressantes

Toujours dans le cadre du projet Reguleg, des expérimentations similaires sont menées pour protéger des cultures de laitue d’été contre les pucerons, avec diverses plantes ressources (mélilot, coriandre, tanaisie, achillée millefeuilles…) et plantes banques (asclepia, blé, féverole, ortie, tanaisie). Les vols d’insectes sont suivis à l’aide d’une caméra et du logiciel Agathe développé par le CTIFL dans le cadre du projet Agath porté par le CTIFL de 2013 à 2015 et soutenu par le Casdar. En 2018, les plantes ressources ont fleuri tard et les plantes banques ont été colonisées par des pucerons trop tardivement, c’est-à-dire en même temps que la laitue. « Le 1er cycle n’a pas été protégé, du fait de la colonisation tardive des plantes banques et peut-être parce que l’asclepia et la féverole attirent surtout les coccinelles alors que ce sont surtout les syrphes qui colonisent les laitues, note Sébastien Picault. La stratégie a, peut-être, en revanche protégé les cycles suivants. Il n’y a pas eu d’infestation des cycles 2 et 3 par des pucerons, alors qu’il s’agit d’une période à risque. » Les essais ont montré aussi qu’en conditions extérieures, la féverole et l’ortie sont des plantes banques très intéressantes, et que la coriandre est une plante-ressource également intéressante.

La coriandre comme plante répulsive

Des expérimentations ont été engagées sur des plantes ayant un effet répulsif vis-à-vis des ravageurs des cultures légumières. Les plantes sont d’abord testées en laboratoire, par olfactométrie, puis sur le terrain. Dans le projet Agath, la coriandre a été identifiée comme ayant un fort effet répulsif vis-à-vis des thrips. Dans un essai, elle a été installée autour de la culture de poireau. Il y a eu deux fois moins de thrips dans la culture mais autant de dégâts. « Pour que la protection soit efficace, il faut réduire beaucoup plus la présence de thrips, ce qui nécessite un contact très étroit entre la plante répulsive et la culture », analyse Sébastien Picault. Différents dispositifs d’association de la coriandre avec la culture ont donc été engagés, avec un semis de la coriandre un mois avant la plantation des poireaux : semis sur le rang tous les cinq plants, semis à la volée sur le rang… « Dans la majorité des cas, il y a beaucoup moins de thrips. Il faut toutefois un à deux mois de plus pour atteindre l’objectif de rendement, à cause de phénomènes de compétition. » Dans les trois années à venir, les essais se poursuivront dans le cadre du projet Repulse, porté par le CTIFL et déposé à l’AAP Casdar 2019. Ils seront élargis à d’autres ravageurs que les thrips (pucerons et mouches).

Engrais verts : Strip-till ou occultation

Dans la gestion des couverts végétaux, les techniques culturales simplifiées pourraient préserver le potentiel agronomique du sol en diminuant l’érosion et en augmentant sa vie biologique, sa portance et sa stabilité structurale. Des essais ont été engagés pour évaluer l’intérêt de la destruction du couvert par strip-till ou par occultation pendant trois mois, par rapport à la méthode de référence par rotobêche. En 2018, les essais ont été menés sur céleri, avec deux types de couverts à base de graminées ou de trèfle blanc. Le type de couvert n’a pas eu d’effet significatif. Le mode de travail du sol a en revanche influencé le rendement. Les meilleurs rendements ont été obtenus après occultation. La biomasse du système aérien et des racines, le poids, le diamètre et le volume des raves ont été significativement plus élevés. Les moins bons rendements ont été obtenus après strip-till, sans doute à cause du tassement du sol.

Chou : Identifier des sources de résistance à la mouche

Des essais sont également menés à Carquefou dans le cadre du projet Brassidel, porté par l’Inra de Rennes (UMR IGEPP) et dans lequel le CTIFL est partenaire. L’objectif est d’identifier des sources de résistance à la mouche du chou pour les brassicacées légumières. Onze accessions de choux, moutarde et d’autres brassicacées sauvages sont testées à Carquefou en conditions d’infestation naturelle ou artificielle.

Rédaction Réussir

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