Les gaines souples d’irrigation, nouvelle filière de recyclage des plastiques agricoles
Avec 70 % de collecte de matériaux usagés et recyclés à 100 %, la filière de collecte et de recyclage des gaines souples d’irrigation, récemment mise en place, est exemplaire.
Avec 70 % de collecte de matériaux usagés et recyclés à 100 %, la filière de collecte et de recyclage des gaines souples d’irrigation, récemment mise en place, est exemplaire.
Le Comité français des plastiques en agriculture (CPA) est engagé depuis douze ans dans un programme de gestion des plastiques agricoles usagés. Le modèle de gestion, appelé Adivalor, fait aujourd’hui référence en Europe et sert largement d’exemple aux autres pays. « Si la loi Agec, loi antigaspillage pour une économie circulaire, a préservé les filières Adivalor, c’est bien parce que ses résultats sont déjà supérieurs aux objectifs fixés par la loi », mentionne Bernard Le Moine, directeur général du CPA.
Un gisement apprécié des recycleurs
Ainsi, le programme du CPA qui a débuté en 2009 pour les films, sur le modèle déjà existant pour les emballages de produits phytopharmaceutiques et de fertilisants, a été complété au cours des années par les filets (notamment paragrêle), les ficelles et les gaines souples d’irrigation (GSI). « Si la filière des GSI est la plus récente et reste d’une taille modeste, elle n’en est pas moins la plus performante en termes de collecte et de recyclage », souligne Pierre de Lépinau, directeur d’Adivalor.
En 2019, Netafim, Rivulis, NaanDanJain et Caudal ont créé la filière des GSI en adhérant au CPA et au programme Adivalor. « Ils participent à la gouvernance du schéma dans le comité GSI au sein du CPA. En appliquant l’écocontribution sur le produit neuf, ils permettent le financement des collectes et la reprise à coût zéro par Adivalor des gaines souples d’irrigation usagées », explique le responsable du CPA. En effet, selon les professionnels de la plasticulture, il ne suffit plus aujourd’hui de développer, produire et vendre un produit.
Désormais, le metteur en marché doit considérer la gestion intégrée des plastiques en agriculture, de la conception à l’incorporation de la granule régénérée dans les nouveaux produits, en considérant toutes les étapes, notamment la dépose, la collecte et le recyclage. « Sous cet angle, les gaines souples d’irrigation usagées représentent un gisement apprécié des recycleurs », précise Bernard Le Moine. Les bonnes pratiques recommandées pour leur préparation à la pré-collecte assurent un niveau de qualité tel, qu’il facilite l’incorporation pour une nouvelle production. « Dans ce domaine encore, les gaines souples d’irrigation sont parmi les produits les plus performants », commente-t-il.
Un appel à tous les metteurs en marché de gaines
La révision des normes et standards (français et européens) des produits et des guides d’utilisation devrait également permettre la mise en place d’une certification pour la pose, la dépose et la collecte, assurance de qualité pour les plastiques usagés. « Le modèle français de gestion de la fin de vie de plastiques en agriculture permet à la profession de le faire de façon mutualisée, et d’apporter un service de reprise aux agriculteurs après usage, ce qu’une entreprise seule n’est jamais arrivée à faire », relève Bernard Le Moine.
La mutualisation des efforts améliore l’organisation et l’efficacité des filières tout en assurant une maîtrise des coûts et de garantir leur pérennité. Elle consolide également les métiers de collecteurs et de récupérateurs et assure au recycleur des approvisionnements en qualité et quantité régulière, facilitant ainsi la circularité. « Pour toutes ces raisons, le Comité français des plastiques en agricultures lance un appel afin que tous les metteurs en marché de gaines souples d’irrigation rejoignent la filière APE (Agriculture, plastique et environnement). Ce faisant, ils rempliront leurs responsabilités environnementales et légales, dans le cadre de la Responsabilité élargie du producteur. Ils répondront aux attentes de leurs clients », conclut le directeur général du CPA.
Pierre de Lépinau, directeur d’Adivalor (1)
« 100 % des gaines jetables collectées ont été recyclées »
Comment est organisée la collecte des gaines plastiques ?
« 600 points de collecte sont identifiés à ce jour sur l’ensemble du territoire. Chaque exploitant reçoit une attestation qui prouve que les déchets plastiques sont pris en charge par Adivalor pour être recyclés. Ce document est exigé en cas de contrôle, ou quand le producteur est engagé dans une démarche de qualité. Nous procédons à l’enlèvement des lots chez les distributeurs ou directement chez les producteurs, si les quantités sont suffisantes (3 tonnes, soit environ 30 km de gaines). Nous avons collecté 70 % des gaines utilisées en 2020, un record si l’on considère que le programme de collecte a été lancé en 2019 : bravo les maraîchers ! »
Que deviennent-elles ?
« Si elles sont correctement triées, sans autre matériau, elles seront mises en balles avant d’être expédiées chez des recycleurs en France et en Europe du Sud. En 2020, 100 % des gaines jetables collectées ont été recyclées. Les matières plastiques recyclées produites pourront être réincorporées dans la fabrication de produits plastiques, dont des gaines ou des tuyaux d’irrigation neufs, éco-conçus : c’est une avancée concrète en faveur d’une économie circulaire ! »
Qu’est-ce que ça rapporte ?
« A court terme, sur le plan économique, la collecte et le recyclage coûtent. L’éco-contribution dite APE (Agriculture, plastique et environnement) prélevée auprès des entreprises partenaires, à ce jour Netafim, Rivulis, NaanDanJain et Caudal, permet de garantir une reprise à coût zéro au producteur, quelles que soient les conditions de marché du recyclage. A moyen terme, cet engagement sera gagnant : la réglementation sur les plastiques à usage unique sera impitoyable pour les plastiques qui ne seront pas systématiquement recyclés, avec un risque de taxation, voire de restriction d’utilisation. Enfin rappelons que, déjà aujourd’hui, l’abandon en bord de champ ou le brûlage de plastique usagé exposent l’utilisateur à des sanctions pénales et financières. »
Et pour l’avenir ?
« Notre priorité est d’atteindre le 100 % collecté : aucun plastique ne doit traîner. Nous travaillons également à augmenter les capacités de recyclage disponibles en France. Pour faire tourner la boucle du recyclage, nous travaillons à la mise en place d’incitations financières pour encourager les fabricants à incorporer plus de matières recyclées dans leurs produits. Enfin, nous étudions, en concertation avec les fabricants et les producteurs, les autres solutions à mettre en place pour d’autres types de gaines d’irrigation, à durée de vie plus longue. Notre conviction est que, en étant tous ensemble, proactifs, nous limiterons les impacts réglementaires, et préserverons ainsi la compétitivité de notre agriculture. »