Le psylle du prunier joue en régionale
Les populations de Cacopsylla pruni, psylle du prunier, vecteur de l’ECA sont étudiées depuis plus de dix ans par l’Inra afin de mieux maîtriser les risques associés à l’ECA.
Les populations de Cacopsylla pruni, psylle du prunier, vecteur de l’ECA sont étudiées depuis plus de dix ans par l’Inra afin de mieux maîtriser les risques associés à l’ECA.
L’Enroulement chlorotique de l’abricotier est une maladie endémique en Europe, bien connue des arboriculteurs, qui touche les Prunus. Cette maladie à phytoplasme est véhiculée par le psylle du prunier, Cacopsylla pruni. En France, aucun bassin de production d’abricotiers ou de prunes n’échappe à la présence de C. pruni. Des travaux de recherche, conduits par l’Inra depuis 2005, visent « à établir une carte précise de risque de présence des vecteurs de l’ECA en Europe », indique Nicolas Sauvion, ingénieur de recherche à l’Inra, en présentant une synthèse de 15 années de recherche sur la problématique, en mars dernier. Les observations faites ces dernières années montrent des insectes « qui peuvent venir d’origines et de lieux très divers et éloignés », note le chercheur, qui a voulu en savoir plus sur l’échelle spatiale et temporelle de ces flux. Les nouvelles technologies, associées à la biologie évolutive – taxonomie, génétique des populations et modélisation des niches écologiques – ont été utilisées pour « mieux préciser les espèces présentes, leurs routes d’introduction, et estimer la distance parcourue et l’échelle de dispersion. » Ces analyses ont permis d’identifier deux groupes génétiques très différents. « Il n’existe pas de compétition entre ces deux espèces, et les accouplements inter-espèces sont très rares. Elles sont présentes dans les mêmes plantes hôtes de reproduction (Prunus), mais, manifestement, l’une d’elle préfère les épicéas comme plante refuge, l’autre le pin noir d’Autriche. » La collecte de milliers d’individus dans 17 pays d’Europe a fait ressortir que l’une des espèces semble préférer un climat de type méditerranéen, alors que la seconde serait plutôt inféodée à un climat de type tempéré. « Entre les deux, on note une zone mixte très liée au vent. »
Les psylles se disséminent à une échelle régionale
Pour affiner les résultats recueillis, l’Inra a ensuite travaillé à l’échelle de trois régions françaises – autour de Valence, la Crau et les Pyrénées-Orientales – avec un échantillonnage massif recueilli sur prunelliers et dans des vergers de production. Le constat montre que les profils génétiques des trois bassins de production sont bien distincts les uns des autres. « Nous avons donc une structuration très forte à l’échelle régionale, et, de fait, pas les mêmes dynamiques d’épidémie naturelle. En clair, les psylles restent cantonnés à leur région. » Autre information notable : l’échelle de dissémination est finalement assez faible, de l’ordre de 40 à 50 km de rayon. Enfin, l’Inra a mis en évidence « un lien très fort massif/verger. Nous avons une contamination qui se fait essentiellement par le milieu sauvage. Mais nous avons aussi des contaminations en vergers qui ne sont pas issues du milieu sauvage, mais des plants, même si ce facteur ne semble pas essentiel dans la dynamique de la maladie », résume Nicolas Sauvion.
Pour en savoir plus :
Un blog donne chaque semaine des informations sur la dynamique de vols des psylles pour raisonner les éventuelles interventions en verger pour lutter contre ces insectes.
Une migration entre Prunus et conifères
En France, Cacopsylla pruni se reproduit essentiellement dans les massifs de Prunus sauvages (ex. prunelliers) entre mi-février et mi-avril, une nouvelle génération émerge fin mai/début juin avant de se réfugier sur des conifères pour y passer l’été, l’automne et l’hiver. C’est lors de la seconde migration de retour au printemps suivant que des individus porteurs du phytoplasme peuvent le transmettre dans les vergers : « Il faut que le phytoplasme ait eu le temps de se multiplier dans l’insecte », note Nicolas Sauvion. En effet, il faut attendre une certaine charge en phytoplasme pour que la maladie soit transmissible. « Cela prend en général trois semaines à un mois, phase durant laquelle les insectes ont déjà migré sur les conifères, pour éviter les grosses chaleurs de l’été ».
Tous les arboriculteurs sont encouragés à répondre à une enquête sur le sujet au travers un questionnaire en ligne accessible, sur invitation, en envoyant un mail à Nicolas Sauvion.